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Série photographique à la Tate Modern de Londres

Le ciel s’est couvert très vite, la nuit semble tombée, il est à peine trois heures, il pleut par intermittence depuis ce matin. Demain, il fera beau, c’est sûr.

Nous traversons le Blackfriars Bridge en travaux. Une pensée pour Piero et son récent Carnet de voyage londonien. Des affiches annoncent fièrement qu’il se construit là le plus grand pont solaire du monde. Mes filles me font remarquer non sans humour qu’avec le temps qu’il fait à Londres, ce n’est pas très judicieux d’utiliser l’énergie solaire pour alimenter un pont. Je leur réponds que cette énergie n’alimentera en fait que 50% de l’énergie nécessaire de son fonctionnement électrique, ce que j’ai lu sur le Panneau d’information.

La Tate Modern est construite dans une centrale électrique désaffectée dessinée par Giles Gilbert Scott. L’ancienne salle des machines a été reconvertie en un immense hall servant à des expositions exceptionnelles.

Les espaces d’exposition de la collection permanente du Musée sont gratuits. Beaucoup de monde dans l’ensemble des étages, ce qui donne parfois l’impression de se promener dans un grand magasin (l’expérience à Harrods sur Brompton Road pendant les soldes est un expérience à déconseiller). Le musée d’art moderne de Londres, qui attire 5 millions de visiteurs par an, est un lieu conçu pour 2 millions, il manquait cruellement d’espace dès l’ouverture.

Dans les collections permanentes, deux séries d’oeuvres ont retenue mon attention, par leur situation et l’ensemble étonnant d’oeuvres dont elle sont constituées, celles de Gerhard Richter et de Marck Rothko.

En 1958, les architectes de la toute nouvelle tour Seagram (Ludwig Mies van der Rohe, et Philip Johnson pour les interieurs), avaient commandé ces tableaux pouvant mesurer jusqu’à 2,66 m sur 4,57 m pour décorer les murs du luxueux restaurant Four Seasons au rez-de-chaussée de ce gratte-ciel situé au cœur de Manhattan. Mais Rothko, pour une raison qui reste toujours mystérieuse, avait finalement décidé d’annuler cette commande, il avait restitué les sommes perçues et avait fait don, notamment à la Tate Modern, des toiles déjà réalisées.

Les œuvres offertes à ce musée sont arrivées à Londres le 25 février 1970, le jour-même où l’artiste, alors âgé de 66 ans, s’est suicidé. Ses toiles représentent des aplats abstraits de couleurs associant parfois de l’orange lumineux à un ton chocolat, pour aboutir à une palette plus sombre de variations autour du noir.

Une de ces toiles a été vandalisée à l’aide de peinture noire à la Tate Modern, le dimanche 7 octobre 2012.

Quand il se lance dans ses séries les plus abstraites (Abstract Paintings), que l’on retrouve dans une salle qui lui est presque entièrement consacré, Gerhard Richter innove, déversant des seaux de couleurs qu’il écrase ensuite à la banche sur des toiles de dix mètres carrés. Certains attribuent à cette explosion acidulée l’expression de la joie qui habitait l’artiste dans les années 70. Ce à quoi Richter répond : « la peinture n’est jamais que l’expression de la peinture. La joie en est une composante, comme les visions qui continuent de l’habiter. »

Depuis le restaurant du dernier étage, superbe vue sur la Cathédrale Saint-Paul, le Millenium Bridge et les rives de la Thames.

Les Tanks, les cuves de la centrale électrique désaffectée ont été reconverties par les architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron, deux sphères géantes de béton brut de 30 mètres de diamètre sur 7 mètres de haut.

En ce moment, impressionnante projection des films de William Kentridge : I am not me, the horse is not mine.


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