Vendredi 13 juin 2025
Raconteries de Charles Pennequin et Disparitions, apparitions, de Joachim Séné
Deux nouveaux livres publiés par les éditions Abrüpt

Les éditions Abrüpt publient deux nouveaux livres en juin 2025 : Raconteries, de Charles Pennequin et Disparitions, apparitions, de Joachim Séné.

Comme à leur habitude, les éditions Abrüpt proposent plusieurs formats de ces deux livres. Sous format papier à commander en librairie, ou depuis le site de l’éditeur. En numérique, en téléchargeant l’epub sur vos plateformes favorites, ou sur le site de l’éditeur. Enfin, tous les livres publiés chez Abrüpt sont aussi disponibles comme des antilivres sous la forme d’un PDF. Enfin, pour chaque projet un site spécifique met en valeur la dimension numérique de ces créations.

Pour les Raconteries de Charles Pennequin, une playlist de courtes vidéos de l’auteur lisant ses textes en extérieur. Pour les Disparitions, apparitions, un monde 3D où se déplacer librement et découvrir les fragments éclatés, mélangés. Tout le contenu est partagé librement par la licence Creative Commons. Et même versé volontairement au domaine public, immédiatement, dans le cas du texte de Joachim Séné.

Raconteries de Charles Pennequin est un manifeste poétique qui rejette les conventions littéraires au profit d’une écriture viscérale, fragmentaire et performée. Pennequin affirme l’écriture comme nécessité vitale, nourrie des voix extérieures et de la brutalité du quotidien. Il distingue poésie et littérature, dénonçant cette dernière comme institutionnalisée et déconnectée du vivant. Pour lui, écrire, c’est une grimace, un hoquet, un geste organique. La performance poétique se transforme en offrande, celle d’un corps traversé par le langage. Écrire, c’est vivre au bord de l’épuisement, de la mort, dans une tentative toujours inaboutie de dire. Le texte appelle à sortir des cadres, à écrire, à crier dans la rue, contre l’abattement.

« La performance montre cet impossible à parler devant l’autre, à restituer l’écriture, cet impossible à écouter aussi cet autre qui parle, qui restitue. La poésie-performance, ou l’art- performance, est une façon de montrer le loupage de ces écoutes, parce que le sens échappe, avec le son de la voix, avec aussi le réel qui entoure la lecture, avec tous les obstacles physiques des lectures publiques, le sens achoppe sur le son, parce qu’aussi, durant la lecture la petite voix en soi est encore là. La voix qui lit le livre ne fait rien ressortir à part le sens qu’elle voudrait partager. Le sens entre dans la lecture mais pas le corps. Le corps n’est pas dans la voix car la voix se veut livre. Elle s’oublie dans le livre. La voix veut représenter le sens du livre. »

Playlist des courtes vidéos de Charles Pennequin

Disparitions, apparitions, de Joachim Séné est un recueil de vignettes brèves, absurdes et poétiques, d’événements étranges, mêlant disparitions et apparitions surréalistes. Corps, émotions, objets et idées s’y confondent. Des orteils, des regrets ou une montre qui indique une heure qui n’existe pas. Inspiré par les biographies aléatoires de l’auteur, le texte brouille les frontières entre réel et imaginaire, humain et machine, chair et langage. À travers ces fragments hybrides, Joachim Séné questionne la mémoire, la violence sociale, la sexualité et la matérialité du texte. Ce livre manifeste une vision du monde où la disparition est autant un effacement qu’une métamorphose.

« 29

Taha Souris, disparu 23 h 06 à la boulangerie au moment où il convoitait un pain aux raisins. On a retrouvé trois euros cinquante de pensées fermement nouées autour des six mois précédents.

30

Livia Casque, disparue à 10 h 35 au moment où son expresso arrivait fumant, moussu de souvenirs oubliés. On a retrouvé seulement le sucre de ses dernières hésitations.

31

Hubert Gant, disparu à 3 h 48 sur les rochers gris de la plage bleue, alors qu’il pensait à tout ce qu’il n’avait pas encore dit. On a retrouvé la couleur de ses mots dans chacun des coquillages scellés après la marée. »

Le monde 3D de Disparitions, apparitions

Ces deux ouvrages partagent une volonté radicale de faire éclater les cadres traditionnels de la littérature. Le texte de Charles Pennequin explore l’écriture comme geste vital, performatif, où le corps parle autant que les mots, dans une lutte contre l’aseptisation littéraire. De son côté, le recueil de Joachim Séné propose une poésie fragmentaire et sensorielle, mêlant le grotesque au numérique, où les corps se dissolvent et ressurgissent sous formes symboliques ou organiques. Tous deux défendent une écriture du vivant, traversée par le réel, la violence sociale, et une forme d’urgence — à dire, à crier, à exister autrement. Une poésie qui déborde, refuse les normes, et fait du langage un lieu d’expérimentation et de transformation radicale.

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