La profondeur d’un vertige
C’est un rêve, un rêve étrange. Je me suis réfugié avec d’autres qui comme moi semblent fuir un invisible oppresseur. Je dois rester caché pour qu’ils ne me voient pas, qu’il ne m’attrapent pas. Je progresse non sans mal à travers le dédale d’un ancien silo à l’abandon, aux murs très hauts, dont le sol est envahi par des vagues (...)
Un signe de vie
J’ai écrit une lettre, cela faisait des années que je n’en avais plus écrit. Écrire une lettre ce n’est pas si différent que d’écrire un récit. Il n’y a que l’adresse qui change. Mais cela se développe un peu de la même manière. On part sur une idée qui en déclenche une autre. On emprunte un chemin qui nous amène à faire un détour, à nous (...)
Forget your perfect offering
There is a crack in everything
That’s how the light gets in.
Leonard Cohen, Anthem, 1992
La somme des sensations
La musique s’est arrêtée mais pas dans la tête. Elle poursuit son lent cheminement. Le jour doit suivre mais pour d’autres que nous. Il suffit de fermer les yeux. Prendre l’habitude de croire au monde (...)
Il existe un mot japonais qui désigne la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles des arbres : Komorebi.
Ce jeu de lumières qui se faufile entre les feuilles d’un arbre est une source de méditation naturelle. Ce dialogue de l’ombre et de la lumière est important pour notre quiétude.
Dans le film de Wim Wenders, Perfect Days, Hirayama est (...)
Ne dis pas n’importe quoi
Harry (Maurice Ronet dans La Piscine, le film de Jacques Deray), homme d’affaires en pleine réussite, méprise Jean-Pierre (Alain Delon) écrivain raté et lui conseille d’épouser Marianne (Romy Schneider) car il pourrait aisément la reconquérir. Harry et Marianne font des achats ensemble. Jean-Paul et Pénélope (Jane Birkin) (...)
Ni présent ni futur
La place est calme, inondée d’un soleil déjà chaud qui chasse les ombres sur les côtés, les écrase de tout son poids. Un vieil homme chauve, assis contre le mur d’un vieil immeuble où une plaque en marbre précise que Victor Hugo a séjourné enfant entre 1803 et 1805. Impassible, le regard dans le vide. Une première salve des cloches de (...)
Signes des temps est un ensemble de proses de même dimension, qui forme une « autobiographie collective ». Écrits à partir de films collectés, archivés et diffusés sur le site de Ciclic Mémoire, ces poèmes cinématographiques, publiés en 2020 sous le titre Poèmes pour les temps présents, expliquent la technique du montage qui juxtapose des énoncés (...)
Faire du bruit
Il y a les événements auxquels on assiste, ce qu’on y ressent sur place, et ce que la télévision filme et restitue en direct. Ce soir-là, je suis invité aux deux quarts de finale de Beach Volley au Stade Tour Eiffel. J’arrive largement avant le début de l’épreuve. Les gradins sont clairsemés, encore peu de personne. Il fait encore jour. (...)
Et moi avec elle
Je finis par lui avouer l’idée qui m’a traversé l’esprit il y a quelques jours, ce projet fou qui m’entête depuis. Je sais bien que sa réaction peut tout remettre en cause ou décupler au contraire mon envie de m’y jeter à corps perdu. Je prends le risque qu’elle ne partage pas mon enthousiasme. Cela peut arriver. On se berce d’illusion (...)
Pas encore d’ici, plus jamais de là-bas
Il y a quelques années, j’ai commencé à écrire un livre autour Bilal Berreni, alias Zoo Project, artiste urbain né en 1990 à Paris et mort assassiné le 29 juillet 2013 à Détroit. Après plusieurs versions du texte, faute de parvenir à trouver la forme d’un récit où parvenait à se mêler harmonieusement portrait de (...)