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Intra et extra-muros

La première fois que j’ai lu un livre de Raymond Bozier, c’était Abattoir 26, trouvé sur les rayonnages de la médiathèque de l’Astrolabe. Ce livre, tout d’abord publié chez Pauvert en 1999, a depuis été réédité, et c’est tant mieux chez Publie.net.

J’ai proposé deux ateliers d’écriture autour de ses textes. Le premier autour de son livre Bords de mer , publié chez Flammarion en 1998, et son incontournable Fenêtres sur le monde, d’abord publié chez Fayard en 2004, repris en numérique chez Publie.net, dont j’ai proposé cet atelier d’écriture. Mon seul regret dans la dernière version du livre numérique de Raymond Bozier, c’est que la couverture qui avait été initialement retenue par l’auteur (une photographie que j’avais prise lors de mon second voyage à Tokyo), a finalement été supprimée. Dommage, je l’aimais bien cette coverture.

Je vous conseille également de lire son très beau livre Murs chez Publie.net en 2012, dont j’ai parlé sur ce site.

Régulièrement, Raymond Bozier me fait l’amitié de m’envoyer un extrait d’un de ses textes, un poème, un extrait d’un texte en cours d’écriture.

Le texte qu’il m’a fait parvenir pour ses voeux, MUR ou Le Voyageur exténué, extrait d’un texte sur lequel il travaille en ce moment, est si beau, que je lui ai demandé de le diffuser sur mon site. Très heureux qu’il ait accepté.


– Par ext. Les Murs : la ville, la partie de la ville circonscrite par les murs. Dans les murs (V. Intra-muros). Hors des murs (V. Extra-muros). Saint-Laurent-hors-les murs, à Rome. « Attaquons (cit. 1) dans leurs murs ces conquérants si fiers ».

Intra et extra-muros

Il mit du temps à comprendre ce que représentait cette ligne droite qui s’étirait au dessus l’horizon et vers laquelle il marchait avec de plus en plus de difficultés. Rien ni personne ne l’avait obligé à se diriger vers cette apparition bizarre. Il était allé vers elle uniquement parce qu’elle rompait avec la fatigante monotonie du paysage et lui offrait enfin un but à atteindre. Si un arbre, un rocher ou un quelconque édifice lui étaient apparus, il serait allé vers eux de la même manière. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’il avait quitté son logement et qu’il errait obstinément dans le désert, sans savoir si ce qu’il arpentait avait une fin ou constituait le signe avant coureur de sa propre perte. Mais l’incertitude du lendemain, la sécheresse des lieux, la faim, le vent, la soif – l’énorme soif de vivre qui l’animait en dépit de la situation délicate dans laquelle il se trouvait –, l’ardeur du soleil, l’éloignement, les nuits froides, ne lui faisaient nullement regretter d’avoir sauté par la fenêtre de son logement et tenté l’aventure. C’était d’ailleurs précisément cette même tentation de la découverte de l’inconnu et de ses impondérables qui lui donnait le courage d’arpenter le silence sans crainte de s’égarer ou de disparaître purement et simplement aux yeux du monde. Il appréciait de marcher ainsi, droit devant lui, en terrain découvert et plat, avec calme et détermination, sans se retourner ni penser à ceux qui, de manière insidieuse, jour après jour, année après année, avaient voulu qu’il se soumette à leur pouvoir et participe à l’accroissement de leur fortune dont il ne percevait par ailleurs que de minuscules fragments. Désormais, il ne s’intéressait plus qu’au seul déroulé de ses jambes et aux battements de ses bras, au sable qui crissait sous ses pas, à la vie qui bouillonnait dans son crâne et sourdait de sa peau. Il n’ignorait pas pour autant la fragilité de son mouvement et le fait qu’il pouvait bel et bien n’y avoir aucune issue à son voyage hasardeux. Déserter ne signifiait pas pour lui quitter un lieu où l’on devrait rester, mais plutôt arpenter le néant, la solitude, le vide, le plein désert d’un monde débordé et sans issue. Afin de mieux affermir sa vision, il s’arrêta un instant et regarda fixement la ligne tout là-bas. Après quelques secondes d’intense observation, elle sembla s’effacer. Alors il ferma les yeux. Lorsqu’il les rouvrit, il l’aperçut de nouveau, longue, régulière, comme une barre posée sur l’horizon. Il secoua vigoureusement la tête de droite à gauche et grimaça. Il se méfiait de plus en plus de ses pouvoirs de perception du monde. La soif et la fatigue le tenaillaient si fortement qu’il avait désormais tendance à voir et à entendre des choses qui se révélaient par la suite utopiques. Incapable de savoir s’il était ou non victime d’un nouveau mirage, il reprit sa route sans plus s’inquiéter. Et c’est ainsi, à la longue, qu’il parvint à nommer ce qui l’avait tant intrigué. Il s’agissait ni plus ni moins que d’un mur, un mur phénoménal, unique, conquérant ! Souvent on lui avait parlé du désert et des aventuriers qui le parcouraient à bord de camions ou de 4x4 sans bâche, on lui avait aussi expliqué les difficultés de la traversée, les risques d’épuisement, l’utilité des étoiles pour se repérer, mais jamais on ne lui avait dit quoi que ce soit sur ce grand et long mur en béton, sur les raisons mêmes de cette construction dont le crépi avait, à certains endroits, une texture granuleuse plutôt agréable au toucher, et qui ne disposait d’aucune ouverture ni moindre interstice permettant de découvrir ce qui se cachait derrière lui, de l’autre côté. Un mur composé de piliers reliés par des poutres et doté de puissants contreforts. Un mur gigantesque dressé au cœur d’un paysage désertique et plat où paraissaient ça et là, bloqués par la barrière – ou frontière ? Il ne savait trop comment qualifier l’obstacle – quelques monticules produits des tempêtes de sable, de vieux buissons épars arrachés d’un lointain et agités par un vent détestable chargé de poussières, ainsi que les fondations d’un habitat inachevé – comme si une population s’était risquée un jour à s’installer puis, devant les difficultés de la vie ou l’énormité de la tâche, avait renoncé et tout abandonné. Pas d’oiseaux dans le ciel, pas de bêtes sur le sol, sinon quelques insectes nocturnes discrètement abrités du soleil. Aucun arbre, aucune végétation, juste cette immensité horizontale et froide profilée sur le ciel et empêchant toute avancée. Il comprit qu’il avait atteint le point extrême de son aventure et qu’il n’avait plus guère d’autres choix que de longer l’obstacle jusqu’à la découverte d’un passage, ou bien d’abandonner sa quête et de retourner dans son logement, au Carrefour [1], tout là-bas, loin, très loin derrière.

Lassé de subir les agressions du vent et désireux de reprendre son souffle, il décida de profiter quelque temps de l’abri d’une dune dressée contre la muraille. Mais à peine fut-il accroupi qu’il entendit, venant de l’intérieur de la construction, un murmure, puis comme un brouhaha de hall de gare, et des cris de plus en plus forts, des appels, comme si des êtres enfermés, devinant sa présence et pris de frénésie, avaient soudain voulu échapper à l’étreinte du ciment, briser la gangue épaisse et dure qui les enlaçait et les empêchait d’accéder au désert. Les paroles entendues tenaient plus d’un grouillement que d’autre chose. On aurait dit que les emmurés ruminaient le sable et la chaux qui les avait engloutis. Afin de mieux les entendre, le Voyageur exténué plaqua son oreille contre l’immense paroi qui défiait l’imaginaire, et il resta ainsi, épaule et tête appuyées contre le ciment, bouche ouverte, les yeux fixés sur les ramifications mortes d’un grand lierre qui grimpait le long de la muraille et disparaissait dans les hauteurs. Durant des heures, il écouta sans bien la comprendre cette population de somnambules qui prétendait s’être lancé un soir à l’assaut de grillages et de barbelés, avant de revenir au matin – couverte de plaies et encore plus épouvantée qu’à son départ –, s’enfermer dans la boue tiède d’un mortier gigantesque et grandissant. Les prisonniers du béton, ainsi qu’il décida de les appeler faute d’en savoir plus sur leurs identités, semblaient ne jamais vouloir en finir de se lamenter, de sangloter, de frapper du poing, de cogner du front contre cette monstruosité qui les contenait et exhalait une odeur putride de marais nouvellement asséchés. Quelques uns cependant riaient de bon cœur, comme si plus rien ne pouvait les atteindre. C’était plutôt étrange d’entendre leurs rires perforer les lamentations et fuser à travers le ciment. Impossible toutefois de savoir ce que signifiaient ces quelques accès d’hilarité. Le Voyageur se demanda s’il s’agissait d’esprits troublés par les événements, ou bien au contraire de gens satisfaits de se trouver-là, voire même de responsables de l’enfermement qui s’amusaient de la réussite de leur projet. Il essaya d’adresser quelques paroles rassurantes aux emmurés, il voulut aussi leur demander s’ils provenaient de l’autre côté du mur ou s’ils avaient comme lui arpenté le désert avant d’être enfermés, mais bizarrement aucun son ne parvint à franchir la barrière de ses lèvres. Il lui était physiquement impossible de parler à ceux qui s’agitaient à l’intérieur de la paroi. Il ne pouvait ni leur dire qu’il les entendait, ni leur avouer son impuissance à les sauver, tous autant qu’ils étaient : hommes, femmes, enfants, vieillards, bourreaux, victimes, témoins indifférents, nés des fabriques de la peur, échappés des départements des désastres, des cantons des suicides, danseurs aux pieds nus, amuseurs publics, casseurs de bouteilles, soldats ivres titubant, gnomes gardiens des terreurs à venir. Tous ceux qui avaient sans doute, d’une façon ou d’une autre, contribué à l’édification de la muraille, jusqu’à ce que peu à peu le froid du ciment les saisisse, les attache les uns aux autres, les transforme en cet obstacle infranchissable contre lequel il se tenait et qui, de manière pernicieuse et presque imperceptible, commençait à l’englober lui aussi. L’édifice n’était pas aussi rigide qu’il y paraissait, il avait la capacité de ne rien laisser sortir de lui tout en n’offrant aucune résistance aux pressions extérieures. Au contraire de ce qu’on pouvait en attendre, le béton avait une consistance caoutchouteuse, suffisamment molle pour qu’un corps étranger puisse s’y enfoncer dès lors où il en avait la volonté. Le Voyageur s’en aperçut à l’occasion d’un coup de coude malencontreux qui ne lui fit aucun mal. Surpris il renouvela son geste et constata avec effroi – il n’avait pas du tout envie de subir la loi du béton et de finir prisonnier – qu’il suffisait de pousser très fort en avant pour pénétrer à l’intérieur de la paroi. Persuadé par avance qu’il n’avait aucune chance de passer totalement au travers de l’obstacle, le Voyageur exténué se redressa brusquement et fit un écart sur le côté. Le silence succéda aussitôt aux lamentations. Comme souvent à pareille heure, le vent s’était apaisé donnant au désert un aspect plus oppressant qu’aux heures du jour. Il contourna la dune derrière laquelle il s’était abrité et entreprit de marcher le long de la muraille. Plusieurs fois il s’approcha d’elle, et plusieurs fois il fut assailli par différents bruits. Tantôt il s’agissait d’animateurs de radios ou de télés qui bonimentaient et parlaient tous de la même manière, tantôt c’étaient les grondements d’un embouteillage qui prédominaient, ou bien encore les jappements de milliers de chiens auxquels s’ajoutaient les beuglements de sirènes, les stridences d’alarmes privées et les martèlements de milliers de marteaux-piqueurs ; des bruits de machines, de robots ménagers, s’entendaient également. Puis la nuit, la fatigue et le besoin de sommeil, obligèrent le Voyageur à s’arrêter. En raison du froid qui soufflait sur le désert, dormir à même le sol n’était pas agréable, aussi avait-il pris pour habitude de creuser un trou dans lequel il se recroquevillait. Le sable qu’il rabattait ensuite sur son corps – de façon limitée en raison du poids que cela représentait – lui servait de couverture. Il n’aimait guère cette façon de dormir. Elle lui rappelait la position d’un insecte renversé sur le dos et condamné à supporter, au moindre battement de paupières, la sidération des immensités astrales – pour éviter ce désagrément, il couvrait ses yeux d’un foulard. Il se soumettait à cette position assez inconfortable uniquement parce qu’elle lui permettait de profiter de la chaleur emmagasinée dans le sable et d’échapper aux morsures du froid qui finissait toujours par traverser sa mince couverture minérale. Quand les piqures devenaient trop désagréables, il se levait, s’ébrouait pour débarrasser ses vêtements des grains de sable, puis repartait jusqu’à ce que la fatigue l’oblige à nouveau à creuser un trou. Ainsi passait-il beaucoup plus de temps à marcher et à préparer son lit qu’à dormir – il compensait toutefois son manque de sommeil par de courtes siestes en cours de journée, dans ces moments là il tournait le dos au soleil, s’asseyait puis rabattait son chapeau sur ses yeux. Le matin suivant, il découvrit avec stupeur que son sommeil l’avait ramené à son point de départ. Certes il aurait très bien pu confondre l’apparition de la dune avec une autre, mais la présence du grand lierre desséché, le trou qu’il avait creusé pour se mettre à l’abri le jour précédent, les murmures caractéristiques de la foule, les traces de ses souliers, l’empêchèrent de douter de son retour. Il se demanda comment il avait bien pu faire pour revenir sur ses pas. La situation lui parut d’autant plus incompréhensible que lors de ses arrêts nocturnes, il avait pour principe d’orienter ses jambes dans le sens de son déplacement initial. D’autre part, son mode de couchage ne lui permettant aucunement de bouger, il voyait mal comment il aurait pu, sans s’éveiller, changer de position durant la nuit. Tandis qu’il réfléchissait son regard se posa sur la muraille. L’idée lui vint alors d’escalader le grand lierre afin de mettre un terme à ses interrogations. Pour ce faire, il testa la résistance d’un puissant rameau, s’éleva d’une dizaine de mètres avant de constater que certaines parties du lierre se détachaient et menaçaient de le faire basculer en arrière. Même si le risque de la chute était peu probable – l’ampleur des ramifications compensant les ruptures et donnant beaucoup de souplesse à l’ensemble, un peu à la manière d’un filet –, il trouva plus sage de descendre et de reprendre son excursion le long de la muraille, mais en sens inverse cette fois pour ne pas revivre la mésaventure de la nuit. Durant son parcours, il termina ses minces provisions. Il lui restait encore un peu d’eau, mais seulement de quoi tenir un jour ou deux, pas plus. Conscient qu’il devait ménager ses forces et trouver à tout prix une issue à son errance, il marcha à l’économie, en effectuant de fréquents arrêts. Á chaque pause il se tint à bonne distance de la muraille se privant ainsi de l’ombre qu’elle délivrait à certaines heures du jour. Il supportait de moins en moins les cacophonies du mur. Ses musiques intempestives, ses bruits incessants de rues, ses coups de feu, ses vociférations, ses ordres et contre ordres, ses hurlements de sirènes, son trafic continuel de voitures, de camions, de trains et d’avions, ses bourdonnements de machines, ses mouvements souterrains qui faisaient parfois trembler le sol du désert, tout cela finissait par devenir lassant. À la nuit tombée, il estima avoir parcouru environ une vingtaine de kilomètres. Il avait mal aux jambes et regrettait de ne pas avoir trouvé de passage. Contrairement à l’habitude, il dormit d’une seule traite et se réveilla avec le jour. Ni les rêves, ni le froid n’avaient réussi à le troubler. Il s’ébroua, avala une gorgée d’eau puis s’aperçut qu’il était de retour auprès de la dune et du grand lierre desséché. Il se laissa tomber au sol et se mit à réfléchir. Il aurait pu perdre courage, pleurer, joindre ses gémissements à ceux des prisonniers du béton, mais tel n’était pas son tempérament. Très vite il se ressaisit et décida d’utiliser ses dernières forces pour franchir l’obstacle de la muraille. Il ne voyait pas d’autre moyen d’échapper à cette sorte de cauchemar qui le poursuivait. Certes il ignorait quelles étaient ses chances d’atteindre le sommet et ce qu’il y trouverait une fois parvenu – et même s’il y avait de l’autre côté du mur autre chose que le désert, rien ne lui permettait de savoir s’il disposerait d’un moyen pour redescendre –, mais ne rien tenter reviendrait bientôt pour lui à mourir de faim et de soif. Instruit de l’expérience antérieure, il s’éleva avec lenteur, en prenant bien garde de ne jamais saisir une ramification à deux mains, ainsi quand l’une cédait, l’autre le sauvait ; il opéra de la même manière avec ses pieds. L’exercice exigeait de la concentration, de la lenteur et beaucoup de prudence. Plusieurs fois, les crampons du lierre cédèrent et il eut l’impression que le filet se décrochait de la paroi. Il contra le danger en profitant des caractéristiques de la paroi – il lui suffisait alors de pousser son corps vers l’avant, puis, afin de ne pas être totalement happé, de se rejeter très légèrement en arrière ; un bruit de succion accompagnait le mouvement. Après plus d’une heure d’ascension où il se garda bien de s’intéresser aux cris des emmurés et de regarder vers le bas – il craignait par-dessus tout d’être saisi par le vertige et de ne plus pouvoir ni avancer ni reculer –, il atteignit enfin le sommet. Il resta un bon moment étendu sur le ventre. Il était dégoulinant de sueur. La chaleur du ciment lui chauffait la joue, il avait le souffle court, les muscles et les doigts endoloris, la gorge sèche, et son cœur battait à toute volée contre le mortier. Il éprouva une sorte de joie immense à s’entendre vivre, à savoir que ses muscles, ses os, ses tendons, son sang et sa volonté avaient réussi à le porter si haut. Mais lorsqu’il se mit enfin debout sur la muraille, il découvrit avec effarement l’étendue sans fin de la ville qu’il avait fuie.

Raymond Bozier

[11 « Honte à vous ! Vous voulez entrer dans un système où il faut être un rouage, pleinement et entièrement, soit être écrasé par ce rouage ! Où il est évident que chacun serait ce que ses supérieurs font de lui ! Où la recherche de « relations » fait partie des devoirs naturels !... Où l’on ne se doute même pas que, par une subordination aussi intentionnelle à de pareilles mœurs, on s’est désigné une fois pour toute parmi les vulgaires poteries de la nature que les autres peuvent utiliser et briser à leur gré sans se considérer très responsables ; comme si l’on disait « Il ne manquera jamais de gens de mon espèce : servez-vous donc de moi, sans façons ! » Nietzsche, Aurore, aphorisme 166.


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