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Reportage photographique sur la Porte de Bagnolet et l’échangeur A3
Visite Porte de Bagnolet Paris Caché

Pénétrer l’interdit, expérimenter l’inédit, rencontrer l’inconnu... Quelques pistes qui motivaient les organisateurs de la première édition de Paris Face Cachée, qui s’est déroulé ces 4 et 5 février. Pénétrer dans un temple maçonnique, croiser de près la Police scientifique, visiter un "quartier village"... voici quelques exemples piochés parmi la cinquantaine d’expériences proposées.

Ce dimanche après-midi, par un froid glacial, rendez-vous est donné à la station Porte de Bagnolet sur la ligne 3 du métro parisien, pour une visite insolite. La promenade nous fait découvrir un projet urbain étonnant : l’échangeur de l’autoroute A3 qui a été conçu dès le départ comme un lieu où il fallait s’arrêter et qui ne devait pas être appréhendé qu’au travers de l’automobile.

24 heures, porte de Bagnolet : Séquence, en prise de vue “image par image”, montrant un carrefour de circulation automobile entre banlieue et ville, le carrefour de la Porte de Bagnolet à Paris, pendant 24 heures.

Au lieu d’être traversé à la hâte, il a été pensé comme une véritable centralité devant amener les gens rentrant dans Paris à prendre leur temps. Paradoxalement, l’échangeur n’est plus un espace réservé à l’automobile, mais partagé avec le piéton.

Aux pieds des tours Mercuriales, ces deux immeubles de bureaux jumeaux, construits en 1975, situées en bordure du boulevard périphérique parisien, à proximité de la porte de Bagnolet, en Seine-Saint-Denis. Elles portent le nom de Tour Levant et Tour Ponant.

Ces tours faisaient partie d’un vaste projet de quartier d’affaires de l’Est Parisien conçu pour équilibrer à l’Ouest le quartier de La Défense. Ce projet est interrompu par le premier choc pétrolier, laissant les tours isolées sur l’échangeur de l’autoroute A31.

L’architecture des tours est inspirée des tours jumelles du World Trade Center de New York.

L’association À travers Paris qui propose ces promenades inventives et participatives, présente ainsi cette découverte d’un territoire inédit à travers des lieux inhabituels :

« L’infrastructure routière et les réseaux de transports en règle générale sont au cœur de la métropole et des échanges. Pourtant, les espaces qu’ils génèrent sont la plupart du temps délaissés. Particulièrement fertiles dans l’imagination des architectes et des urbanistes, les infrastructures peuvent générer des territoires de vitalité urbaine et s’exposer comme de véritables espaces de vie. »

Comme on peut le découvrir sur le site WikiSara, l’encyclopédie des Amoureux de la Route et des Transports : « Le principe de construction d’un grand parking d’intérêt régional couplé avec une gare routière au niveau de la Porte de Bagnolet est pris en considération par le Conseil Général de la Seine le 11 avril 1962, dans le cadre d’une politique globale de construction de tels aménagements dans toute la banlieue en vue de favoriser les échanges entre les véhicules individuels et les moyens de transport public (politique départementale validée par une délibération du 2 décembre 1960).

Porte de Bagnolet en 1966 © Photothèque IAURIF

Le projet initial prévoit, en communication avec une éventuelle future station de la ligne 3 du Métropolitain qui pourrait être prolongée depuis la place Gambetta, deux bâtiments de part et d’autre des bretelles de l’échangeur : au Nord, un bâtiment de 7500 m2 au sol à usage exclusivement de parking et, au Sud, un bâtiment de 6500 m2 au sol, aménagé en parking pour les étages supérieurs, en terminus d’autobus au niveau du rez-de-chaussée et dont la façade Sud-Est pourrait être aménagée en locaux à usage administratif ou commercial. La contenance totale du parking est d’environ 2500 places. »

Échangeur de Bagnolet

« Les alentours de l’échangeur resteront en travaux pendant de nombreuses années. Le quartier ne prend réellement tournure que dans les années 1973-1977 avec la construction progressive, sous la conduite de la SONACOTRA, aménageur du quartier pour le compte de la ville de Bagnolet, des immeubles d’habitations et des 5 premiers "gratte-ciels" (Tour Novotel en 1973, tours Gallieni I et II en 1975, tours Mercuriales I et II en 1975-1977) qui devaient préfigurer, à l’Est de Paris, un quartier similaire à celui de la Défense. Cependant, l’idée d’ouvrir un supermarché entre le parking et l’avenue Gallieni n’aboutit pas et l’espace au pied des viaducs de l’A3 reste dans un état de quasi abandon pendant plus d’une quinzaine d’années. De même, la dalle de 26 000 m2 couvrant le parking et la gare routière reste désespérément vide. En 1979, la ville de Paris choisit le site de Bercy plutôt que la Porte de Bagnolet pour implanter la grande salle omnisport (le POPB). En 1982, le site de l’échangeur de Bagnolet est retenu pour le dixième "grand chantier" du Président : une grande salle de rock qui devait remplacer le Pavillon de Paris. Un concours d’architecture est lancé par Jack Lang. C’est Jean Nouvel qui le remporte mais, manque de chance, les restrictions budgétaires de 1984-85 imposent l’abandon du projet (ce qui, du coup, sauve le Zénith qui, à l’origine, n’était qu’une construction provisoire). En 1988, près de vingt ans après sa construction, le bilan du complexe d’échanges de la Porte de Bagnolet est désastreux : il ne s’est pas intégré dans la ville, les espaces extérieurs sont de mauvaise qualité, les bétons bruts vieillissent mal et le parking d’intérêt régional et la gare routière RATP sont largement sous-utilisés. Le STP et la Ville de Bagnolet se mettent alors d’accord pour lancer un projet de réhabilitation lourde qui conduira à la création du centre commercial Bel Est qu’on connaît actuellement. »

Le reportage d’une autre personne sur place lors de la visite de l’échangeur.


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