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Ateliers d’écriture à Sciences Po Paris : la ville à l’écoute n°7 et n°8

Une série de douze ateliers d’écriture durant le deuxième semestre des étudiants en première année de Sciences Po, ayant pour but de procéder à l’écriture collective d’une pièce sonore sous la forme d’un récit urbain (entre audioguide, audiolivre et dérive urbaine situationniste).

Les objectifs pédagogiques et les contenus des ateliers artistiques sont définis en adéquation avec le projet éducatif de Sciences Po : développer l’imagination créative, le sens de l’observation, l’analyse critique, la capacité à s’exprimer en public et à argumenter ; l’aptitude à la prise de responsabilités et à l’autonomie, la faculté à susciter une pensée originale et décentrée et le sens du collectif.

Vue sur l’île d’If depuis l’île de Ratonneau dans l’Archipel du Frioul à Marseille en mars 2013

Ces enseignements invitent les élèves à s’interroger sur les arts en tant que moyens d’étude, d’approfondissement et de représentation des enjeux contemporains. Ils cherchent, en outre, à stimuler la sensibilité, les facultés de communication et l’acuité intellectuelle de nos étudiants, lesquels sont encouragés à libérer leur imaginaire, à explorer leurs capacités d’expression écrites, orales, sensorielles, corporelles, la connaissance d’eux-mêmes et de l’autre.

Le but de cet atelier est de sensibiliser les élèves à l’écriture créative et de les amener progressivement de la sensibilisation vers la création d’un texte dans sa dimension sonore. Pour cela, ils découvriront un ensemble d’auteurs contemporains utilisant le son dans leur écriture ou la diffusion de leurs textes, et ils apprendront également à créer, enregistrer et manipuler des sons, bruits de la ville ou lectures de textes écrits en cours, à élaborer le scénario d’une pièce sonore collective sous la forme d’un récit urbain (entre audioguide et dérive urbaine situationniste).

L’île de Ratonneau dans l’Archipel du Frioul à Marseille en mars 2013

« Dès que l’occasion m’est donnée, je m’échappe. Un mot, une phrase évocatrice et je sors du cadre de la page. Au grand diable, la lecture linéaire, je veux creuser dans le mot. Le doigt appuyé sur le papier ne fonctionne pas. Insérer le carnet sur la page afin de sélectionner le texte et de créer un lien… impossible. Rage, frustration. Je quitte le livre et je cours vers la rêverie. Je cherche les mots, amène d’autres textes que j’aimerais lier encore un peu plus loin. »

Karl Dubost [1]

Lors de cette séance nous allons travailler sur la notion d’échantillonnage ou sampling, c’est à dire en utilisant des samples pour la création de nouvelles compositions, ce qui permet de renouveler le matériau sonore.

Cette notion, les élèves l’abordent à leur manière entre les séances d’écriture, chez eux, individuellement, lorsqu’ils travaillent sur la création de capsules miniatures qu’ils réalisent à partir d’une sélection de documents sonores issus de la collection de l’Encyclopédie de la parole, sur le mode plaisant de la dérive et de l’association d’idées, pour former une promenade en zig-zag à travers ses différentes entrées.

Lors de cette séance nous allons travailler sur Hôtel Robinson, le deuxième album issue de la collaboration d’Olivier Cadiot et Rodolphe Burger, paru en 2002 chez Dernière bande.

Et plus particulièrement ce morceau Totem et tabou :




Après s’être croisés autour d’Alain Bashung pour le titre Samuel Hall, Olivier Cadiot et Rodolphe Burger ont commencé quelques expérimentations comme Hôtel Robinson.

Celui-ci mélange des interviews et des prises de sons enregistrées pour l’occasion sur l’île de Batz en mars et mai 2002, samplées et mixées par Olivier Cadiot, des musiques et chants de Rodolphe Burger ainsi que d’autres matériaux sonores, notamment une interview de Henry Miller sur "Hôtel Robinson" et un cours de Gilles Deleuze sur "Je nage".

L’hôpital Caroline sur l’île de Ratonneau dans l’Archipel du Frioul à Marseille en mars 2013

J’ai animé plusieurs ateliers de création autour de cette pièce sonore, notamment à l’Astrolabe de Melun.

Le duo Olivier Cadiot, écrivain, poète, et Rodolphe Burger, guitariste, compositeur, arrangeur dans l’émission L’atelier du son de Thomas Baumgartner, sur France Culture : nouvelle géographie sonore.

Proposition d’écriture :

À partir d’un souvenir personnel très fort (un moment de bonheur, un éclat de rire, une déception, une rencontre, une amitié, une douleur) lié à la ville, tenter de le décrire avec sept phrases pas plus, en essayant de tourner autour.

Chaque phrase dans ce morceau est une pièce, sept suffisent à composer une histoire :

1. Décor de la scène. 2. Un détail anecdotique (dans ce décor) qui vous revient en mémoire. 3. Le moment de votre vie où cela vous est arrivé. 4. La scène comme vous la décririez dans un premier élan (l’émotion ressentie). 5. Le contexte familiale dans lequel elle s’inscrit. 6. La scène vue sous un autre angle que la première fois, comme si quelqu’un d’autre l’avait observée et la décrivait. 7. Ce que l’on retient de ce moment avec la distance et le temps qui nous en sépare.

Déroulement de l’atelier :

Pendant que j’enregistre individuellement chaque étudiant, les autres écoutent la sélection de bande sonore que je leur propose à l’écoute, chacun devant choisir sa musique. Quand l’enregistrement est terminé avec l’étudiant, le placer sur son ordinateur pour qu’il puisse commencer le mixage de son enregistrement (découpage et montage) avec la musique qu’il a choisi.

Un exemple personnel :




Les réalisations des élèves en 2013 :




Les réalisations des élèves en 2014 :




[1Karl Dubost, Fuir les lignes | La Grange


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