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Une exposition monographique d’ambition rétrospective à Marseille

Tarkos poète est la première exposition monographique d’ambition rétrospective consacrée à la poésie de Christophe Tarkos. L’exposition se déploie au Cipm et au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et réunit sur ces deux lieux, des publications, livres et revues devenus très rares et des documents originaux de toute nature tels que des carnets et des cahiers manuscrits, des pages A4, des vidéos et des audios de performances, parlées, improvisées, avec ou sans musique, des photocopies, des grands et des petits dessins. Un ensemble qui met en valeur tous les aspects de la pratique du poète, montrant ainsi la parfaite cohérence de son œuvre.

Il naît à Martigues en 1963. Il travaille un moment dans une cabine de péage d’autoroute. Il habite dans le quartier de la Joliette à Marseille. Il fait souvent l’aller-retour entre sa ville et Paris. Il est en soi le poème, sur scène ou dans la vie quotidienne. Au début des années 1990, il vit encore par intermittence à Marseille. Il veut tenir les nappes de brumes dans ses bras. Il reste là tout seul, il ne fait rien. Il a toujours sur lui un carnet dans une poche avec un stylo plume de la marque Sheaffer. Il est diplômé de Sciences politiques. Il enseigne l’économie mais il décide d’arrêter. Il veut se consacrer exclusivement à la poésie. Il dit que le mot n’est pas un référenceur, n’est pas un signifiant, le mot est sans référence, n’a pas deux côtés, n’est pas duel, n’est pas signe. Il produit autant de textes que de sons. Il se fait connaître du monde poétique en prenant littéralement d’assaut les boîtes aux lettres de ses membres. Il est invité au Cipm pour la soirée des Inédits 1993. Il essaie de donner une raison d’être à la forme langage. Il change d’état civil. Il crée son nom. Jean-Christophe Ginet devient Christophe Tarkos. Il parle de textes, lit et fait entendre des textes. Il a l’impression qu’il veut maîtriser au maximum son image. Il réalise la revue Poézi Prolétèr avec Katalin Molnár. Il travaille à la Bnf, en salle H. Il utilise sur place un logiciel de lecture automatisée pour aveugles afin de lire certains de ses textes. Il se fige instantanément lorsqu’il se retrouve devant un appareil-photo, fixant l’objectif sans le moindre sourire, avec un air farouche. Pour lui, le mot isolé n’a pas de sens, ne prend sens que par les mots qui l’entourent. Il participe à de nombreux festivals de poésie, à Paris et en province, à Bruxelles et Rotterdam. Il dit de la langue qu’elle n’arrête pas de continuer, efficace et réel, le poème accélère, répète, déjoue le retour du même, et le même qui revient s’il est drôle, il est souvent violent. Il fabrique en moins de dix ans une œuvre qui compte parmi les plus déterminantes de la poésie contemporaine. Il donne un dîner d’adieu à Paris pour ses amis quelques semaines avant de mourir. Il fabrique en moins de dix ans une œuvre qui compte parmi les plus déterminantes de la poésie contemporaine. Il a une diction lente, appliquée, on dirait qu’il mastique les mots. La langue n’est pas en dehors du monde, c’est aussi concret qu’un sac de sable qui te tombe sur la tête, c’est complètement réel, complètement efficace, efficient, utile. Il meurt en 2004 à Paris. Il repose au cimetière Montparnasse. Sur sa tombe est gravé le mot poète.

Exposition au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur



Exposition au Cipm Centre international de Poésie Marseille



« Il abonde, accélère, aboie, actionne, accumule, affole, aère, agresse, affronte, alterne, amalgame, amasse, agglutine, amorce, ameute, appelle, appâte, approche, articule, arrose, attente, attaque, attise, aventure, bafoue, bâillonne, balade, bande, baratine, bascule, bataille, bassine, bondit, boue, bouleverse, brandit, braque, brinquebale, broie, brouille, bruit, cambre, culbute, cavale, capote, captive, catapulte, cavalcade, coince, collecte, complique, condense, conquiert, constitue, couche, court, crache, cramponne, cravache, cri, culmine, cumule, crépite, danse, déambule, débilite, déblaie, débroussaille, débusque, décharge, démolit, délivre, démarre, dénude, dépasse, dépatouille, dépayse, dépouille, dégage, désespère, désintègre, dessaisit, desserre, détale, détourne, dévise, diffuse, dissémine, distance, dose, double, écarte, échafaude, échappe, éclaircit, éclate, écourte, écume, effraie, égare, embrasse, embrigade, embroussaille, emmêle, emmitoufle, emmure, empêtre, empoche, emploie, enchevauche, enchevêtre, enclenche, enflamme, englobe, engrange, enjambe, enrage, engloutit, entortille, entr’égorge, entremêle, entre-tue, envoûte, épanche, espère, étonne, exaspère, exécute, expérimente, explore, facilite, façonne, fanatise, fascine, fissure, flotte, fluctue, force, fracasse, fraie, frétille, fronde, gagne, garrotte, galope, gambade, gaspille, gazouille, gesticule, gigote, godille, gorge, gravit, grimpe, grouille, guette, gueule. »

Anachronisme, Christophe Tarkos

Vidéos d’interventions de Christophe Tarkos, visibles dans l’exposition :



Entretien de David Christoffel et Alexandre Mare, Commissaires de l’exposition et éditeurs du volume de poèmes, textes et dessins, entièrement inédits : Le Kilo et autres inédits, de Christophe Tarkos paru aux éditions P.O.L en février 2022.


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