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Présentation d’œuvres numériques sur différents supports

L’écrit connait d’importantes mutations : la notion d’auteur est remise en cause, les éditeurs, libraires et bibliothécaires mis à l’écart, la lecture modifiée. Face à ces bouleversements, certains acteurs de la chaîne du livre réagissent : les auteurs s’approprient le numérique et de nouveaux styles émergent, les libraires indépendants se fédèrent pour proposer des portails de vente et conseil en ligne, les bibliothèques prêtent désormais des ebooks...

Dans le cadre de cette journée d’étude, organisée en partenariat avec Bib 77, la Médiathèque départementale de Seine-et-Marne propose d’échanger sur cette "révolution".

La Net édition : de l’écriture à la diffusion

Voici les grandes lignes de mon intervention :

Lire numérique, qu’est-ce que ça change ?

« Ce que change Internet, écrit François Bon pour présenter son ouvrage Après le livre sur Publie.net, ce n’est pas le rapport au livre, c’est le rapport au monde. Le numérique affecte la façon dont on écrit aussi bien que celle dont on lit, nos bibliothèques comme la trace que nous laissons parmi les autres. »

« Claire Belisle compare le mode de lecture traditionnelle de l’information (livres, etc.) au mode de lecture lié à Internet et la navigation. Les livres imposent globalement un mode de lecture linéaire et comportent des indications sur le contexte. Avec le développement d’Internet et la navigation dans l’information par activation d’hyperliens, l’individu est obligé d’identifier l’information au fur et à mesure qu’il active des liens et en reconstituer le contexte. Il doit faire appel à de nouveaux repères pour construire les différents contextes lui permettant de savoir avec quelle catégorie dinformation il interagit. L’accès à l’information passe nécessairement par la maîtrise de ces indicateurs. »



De nouvelles formes de lecture pour écran sont nées, comme l’interface de blog, les Wiki, l’interface de Twitter, de Facebook, etc. Des millions de personnes font, chaque jour, l’expérience de ces nouvelles formes de lecture parfois très éloignées du livre, du journal, de l’objet imprimé.

Difficulté de s’y retrouver, car nous sommes pris entre plusieurs contraintes, celle de la technique, du placement des sites par Google ou bien encore des contraintes d’affichage publicitaire. Le lecteur se transforme en « utilisateur », il essaye de trouver sa place tant bien que mal, et son plaisir de la lecture.

Le livre est une technologie. Les liseuses et les tablettes sont des outils de lecture. Si la liseuse est plus proche du livre et la tablette est plus proche de l’ordinateur.

San Francisco, photographie Pierre Ménard

La lisibilité et la mobilité :

Ce qui explique l’essor récent des liseuses et des tablettes, c’est l’attention portée par leur fabricant à la lisibilité et à la mobilité. La liseuse reproduit la technologie livre (parfois, au début tout du moins, mimétisme assez simple du papier à l’écran, avec des carrousels de pages, des « livres » en flash avec les pages qui se tournent comme celles d’un livre, une mise en page identique à celles des journaux ») même dans son esthétique (l’outil lecture de l’iPad, l’iBook, a longtemps proposé l’imitation des pages du livre, de leur tourne ou des rayonnages de la bibliothèque).

Lecteur Safari sur iPad avec Le Monde et le site Liminaire

L’exemple du journal Le monde. Plus facile à lire en numérique dans son intégralité. Les articles sont dissociés les uns les autres même s’ils peuvent être lus dans la continuité. La lecture devient plus rapide, car le texte se lit plus vite, le lecteur étant concentré sur le texte seul.

C’est un phénomène qui se répand. Une couche de lecture simplifiée (sans fioritures ni distractions) que l’on retrouve par exemple sur le navigateur Safari de l’iPad. Cette couche est d’ailleurs appellé lecteur.

Ce que rappelle Bruno Rives dans Papier Electronique : « Apple avec Safari présente une option lecteur qui nettoie les pages, pour que la consultation soit plus commode et dense, et des plates-formes comme Flipboard reprennent des normes d’exécution classiques. »

Lire la même œuvre dans une édition imprimée ou sur l’écran n’est pas lire le même livre.

She Said Unprintable Things sur Flickr

La mobilité a permis à la lecture numérique de retrouver une part nouvelle de son expérience. Comme le livre papier, les ordinateurs mobiles qu’ils soient téléphones ou tablettes ou d’autres supports de lecture transportables, offrent une nouvelle dimension dans cette expérience. Intime. Le livre numérique tient au creux de la main, on peut le toucher avec le doigt, le caresser, il est possible de le secouer, de le géolocaliser, de changer son aspect, etc.

Le texte linéaire dont la forme est la plus répandue et la plus populaire est le roman, de sa lecture naissent divers récits pour le lecteur, car l’auteur, de son côté, ne peut revenir à rebours. L’auteur s’efface derrière le lecteur. La lecture est l’interaction dynamique entre le texte et le lecteur. 

L’auteur ne sollicite l’interactivité que par jeu, collage, boucles... L’interactivité est l’activité de dialogue entre le lecteur et l’information fournie par la machine qui permet d’utiliser un mode conversationnel. L’œuvre imprimée ne produit seulement qu’une action réciproque, l’œuvre interactive modifie la réciprocité parce qu’un dialogue s’établit, non pas entre la machine et le lecteur mais bien entre l’auteur et le lecteur notamment par l’utilisation des commentaires, des réponses, de la messagerie. 

Le grand avantage de la tablette sur la liseuse c’est qu’elle devient un réel outil de lecture (sous toutes ses formes) et d’annotation (et l’on retrouve ainsi l’échange, le partage du livre, même si aujourd’hui, alors que j’ai acheté un livre numérique, je ne le possède toujours pas en propre, je n’en ai que l’usufruit, j’en suis pas le propriétaire et difficile dans ces conditions de le partager, de le donner comme je pouvais le faire légalement avec un livre). 

She Said Unprintable Things sur Flickr

Ce que l’on peut lire sur une liseuse :

Journal (exemple récent du journal Libération qui propose un export direct pour ses abonnés sur le Kindle, pour une lecture mobile).

Roman (avec la généralisation de l’ePub en standard et la disparition progressive du pdf, on peut aussi bien lire des textes romanesques de lecture longue, qui demande immersion dans le récit et fluidité de l’outil pour y parvenir dans les meilleures conditions) qu’ils soient homothétiques ou 100% numériques.

Ce que l’on ne peut lire que sur une tablette ou un téléphone portable :

Les livres-applications, les revues et les magazines, Les ouvrages 100% numériques innovants (avec images, vidéos, sons, cartes, intéractions, etc.), les ouvrages qui proposent une lecture aléatoire du texte, une autre façon de découvrir un récit, les livres photo, les portfolios.

Quelques exemples d’objets de lecture numérique :

M Magazine :

L’actualité de la semaine et les tendances mode, style de vie, beauté.
Des contenus inédits : des vidéos, des images à 360°, des interviews, des galeries photos... enrichissent la lecture de M, le magazine du Monde.

Polka, le Magazine du photojournalisme :

Polka Magazine développe une politique éditoriale de production exclusive des reportages. Bimestriel. Aux récits photographiques, preuves visuelles de l’actualité, s’ajoutent les textes des envoyés spéciaux et les articles de grandes signatures.

Chaque photo a son histoire, Polka la raconte sur trois supports : papier, murs d’exposition et numérique.

Fréquences :

Un livre de Célia Houdart conçu comme une application autonome pour iPhone, qui ne dépend d’aucun standard. 


Après une première version scénique de ce texte d’abord conçu comme un livret d’opéra (création en octobre 2004 au Temple allemand de La Chaux-de-Fonds, Suisse) (Musique : Claude Berset. Mise en scène : Fabrice Huggler)(Fondation Beaumarchais-art lyrique), Célia Houdart, auteur de livres publiés par les éditions P.O.L. a voulu poursuivre l’exploration de ce texte en imaginant avec André Baldinger, Sébastien Roux, Graziella Antonini et Martin Blum sa diffusion sur une autre scène, qui serait à la fois comme un petit cinéma lettriste, une fiction radiophonique, un livre électronique inclassable. 

Composition n°1, de Marc Saporta :

Avec Composition n°1, de Marc Saporta lancée pendant l’été sur l’ibookstore d’Apple pour l’iPad par l’éditeur anglophone Visual Editions, ce dernier montre « qu’un dispositif de 148 fragments narratifs peut engendrer 148x147x146, etc. combinaisons possibles. » Le lecteur peut ainsi construire 5,7 10262 lecture d’un roman en mouvement.



« Pas possible d’entrer dans l’invention sans expérimenter directement l’invention de ce nouveau lire/écrire dans toutes ses formes, écrit François Bon, et notamment dans l’impossible division, désormais, du site et du livre, de nos blogs, carnets et des formes plus stables que nous lançons en circulation sous le nom de livre numérique. »

C’est ce qu’on expérimente au quotidien dans nos sites. Depuis longtemps l’écriture numérique est une écriture fragmentée, fonctionnant par série et récurrence, élaboré directement au format html, avec ajout systématique de photographies, de vidéos et de sons, enchevêtrement et résonance de tous ces médias entre eux. Les textes sont reliés les uns aux autres par de très nombreux liens hypertextes permettant circulation et lecture non-linéaire, ainsi que par des mots clés.

Même si le lecteur a la possibilité de choisir entre plusieurs variantes possibles, la structure du texte est définie en amont par l’auteur. Ce qui change, c’est que le plan n’est plus linéaire mais établi suivant un quadrillage, une arborescence. Dans l’article qu’il consacre à Peter Meyers d’O’Reilly Media qui s’est lancé dans l’écriture d’un livre, Breaking the Page (Casser la page), où, en ligne, billet après billet, il pose des questions percutantes sur la conception de nos livres numériques, Hubert Guillaud rappelle sur son blog que son propos est d’interroger ce qu’on peut faire avec le livre numérique et qu’on ne peut pas faire avec le livre imprimé.

Aléatoire, versatile, déconstruite, virtuelle, non-linéaire, transitoire. Les mots pour décrire l’écriture numérique et ses spécificités ont tous des consonances négatives.

Pourtant, comme on peut le voir avec les exemples à suivre, la variété des pistes envisagées par les créateurs (en littérature adultes ou jeunesse) est encourageante et vivifiante.

La corde à linge de Jean-Jacques Birgé sur Publie.net

« C’est un livre qui se lit sur écran, décrit son auteur Jean-Jacques Birgé sur son site, dont les 47 photographies en couleurs font partie intégrante du récit et que le son vient éclairer d’un jour nouveau. D’une certaine façon ce premier roman pourrait aussi répondre à la dénomination d’un drame musical instantané ! »

Une autre série d’ouvrages utilisent de manière beaucoup plus classique cette fonctionnalité de la musique dans le récit. C’est notamment le cas de l’application Hybrid’Book : .

Hybrid’Book :

Invitation à la lecture par le biais d’un accompagnement sonore original, fait d’ambiances sonores et de musiques.



Proposition moins bien aboutie que chez Jean-Jacques Birgé, où la musique est partie prenante du récit publié, ou bien encore que du rôle de la musique dans la revue de créationd’ici là dont Valentin Burger écrivait dans son mémoire consacré à consacré à Publie.net un autre visage d’internet :

« Ce n’est pas seulement la linéarité qui est repensée, c’est aussi la temporalité même de la lecture : un fichier mp3 est téléchargeable avec la revue, qui mêle des ambiances sonores, des morceaux de musique, des lectures ; le lecteur est ainsi mêlé à un temps de lecture et de défilement qui n’est pas le sien propre : il assiste à une ouverture du texte, à un déploiement d’éléments. »

Autre livre numérique où la musique joue un rôle central, c’est L’homme volcan, Dans cet ouvrage du chanteur du groupe Dionysos, Mathias Malzieu, le texte défile, entrecoupé de magnifiques planches illustrées. Ce qui donne à cet ouvrage son caractère unique, c’est la manière dont se conjuguent le texte, les images (illustrations magnifiques de Frédéric Perrin) et la bande originale. L’homme volcan raconte l’histoire d’Elisa, une petite fille qui perd tragiquement son petit frère dans un volcan. Elle le voit réapparaître plus tard sous les traits d’un être minuscule et incandescent, un petit fantôme sur son oreiller. Elle est contée avec une proportion parfaite de différents médias. Si le texte occupe la majeure partie de l’application, il est agrémenté que plusieurs planches animées magnifiques.

« Contrairement à d’autres livres interactifs sur iPad, précise Clément Monjou sur ebouqun.fr le lecteur n’est pas invité à interagir à chaque page. Pas de gestes particuliers à réaliser pour lancer une animation, voir un élément surgir. Rien de tout cela. La navigation se fait d’un simple geste de la main. D’ailleurs, Actialuna a pris le soin de placer le texte uniquement sur la première moitié de chaque écran, pour éviter que la prise en main vienne interférer avec le texte. L’immersion est complète. »

Poreuse, Juliette Mézenc, Publie.net

On peut toujours tenter de décrire Poreuse « techniquement », comme une expérience, un jeu de fragments agencés, une narration détournée en marche latérale, bonds et rebonds, écarts, avec des sauts de science fiction, une creusée de chemins labyrinthiques.

C’est peut-être la première chose qui viendra à l’esprit du lecteur, d’être emmené sans heurts dans des directions neuves, de liens en liens, la curiosité de se perdre, d’être perdu, de retrouver des marques, de se déplacer finalement dans un tout autre environnement que prévu.



Ce qui surprend à la première lecture de
Ah.

c’est plutôt la rareté. « Le livre est assez court, écrit Marie-Anne Paveau sur son blog : Technologies discursives certains lecteurs critiques en font d’ailleurs un défaut, mais c’est ce exactement ce qui correspond à cette nouvelle lecture au doigt et à l’œil. »

« Ah., histoire d’amour imaginée à partir d’échanges menés sur les réseaux de rencontre, telle que la décrit Emma Reel sur son site, a d’abord été une narration déployée sur une douzaine de blogs déployés en réseau, accessibles le plus souvent sous mot de passe. Douze nouvelles composent une déclinaison d’archétypes de la séduction, à travers les représentations de soi aperçues sur Internet et le prisme de quelques figures romanesques. »

Emma Reel prend le risque de frustrer son lecteur en lui proposant peu d’histoires (il lui aurait été facile j’imagine d’en ajouter), mais des histoire qu’il peut lire à sa guise, en entier ou non, et lier, dans l’ordre ou le désordre. Et c’est bien là qu’est tout l’enjeu de cet ouvrage subtil. Dans cette répétition. Si nous lisons l’ouvrage dans sa continuité, nous découvrons des histoires sans lien apparent les unes avec les autres. Si l’on accepte la lecture hypertexte, la possibilité d’interrompre notre lecture brutalement en cours de chapitre (parfois même en cours de phrase), nous sommes renvoyés à un autre chapitre, et les histoires se mettent à résonner les unes avec les autres, sous forme d’échos et de correspondances kaléidoscopiques.

Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, Pierre Ménard, Publie.net.

Le texte peut se lire comme un texte poétique sur l’écriture, de façon linéaire (du premier au dernier atelier, mais on peut aussi les lire de façon non-linéaire. Mais ce texte poétique qui reprend l’ensemble des pistes d’écriture proposées lors des ateliers, permet, en cliquant sur le titre de l’ouvrage et de son auteur, d’ouvrir une nouvelle fenêtre tout en restant à l’intérieur de l’ouvrage (sans en interrompre la lecture comme cela arrive trop souvent avec des liens qui obligent de sortir de l’outil de lecture pour se connecter à Internet), et de permettre la découverte de l’intégralité des 365 ateliers d’écriture mis en ligne initialement sur Internet, comprenant la présentation du texte, de son auteur, un extrait, des liens pour en savoir plus sur ce texte, ainsi que la consigne d’écriture.

Webobjet, d’Alain François sur Publie.net : Un an de journal quotidien. Mais pas de n’importe quel journal : Alain François est artiste plasticien et photographe. Il a 41 ans. Il se donne un an pour une mise en cause complète, retour à l’université, à la lecture.

Webobjet était un site expérimental réalisé dans le cadre d’une reprise d’étude tardive. Webobjet se présentait sous la forme d’un récit hypertextuel constitué de « grandes pages » faites de bribes de souvenir et dont une en particulier publiait le journal d’une année de Master2 (littérature numérique).

Aujourd’hui, il ne reste presque plus rien du Webobjet expérimental. Il a perdu une bonne part de sa complexité hypertextuelle originelle, et l’une de ses parties est donc éditée chez Publie.net au format ePub (qui permet de proposer un équivalent de la richesse du réseau de liens)



Revue d’ici là, Publie.net

Valentin Burger : « La différence entre de tels dispositifs préprogrammés et les propositions de la revue d’ici là résident dans une dissociation retrouvée entre programmation et écriture : en commandant les textes à un collectif, en se faisant lui-même éditeur et directeur, Pierre Ménard distingue ainsi ces deux activités pour restituer au texte son autonomie. Chaque élément pouvant ainsi être considéré isolément, et l’élément unificateur étant une thématique découlant de la citation d’un écrivain, il réancre la problématique littéraire dans le programme, qui alors sert avant tout à désorienter le lecteur plus qu’à le guider. Les propositions de liens hypertextes ont pour but de rendre aléatoire le rythme de la lecture, c’est-à-dire de rendre au lecteur sa faculté d’errance, plus déterminée (idéalement) par aucun format ni parcours tracé : il est significatif à ce titre que le numéro 5 ait pour thème la sérendipité, « ce qu’on trouve sans le chercher », avec pour appui les vers de Jacques Brel : « Le cœur est voyageur, l’avenir est au hasard ».



Shanghai Nø City Guide, Urbain, trop urbain — La revue de villes

Urbain, trop urbain — La revue de villes vise à créer un univers de rencontre avec une ville. Univers porté par toutes formes d’écritures numériques, celles qui nous permettent aujourd’hui de tracer des chemins de traverse entre les partitions, scientifique, littéraire et artistique. Rencontres résolument individuelles, et parfois délinquantes au regard des genres que s’imposent les « disciplines » et les systèmes de légitimité qu’elles se forgent.

Le premier numéro est consacré à Shanghai. Le prochain numéro, en cours d’élaboration, aura pour destination Istanbul.

50 auteurs venus de toutes disciplines : architecture, urbanisme, photographie, arts numériques, littérature, sociologie, géographie, etc…

Walrus : Livres enrichis

Walrus est un studio de création et d’édition de livres numériques spécialiste de l’ebook multimédia.

Je suis Rage, de Guillermo Alverde, leur première édition, explore de nouveaux usages aux résultats surprenants. La couverture vidéo plonge le lecteur dans l’univers de l’auteur. L’intégralité de son travail est présenté : passages avant réécriture, scans du cahier de travail, fins alternatives, etc.



L’instant T, Louise Imagine, Publie.net

L’instant T est le premier volume d’une collection de livre photo, Horizons, lancée sous la houlette de Louise Imagine qui l’inaugure ici, avec un premier titre : L’Instant T. Ce livre est n’est pas un simple portfolio, mais un voyage d’une trentaine textes brefs et de photographies réalisées avec des films Polaroïds expirés, des pellicules périmées qui permet cet étonnant travail d’un surgissement de présence, dont on a pu suivre en ligne les premières apparitions sur le blog éponyme : Instant T.

L’édition jeunesse est plus que jamais un laboratoire pour l’innovation :

Comme à l’époque du CD-Rom, de nombreuses applications ont été créées en direction du jeune public. Ces applications font de l’édition de livres jeunesse l’un des secteurs des plus actifs dans l’édition numérique. « À la fois des succès de presse et des succès commerciaux, écrit Clément Monjou sur ebouquin.fr, ces ouvrages pêchent souvent par des choix éditoriaux qui laissent l’oeuvre sombrer dans l’hyperinteractivité, dans une pyrotechnie d’effets visuels qui desservent la lecture. »

« Les albums pour enfants ont toujours été à l’avant-garde, écrit Frédéric Kaplan. Techniquement d’abord, les concepteurs d’albums et les imprimeurs ont toujours rivalisé d’ingéniosité pour expérimenter de nouveaux formats de livres, pliables, tirables, colissables, en relief, bruités, machinisés… C’est aussi dans ce domaine qu’ils sont les plus audacieux narrativement, explorant sans cesse de nouvelles manières de construire des récits. Autant d’innovations qui trouvent parfois leur place dans les autres secteurs, beaucoup plus traditionnels et conservateurs, de l’édition. Ce n’est donc pas un hasard, si dans le monde de l’édition digitale, les livres pour enfants sont aujourd’hui ceux qui explorent avec le plus de créativité les possibilités offertes par les nouvelles interfaces de lecture. Nous avons vu depuis quelques mois des « livres » qui réagissent à l’orientation des tablettes, à la manière dont le lecteur les « secouent ». Les personnages de leurs histoires s’animent. Tirettes digitales, effet pop-up et autres possibilités inédites se déclenchent sous la pression des doigts des jeunes lecteurs. Ici encore, les albums pour enfants constituent le laboratoire où s’inventent les nouvelles manière d’interagir avec les publications digitales. »

Dans mon rêve : e-Toiles éditions.

Une création originale, écrite et illustrée par Stéphane Kiehl, pour les enfants à partir de 3 ans. Une expérience de lecture onirique et de poésie combinatoire tactile.

À l’écran trois bandes. Elles composent une image et un poème. Chaque bande correspond à un fragment de poème et glisse horizontalement, laissant la place à une autre bande, qui vient composer une autre image et un autre poème.

Entre Oulipo et cadavre exquis, entre Cent mille milliards de poèmes et combinatoire, entre Raymond Queneau et poésie jubilatoire, Dans mon rêve fait penser à certains livres pour enfants conçus sur le même principe (on pense notamment à Ma petite fabrique à histoires ou à Ma grande marmite à merveilles. Et le tactile, sans innover particulièrement ni renouveler complètement le genre, s’y prête évidemment particulièrement bien.
L’application dispose aussi d’un mode « nuit », qui rend l’ensemble encore plus magique parfois.

Lulu Australie : Zanzibook.

L’Australie de Lulu est un livre interactif, avec des animations, des mini-jeux, une narration chaleureuse, des dialogues cocasses, des bruitages réalistes, des musiques originales, des graphismes très riches.

Lulu et son chat Zazou sillonnent l’Australie du nord au sud, en camping-car. Us et coutumes locales, décors magnifiques, jeux étonnants… Une aventure pour globe-trotters en herbe.



Le papier et livre sont des interfaces extraordinaires qui peuvent maintenant être utilisées pour contrôler avec précision n’importe quel système informatique. Ce que les QR Code ont popularisé. Le code QR est un type de code-barres en deux dimensions constitué de modules noirs disposés dans un carré à fond blanc. Destiné à être lu par un lecteur de code-barres, un téléphone mobile, un smartphone, ou encore une webcam, il a l’avantage de pouvoir stocker plus d’informations qu’un code à barres, et surtout des données directement reconnues par des applications, permettant ainsi de déclencher facilement des actions comme :

naviguer vers un site internet, ou mettre l’adresse d’un site en marque-page ; faire un paiement direct via son cellulaire (Europe et Asie principalement) ; ajouter une carte de visite virtuelle (vCard, MeCard) dans les contacts, ou un événement (iCalendar) dans l’agenda électronique ; déclencher un appel vers un numéro de téléphone ou envoyer un SMS ; montrer un point géographique sur Google Maps ou Bing Maps ; coder un texte libre ;

Ils constituent peut-être l’avenir de nos écrans tactiles. Un livre relié permet d’organiser une séquence d’activités dans le temps et l’espace. Loin d’un recul, ce serait le retour de la fonction « architecturante » et des qualités ergonomiques du codex.

Les éditions Volumiques :

L’Atlas plus (Milan Jeunesse) est un atlas visuel en grand format pour parcourir le monde : géographie, économie, vous y retrouvez les grandes thématiques d’un atlas classique mais aussi l’essentiel sur la nature, la culture, la vie des hommes.

Cet Atlas peut aussi s’utiliser avec un iPhone ou un iPod Touch à partir de l’application « Atlas plus Wapiti nature » dans l’App Store.

Quand on pose l’appareil sur le livre : comme par magie, l’extrait de la page sur laquelle il est posé apparaît à l’écran. En Choisissant le sujet qui nous intéresse on l’effleure du doigt : photos, vidéos, animations, infos surgissent à l’écran…

Le livre qui disparaît :

Le livre qui disparaît est un prototype de livre qui devient illisible vingt minutes après sa première ouverture. À compter de sa première ouverture le papier commence à noircir définitivement, rendant peu à peu sa lecture impossible.

À l’ouverture une résistance placée dans la reliure chauffe le papier thermosensible (papier fax). Les pages noircissent en 20 minutes. Le procédé étant définitif, le livre impose au lecteur un rythme de lecture.



Frédéric Kaplan décrit Les trois futurs des livres-machines :

A. Les livres deviennent des ressources standardisées dans le système encyclopédique global.

B. Les livres se réinventent sous la forme d’applications fermées et immersives.

C. Après les écrans, les livres papiers deviennent des interfaces structurantes
pour accéder à l’ordinateur planétaire.

« Certains éditeurs, écrit-il, vont réaliser qu’ils ne publient pas simplement des livres ou des magazines mais qu’ils gèrent en fait des corpus encyclopédiques. Ils vont les exploiter numériquement en explorant de nouveaux modèles commerciaux, sans doute à terme basé sur la gratuité. D’autres se spécialiseront dans une industrie multimédia de qualité, assez proche dans sa logique économique du monde du cinéma, mêlant potentiellement papier et digital. Ce seront probablement eux les véritables explorateurs des nouvelles potentialités du livre devenu machine. »

« Le numérique affecte la façon dont on écrit aussi bien que celle dont on lit, nos bibliothèques comme la trace que nous laissons parmi les autres. » La façon dont on écrit.

La tablette est devenue pour moi l’outil d’écriture et de lecture.

Vient le moment de détourner petit à petit le livre numérique et de proposer ainsi progressivement de nouvelles façons de lire, adaptées à la mobilité, à l’écran, à l’interactivité.

Modifier les habitudes de lecture par une navigation incertaines, instaurer un nouveau rapport à l’auteur, permettre au lecteur de basculer du texte à une lecture audio, ou vidéo, concevoir des fictions sans chercher à rivaliser avec la lecture d’un livre mais s’en démarquant tout à fait, proposer une véritable écriture multimédia, développer l’écriture en fonction du numérique, et soutenir la notion d’auteur pluriel, etc.


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