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Au lieu de se souvenir (Semaine 49 à 52)

Chaque mois, un film regroupant l’ensemble des images prises au fil des jours, le mois précédent, et le texte qui s’écrit en creux.

« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” ».

Jorge Luis Borges, Fictions


Ignorer où l’on va mais choisir d’y aller. L’incertitude est un espoir quelquefois. Chaque jour différent. Des lignes d’impulsion qui composent une course sans fin. C’est ce qui manque que j’aimerais donner le plus et le donner manquant. Savoir quand le désir tranche. Un écartèlement dans le corps. Frôler la proximité, se laisser engloutir. Ce n’est pas seulement invraisemblable, c’est inacceptable. La question qui s’impose alors est celle de savoir comment inscrire cet inattendu. C’est une façon de mesurer le temps. Avec les moyens du bord.

Corps pris aussi bien dans sa masse que dans ses multiples failles, dont le but, à la fois ultime et pourtant définitivement provisoire, serait de faire gros le silence. Dans la nuit de la chair, le corps ça fait paysage, un chemin à suivre. Avec mes yeux je ne vois rien, dans mes oreilles, un bourdonnement. Mais il ne faut pas moins revenir à la projection d’un avenir, d’une union future. Un jour on s’arrête, saisi par la foison des pistes. La nécessité des traces. On s’arrête au bord de quelque chose. En méandres et en déchets. J’ai l’impression d’avoir existé au moins.

Deux forces règnent sur l’univers : lumière et pesanteur. Qui sait, personne ne sait l’extrême pauvreté de mes visions. Ce n’est pas grave, on perd du temps là. Conscience qu’une personne a d’elle-même. Dans la ressemblance ce qui n’est pas l’original. Il y a encore des failles dans l’enchaînement logique des preuves. Le cours des choses, l’ordre des mots à chaque instant. Toute l’histoire de cet écheveau complexe, impossible de démêler toute l’histoire de nos divisions.

Percevoir dans l’obscurité du présent cette lumière qui cherche à nous rejoindre et ne le peut pas. Déplacée jusqu’ici. Suivre le procédé au moment où il se produit. Comme un rébus variable. En vrac. J’ai l’impression de moins disparaître à mes yeux. Cependant la peur marque durablement les visages. L’expérience d’un plongeon, un jet de lumière, de couleurs aimées. C’est la mémoire qui fait votre identité, si vous avez perdu la mémoire, comment serez-vous le même homme ? Penser le long terme c’est peser au delà du regard.


LIMINAIRE le 19/04/2024 : un site composé, rédigé et publié par Pierre Ménard avec SPIP depuis 2004. Dépôt légal BNF : ISSN 2267-1153
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