
L’errance des particules suggère la présence de chocs invisibles. L’espace vide bouge, ne cesse de céder. Quelque chose se joue dans sa trajectoire sans verdict.
Olivia Tapiero, Un carré de poussière, 2025
Entre la présence et l’absence
En attendant, nous voici tenus d’improviser. Une violence qui affleure sous l’humilité. Mais il n’y a vraiment rien qu’on puisse faire ? On démarre de nulle part et, au bout d’un certain temps, on se retrouve dans un lieu nouveau. Mais dans les rêves, on voit tout. Comment s’extraire vivant du vivre ? L’image nous enveloppe, l’image nous tient le corps, nous tenons à nous-mêmes par les images. On peut raconter sa vie. J’empile les images, je creuse les métaphores, mais ce que je trouve est artificiel. En secret, des fragments de nuits, des tractations sans fin avec les autres. Sans savoir si l’on revient, si l’on s’égare. Plus ou moins visible, jamais bien loin. Il y aura toujours la fumée, une sacoche de verbes en déroute. C’est un vrai labyrinthe ici. Alors qu’il n’y a plus rien à voir, alors que maintenant tout est vide. Tout ça, c’est du passé. Le sujet de tout récit vacille. Il est d’ailleurs temps de changer d’air. Le lien déchiré, la déchirure du lien, la comédie de l’abandon. Sur le point de rompre, comme perpétuellement tiraillé entre le doute et l’amour. Il y a de la culpabilité, de la colère. Ce qui est trop, ce qui est trop peu. Pourquoi sommes-nous toujours tenus, maintenus au secret ? Une fois de plus, la carte épouse le territoire ; et elle est vague. Et tout, toujours, à revisiter. À présent dans l’espace aveugle avec plus de force que jamais. Sur un fil tendu entre la présence et l’absence. Qui existe en même temps que nous ? Toujours cette sensation qu’il y avait plus à prendre. Oui, soudain, et contre toute attente. Le langage des reliefs, la vibration des couleurs, la gravité des formes. Le silence creuse les absences. La mémoire empile les ombres, la rumeur du monde, les sons diffus se mêlent sans logique apparente. La lumière change, mais ce qui reste s’efface lentement. Attention, la fin n’est pas synonyme de clôture ou de résolution ou de boucle ou de révélation, heureusement que d’autres fins sont possibles.