Jeudi 28 août 2025
C’est un nouveau départ
Images de l’instant présent #12

Une fiction danse à travers lui, qui n’est pas son corps ou un corps second qui n’a pas ses bras, ses jambes. À peine plus grand, le vêtement est premier (l’autre à l’intérieur). Évocation d’une musique peut-être faite des parcelles de son corps à lui, ou bien des nœuds d’un corps à sa mesure.

Marie de Quatrebarbes, Les vivres, 2021

C’est un nouveau départ

Une invitation à la danse, sur une piste qui est celle du monde tout entier, du secret des choses les plus simples comme des plus rares. Ce qui nous double nous dépasse. Ce qui nous transporte nous transfigure. Notre beauté les fait trembler. Comme un général sans armée. Comme un déménageur qui a oublié son diable. Comme un touriste sans argent. On descend dans ce qui nous remue en profondeur. On brûle. On fond. On hurle. Il y a des mouvements clairs, ce sont ces blancs et quelques mouvements noirs qui donnent à l’image sa luminosité. Quelqu’un dont le regard serait tourné vers l’intérieur, plutôt que vers l’extérieur. Ça se bouscule sans relâche. Sueur et coudes se frottent contre nous. Est-ce notre corps (la puissance, le mystère, la précision, l’enchevêtrement intérieur parfait) qui nous leurre telle une machine ? L’intensité, quand ça va vite et que c’est risqué, comme on a envie d’y retourner. Imprudent, sans voir le danger d’un sol qui éclate sous mon corps. Quelque chose entre nous. C’est la vérité mais ça ne suffit pas. La chaleur du jour qui s’échappe. Dans l’enchevêtrement des lucioles. Comme si, en réalité, il n’y avait là que l’idée de quelqu’un. Là-bas arrive à nouveau. C’est un nouveau départ. Des gestes, des mouvements. Toujours un peu de son propre imaginaire. Des boucles dans la lumière. Une musique qui ne nous quitte plus. Une respiration rapide et irrégulière. Sur scène, chacun a joué son rôle. J’imagine à quoi on ressemble vu de l’espace. Il y a des sas qui sont des petits exils. Il fait nuit quand on rentre. Debout, héroïques, puisque seule la foi dans sa lumière peut nous rendre capables de marcher sur le ressac infini des jours sombres. Mes doigts se ramifient, mes orteils s’enfoncent dans le sol et forment des racines, je reste assis dans mon ombre, le temps passe. C’est le temps de la danse. La nuit nous garde sous les lumières. Côtoyer l’insolite, être là où l’on n’a pas à être, découvrir l’envers d’un monde.

Dans les archives