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Séance 291

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Accumuler des notations de tous ordres sur une humanité qui se décompose et former un récit brisé, une suite quasi-narrative de courts poèmes à la manière des haïkus japonais, dont la forme se rapproche de l’épigramme classique, dépouillé, incisif. Le haïku comme forme d’expression permet de raconter une histoire, en accentuant le caractère de séquence rythmique d’allure spontanée, le souffle romanesque, le pouvoir d’évocation, la dimension visionnaire, la capacité à sauver toujours la part du rêve et de l’enfance dans un monde de cauchemar.

Haïkus de prison, Lutz Bassmann, éditions Verdier, Collection "Chaoïd", 2008.

Présentation du texte :

L’univers des Haïkus de prison est celui de l’enfermement, de la déportation et de la mort, univers dans lequel on entre pour suivre le sort d’un narrateur et de ses compagnons de misère. Trois moments dans le livre : Prison, Transfert, Enfer, qui constituent un récit brisé, ce qu’accuse la forme choisie, le haïku. Ce genre est connu en France depuis le XIXe siècle. On en a retenu seulement une structure formelle fixe (au Japon, 17 syllabes = 5-7-5) et ce qui le rapproche de l’épigramme classique, dépouillé, incisif. À quelques exceptions près, l’Occident n’a pas conservé les contraintes formelles, pas plus que la thématique obligée qui mêle des éléments sur la nature, les animaux, les saisons, les travaux et les jours, les sentiments. Dans les Haïkus de prison, c’est plutôt le caractère de séquence rythmique d’allure spontanée que conserve Lutz Bassmann, ce qui permet d’accumuler des notations de tous ordres sur une humanité qui se décompose.

Le monde est devenu plus rude. On ne peut plus comme avant contempler les fleurs des cerisiers, ni philosopher avec des amis autour d’une coupe de vin. Désormais, quand on regarde les nuages, c’est à travers les barbelés. Quand on s’endort, c’est dans la promiscuité et les mauvaises odeurs. Plus rien n’est paisible. La poésie persiste en dépit des circonstances, l’humour et le détachement continuent à ordonner l’existence, mais la voix s’éraille. La voix ne cherche plus à faire preuve d’élégance. Celui qui parle veut surtout, avant d’être brisé, apporter son témoignage.

En choisissant le haïku comme forme d’expression, Lutz Bassmann raconte une histoire. Il décrit les menus événements du quotidien de la prison, il donne vie aux figures qui l’entourent, il invente des personnages : l’idiot, le révolutionnaire dogmatique, le bonze désenchanté, le cannibale, et tant d’autres que de nouveaux malheurs menacent.

Extrait :

L’organisation s’est constituée

on attend que les chefs surgissent

pour les haïr

L’odeur d’oignon

chevauche l’odeur d’urine

bientôt la soupe du soir

La nuit sans douceur

se glisse par la fenêtre

balafrée de stries verticales

A côté les cris se sont tus

enfin le violeur

s’est pendu

Sur le visage du boxeur fou

un nouveau tic est apparu

un assassinat se prépare

Lecture d’un extrait du texte en vidéo (Youtube)

Présentation de l’auteur :

Après des études de lettres et de russe, Antoine Volodine enseigne cette langue, héritée de sa grand-mère, pendant une quinzaine d’années tout en se consacrant à l’écriture. En 1985, Denoël publie son premier texte, Biographie comparée de Jorian Murgrave, dans sa collection Présence du futur. Volodine entre donc dans la catégorie science-fiction. Trois autres livres sortiront dans la foulée. Parmi eux, Rituel du mépris se voit décerner le Grand Prix de la Science-fiction française en 1987. Cependant, l’auteur sort de ce domaine auquel il ne se prédestinait pas à l’origine : il signe aux Editions de Minuit et sort en 1990 Lisbonne, dernière marge. La littérature de Volodine échappe à toute tentative de la faire entrer dans une catégorie. Son univers est sombre voire désespéré, mais empreint de passion et d’envie de lutter contre l’oppression de la norme, ses personnages, parfois monstrueux, souvent touchants. Antoine Volodine est l’auteur d’une douzaine de romans dont Alto Solo, Nuit blanche en Balkhyrie, Le Post-exotisme en dix leçons, Leçon onze ou encore Des Anges mineurs qui lui vaut le prix du Livre Inter 2000. En 2006 sort Nos Animaux préférés, suivi de Songes de Mevlido en 2007. En 2008, Antoine Volodine publie chez Verdier deux ouvrages sous le pseudonyme de Lutz Bassmann : Avec les moines soldats et Haïkus de prison.

Liens :

Présentation du livre sur le site de Poezibao

Le site de Lutz Bassmannr

Extrait et présentation du livre sur le site de l’éditeur Verdier

Critique de l’ouvrage sur le site de Libr-Critique

Critique du livre sur le site de Chronic’art

Critique du livre sur le site de Télérama

Lecture de la page 48 du livre Avec les moines soldats de Lutz Bassmann


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