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Collection Ouvrez ! sur Publie.net

Chaque vendredi, deux textes d’entre 25 et 40 pages propulsés chacun pour 0,99€. Cette nouvelle collection de récits contemporains sur Publie.net vient d’être lancée, elle a pour nom : Ouvrez !

En même temps, de Charles Dionne sur Publie.net

Le premier texte de cette collection est En même temps de Charles Dionne.

À partir d’un banal accident de vélo, c’est toute la ville qui défile, la vie chamboulée, récit en roue libre à la Thomas Berhnard.

Charles Dionne est un auteur québécois. Il vit à Montréal. Le récit d’une terreur passagère est son premier roman. Parallèlement à ses études en littérature à Montréal, il travaille sur différents projets de recherche sur la littérature québécoise et française. Il collabore à différentes revues (participation aux numéros 6 et numéros 7 de la revue d’ici là sur Publie.net notamment) et co-fonde (avec Fabrice Masson-Goulet) en février 2012 Poème sale, webzine qui s’intéresse exclusivement à la poésie contemporaine.

Présentation de François Bon :

Un banal accident de vélo dans une rue de Montréal. Une chemise déchirée, une roue tordue. Mais alors toute la journée s’en va de travers, les pensées aussi, tout au long de la nuit blanche qui suit. Charles Dionne dit qu’il est parti simplement de ce qui lui est arrivé, et qu’il lui était impératif de descendre dans cet instant. S’ensuivent cinq jours d’écriture, le surgissement de la ville et son bruit, une seule densité continue d’écriture, étrange comme cette poutine dévorée dans le milieu de la nuit, à 2 heures du mat.

Page iPad de "En même temps", de Charles Dionne sur Publie.net

Deux extraits du texte de Charles Dionne :

« Mon grand-père est revenu de l’hôpital avant que j’arrive. J’ai voulu le prendre dans mes bras comme on prend un enfant. J’ai simplement posé ma main sur son épaule. Il s’est assis seul sur son vieux divan et il a compris. Qu’il ne restait plus grand-chose de 1967. Je l’ai vu déposer son index sur sa bouche fermée. La vie est palpable, un peu, chez ceux qui la voient partir. Je ne sais pas s’il m’a appris quelque chose. Mon grand-père. Il n’y a rien, vraiment, à apprendre en banlieue. Tourner en rond dans sa cour. Le lendemain, en vélo, une voiture m’a foncé dessus. Par accident. Le propriétaire d’un dépanneur m’a offert une bouteille d’eau. Je n’avais pas soif. J’ai pris un bain brûlant. À la mi-août. Pour que mes égratignures rougissent et que je comprenne mieux où j’allais avoir mal le lendemain. Mon vélo est verrouillé loin d’une station de métro, déformé. La tête submergée dans l’eau du bain, les sons rappellent les bandes sonores de David Lynch. »

« Tourner en rond dans la ruelle. Je suis encore fatigué. Malgré tout ça. Peut-être à cause de tout ça. La fin de semaine commence vendredi, 17 heures. Je fume quand je bois. Je bois uniquement la fin de semaine. Je fume la fin de semaine. La fin de semaine, je bois et je fume. Les nouvelles règles de ceux qui tentent d’arrêter de boire et de fumer. Je me sens rempli de fraicheur les jeudis. Et j’apprécie de moins en moins les samedis et dimanches matin. Je ne remarquais pas la douleur dans l’œsophage avant. Il faut s’en séparer un peu pour la sentir vraiment. Ne subsiste pour moi que les films qu’on écoute à midi ou à minuit, les livres lus pour lire, les repas qu’on commence à cuisiner à 15 heures et qu’on mange à 22 heures, les sourires portés sans raison, le vent dans les feuilles de juillet, les dimanches passés enroulé autour du corps de Léa et des couvertures, la route prise pour le mouvement, les invités qui arrivent à 23 heures, le soleil à travers les rideaux blancs, les gens à qui on parle pendant trois heures et qu’on ne revoit jamais, embrasser lentement Léa, la ville, la campagne, la montagne, l’envie d’ouvrir un bar et une ferme en même temps, ce qu’on écrit sur les sous-verres des bars, les éclairs et le tonnerre sans pluie, la tranquillité d’un lac à 5 heures, l’idée d’un jour vieillir, l’alcool. L’alcool. Oui. Mais moins. L’œsophage moins triste. Tout de suite après mon accident de vélo, j’ai engueulé le chauffeur de la voiture. Et puis j’ai repris le fil de mes pensées. »

C’est l’occasion bien sûr de reprendre des versions epubs solides de textes déjà en ligne, comme le rappelle François Bon sur son site :

10 fois en moyenne, Sarah Cillaire, sur Publie.net

10 fois en moyenne, Sarah Cillaire "une femme part en moyenne dix fois avant de partir"

Le temps est un grand maigre, Dominique Quélen ou comment voyage une phrase, de Balzac au poème

Les prunes de Tirana, Michèle Kahn Une délégation d’écrivains français en Albanie, à la veille de l’effondrement du bloc socialiste.


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