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Séance 150

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Devenir son propre sujet d’étude, se soumettre aux flux de messages médiatiques et publicitaires, ingurgiter le maximum de programmes de divertissement, pour en ramener « des informations du réel » et comprendre en quoi consiste la mise en disponibilité mentale des téléspectateurs. À travers cette expérience limite, cerveau et corps se modifient inéluctablement, décrypter sa mutation en cours.




J’habite dans la télévision, Chloé Delaume, Éditions Verticales, 2006.

Présentation du texte :

Ce que nous vendons à Coca-Cola c’est du temps de cerveau disponible Une narratrice - ’la sentinelle’ - décide de prendre au mot Patrick Lelay pour comprendre comment se fabrique concrètement cette mise en disponibilité du temps de cerveau. Durant 22 mois, du lever au coucher, elle devient son propre sujet d’étude en se soumettant aux afflux de messages médiatiques et publicitaires, et en ingurgitant jusqu’au gavage le maximum de programmes de divertissement, télé-réalité surtout, pour en ramener des informations du réel. Plus l’expérience s’éternise, plus la narratrice constate avec inquiétude sa mutation en cours : son point de vue change, son cerveau et son corps se modifient. Elle tente de résister, en vain ; peu à peu, apparaît en elle le sentiment d’être dans la télévision.

« Ce que nous vendons à Coca-Cola c’est du temps de cerveau humain disponible. »

Chloé Delaume a voulu comprendre en quoi consistait la mise en disponibilité mentale des téléspectateurs. Durant 22 mois, du lever au coucher, elle s’est faite « sentinelle » de la télévision, devenant son propre sujet d’étude, se soumettant aux flux de messages médiatiques et publicitaires, ingurgitant le maximum de programmes de divertissement, téléréalité surtout, pour en ramener « des informations du réel ». À travers cette expérience limite, la narratrice décrypte sa mutation en cours : cerveau et corps se modifient inéluctablement. Quand l’humain n’est plus qu’un outil au service de « la fiction collective ».

J’habite dans la télévision est un puzzle où chaque pièce pullule de références, de propos télé-rapportés, appliquant au discours du neuromarketing une grille de lecture singulière, dont la lucidité a parfois des accents paranoïaques. L’humour de Chloé Delaume sédimente ce texte et invite chacun à s’interroger sur la marge de manœuvre de son libre arbitre.

Extrait :

« Le téléréalisme, oui c’est bien ce que j’ai dit. J’aurais préféré un autre mot, un tout fait par quelqu’un si possible un penseur mais je n’en ai pas trouvé. Baudrillard, lui, il dit ready-madisation, mais ça n’a rien à voir et ça ne m’est pas utile, parce que les oiseaux morts, entre nous, il s’en fout. Loana, oui, c’est ça. Jusqu’à la une du Monde, cet été-là, c’est vrai, quelqu’un a calculé je crois que les coupures de presse faisaient dans les cinq kilos, je dis peut-être des bêtises mais il me semble que c’est ça. Dites-moi c’est très bizarre, comment ce fait-il que. Il passe par M’Batah ou par un de ses confrères, je demande juste au cas où, parce que ça doit douillet. Il vous a raconté aussi la sollerserie, eh bien c’était dans Le Monde, elle va vous plaire, je pense. À l’époque Philippe Sollers avait déclaré : Kenza a un minois d écrivain. Ils se sont vus à la Closerie mais finalement elle a préféré le journalisme.

Dans la merde, c’est bien ce que je vous dis, c’est pour ça que je vous ai fait venir, ce n’est pas mon boulot d’inventer ne serait-ce qu’un syndrome. Vous êtes vraiment déconnecté ou bien vous le faites exprès. Les morts et les vivants dont le travail consiste à produire de la pensée, ils ne m’ont conseillé, au mieux, que des boules Quies. Le téléréalisme, ils ne se rendent pas compte, ils lisent Télérama mais juste les pages culture, ils ne l’allument jamais, la télévision. À part pour les JT, les films de cul ou les débats qui. En général c’est BHL, et Finkielkraut. Vous avez raison, oui, c’est vrai, j’aurais dû commencer par là, vous auriez mieux compris tout de suite. »

J’habite dans la télévision, Chloé Delaume, Éditions Verticales, 2006.

Présentation de l’auteur :

Chloé Delaume est née à Paris en 1973. Elle a publié Les mouflettes d’Atropos (Farrago, 2000, Folio 2003), Mes week-ends sont pires que les vôtres (éditions Néant, 2001), Le cri du Sablier (Farrago/Léo Scheer ; Folio, 2003 ; Prix Décembre 2001), Monologues pour épluchures d’Atrides (CIPM/Spectres Familiers, 2002), La vanité des somnambules (Farrago/Léo Scheer, 2002), Corpus Simsi (Léo Scheer, 2003), Certainement pas (éditions Verticales, 2004), Les juins ont tous la même peau (La Chasse au Snark, 2005), J’habite dans la télévision (éditions Verticales, 2006), dans lesquels elle travaille la forme dans une recherche poétique originale. ;:Son approche présente des similitudes avec l’Oulipo. Le Cri Du Sablier, paru chez Farrago lui a valu le Prix Décembre en 2001.

En compagnie de Julien Locquet, elle compose des textes qu’elle interprète sur les albums du groupe Dorine Muraille. Cette collaboration donne également naissance à des performances multimédia.

Liens :

Le site de Chloé Delaume

Chloé Delaume sur Arte Radio

Portrait de Chloé Delaume sur Sitaudis

Critique du livre de Chloé Delaume sur Remuet.net


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