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Inventaire poétique à la japonaise

C’est par l’intermédiaire de Victor Fraigneau, architecte, doctorant en architecture à Paris 8 et à l’ENSAPLV que je découvre sur Twitter que le Ministère de l’environnement japonais met en valeur les paysages olfactifs et sonores, et s’occupe de l’observation des étoiles.

Ce programme vise à sensibiliser à l’observation des étoiles et protéger les paysages sonores. Ces enregistrements sonores sont très variés : la voix d’un oiseau, le son d’une plume d’insecte, le bruit d’un ruisseau ou d’une rivière. Sons de la nature, vagues et orages, gouttes de pluie, mais également toute une variété de sons issus de festivals, de cérémonies religieuses ou culturelles ainsi que des bruits urbains ou liés à l’industrie.

Les 100 paysages olfactifs préservés comprennent des parfums naturels comme ceux des fleurs ou des arbres, la brise marine, les sources chaudes, les fruits comme les oranges et les pommes, les odeurs liées à l’artisanat traditionnel et à certaines spécialités régionales comme la colle, l’encre, les bâtonnets d’encens, le thé, le sel.

Je rêve secrètement d’éditer à mon tour une liste de ces paysages dans notre pays. Et vous qu’en pensez-vous ?

Quelques paysages olfactifs du Japon :

Dans les environs de Furano, la lavande est cultivée dans les champs sur une grande surface, ce paysage rappelle le sud de la France.

La ville de Kitami produit 70% de la menthe poivrée dans le monde.

Dans la fraîcheur de l’été, une odeur de marée surgit du brouillard océanique qui se forme dans la vaste zone côtière de la région de Kushiro. La zone humide de Kushiro est la plus grande du pays, c’est l’habitat privilégié des grues.

L’odeur parfumée des craquelins de riz du sud représentatifs de Morioka embaument les boutiques de la ville.

À Kinkakuyama, les forêts vierges couvrent une large partie du territoire et l’odeur des cerfs, de l’herbe et des marées y est très sensible.

Noshiro, dans la Préfecture d’Akita au Japon, capture d’écran sur Street View

Les aiguilles des millions de pins qui poussent à Noshiro, la terre et le goût de la marée mêlées sont remarquables.

Une odeur de soufre provenant d’une source d’eau chaude se répand sur une grande partie de la ville de Kusatsu.

Dans la galerie marchande du magasin de bonbons Yokocho, de 80 mètres de long, il y a des plats à la menthe, des bonbons et le parfum de boulettes frites. Cette confiserie qui fabrique ces bonbons depuis le début de l’époque Meiji est l’une des attractions touristiques de Kawagoe.

L’implantation dans de nombreux endroits de la ville de Toyama d’industries tournées vers la robotique, les biotechnologies, la pharmacie ou bien encore la chimie, forme le Toyama Bio Valley Project. Sans doute est-ce l’origine de l’odeur de médicaments qu’on sent planer certains jours sur la ville.

Tsuruhashi, le plus ancien et plus important quartier Coréen du Japon, avec ses spécialités, ses restaurants et son marché caché sous les rails des trains.

La prairie du plateau de Kirigamine sent l’astragale.

L’installation du village de Kaso connue sous le nom de Tono Hinoki est faite de bois de cyprès japonais, ce parfum plane sur tout le village. Le bois de cyprès est utilisé comme matériau de construction pour les sanctuaires et les temples dans tout le pays.

Dans le village de Miyagawa, les pierres brûlées illuminées par le soleil sont recouvertes par une cascade qui laisse échapper un jet de vapeur.

De février à avril, les algues entrent dans tout le port de Shishima Kazushi qui est la plus grande île isolée de la baie d’Ise.

Dans le quartier commerçant autour de la gare de Tsurubashi à Osaka, les magasins d’ingrédients tels que le restaurant de yakiniku et de kimchi sont disposés côte à côte, lesur parfums distinctifs s’y mélangent, entre viandes rôties et senteurs pimentés du kimchi qui flottent dans la densité de l’air urbain.

Le grand toriiflottant du sanctuaire d’Itsukushima, capture d’écran sur Street View

Des camphriers âgés de 700 à 800 ans poussent dans l’enceinte de la Kumano House. Le camphrier du sanctuaire de Shiratori est un arbre protégé. Le bois du camphrier, dont l’odeur particulière est persistante, bénéficie de vertus insectifuges qui éloignent les mites.

Un champ d’orangers s’étend sur les pentes qui dominent la mer intérieure de Seto à Ehime Nishiwa, le parfum rafraîchissant des fleurs de mandarine enivre la côte le soir.

L’odeur particulière des arbres verts et de leurs fleurs au-dessus de l’eau translucide de la rivière Shimanto. On y sent également le parfum des torches utilisées pour les rizières à paille de riz et lors de la pêche à feu, méthode traditionnelle de pêche de l’Ayu dont le nom signifie « poisson sucré » à cause de la douceur et au goût sucré de sa chair.

L’île de Taketomijima au Japon sur Street View

De mars à avril, le parfum des pousses de bambou souples avec leur texture et leur parfum agréables dans le parc rituel de la bambouseraie de Kitakyushu sont rafraîchissants.

Des millions de jonquilles sont plantées dans le parc de la ville de Nagasaki, et l’odeur douce du narcisse associée à celle de la brise marine se mêlent pendant la saison des fleurs en un parfum unique. Le contraste entre les fleurs, la mer et le ciel est saisissant.

L’île de Taketomijima est encerclée par l’océan, le parfum de la mer et des fleurs s’y mêlent. Dans le dédale des chemins escarpés de l’île, les fleurs d’hibiscus et de bougainvilliers, recouvrent les murets de pierres rondes.


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