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Sable et solde | 13

Une seule chose était étrange : continuer à penser comme avant, savoir.

Depuis plusieurs jours dans le café dans lequel je déjeune quotidiennement la musique diffusée ne provient plus de la même radio. Celle-ci diffuse désormais de la variété et de la chanson françaises que je n’écoutais plus depuis très longtemps. Et tous les midis je me rends compte tout en mangeant que je tends l’oreille pour écouter les paroles de ces chansons dont la musique, la mélodie sont bien inscrites dans ma mémoire. Et j’avoue que je trouve cela assez plaisant.

Ce matin je retourne courir du côté de Pantin pour voir comment la ville s’y transforme comme je l’imaginais quelques mois plus tôt, j’y pensais d’ailleurs en me promenant à Brooklyn, notamment à Greenpoint, sentant dans certains endroits de ces quartiers une grande proximité avec des villes de la proche banlieue comme Pantin ou Montreuil en pleine mutation. Le 5PointZ rappelant fortement le bâtiment des Douanes de Pantin et ses murs recouverts de graffitis dans la couleur du jour.

Sur la coque noire d’une péniche accostée quai du canal de l’Ourcq, quelqu’un a écrit à la craie cette magnifique phrase : "J’ai douté des détails, jamais du don des nues."

La force de cette phrase vient transformer tout à coup le paysage que j’ai sous les yeux, et m’y métamorphose radicalement, me transportant ailleurs, non pas dans un autre lieu, mais à un autre moment, un temps à inventer :

Des corps, des esprits me reviennent Des décors, des scènes, des arènes Hantez, hantez, faites comme chez vous, restez.

Je poursuis mon chemin, la destruction de la Blanchisserie Élis commencée en février est terminé. Dans le quartier de très nombreux immeubles ont été démolis. Pantin est en pleine mutation. La ville se transforme en nous.

En revenant sur mes pas, je traverse le Parc de la Villette et découvre l’œuvre de l’artiste japonais Tadashi Kawamata qui invente et fabrique avec du bois, du carton ou des matériaux de récupération des installations un peu partout dans le monde. Il installe entre avril et juin, une Collective Folie au Parc de la Villette, une tour d’une vingtaine de mètres de hauteur, construite lors de workshops avec des étudiants, des lycéens, des habitants du quartier, qui se métamorphose jusqu’en août 2013 où elle sera détruite.

Dialogue entre art et architecture, la tour prend forme au fil d’accumulations, dans le partage d’idées et d’efforts avec Tadashi Kawamata, pour assembler les pièces de bois, matériau naturel, recyclable ou recyclé, qu’il affectionne. Cette démarche participative est essentielle selon lui, pour qui la pertinence d’une oeuvre réside dans l’expérience qu’elle génère. Le public est invité à ressentir un nouveau rapport à l’œuvre et à l’environnement, Collective Folie étant avant tout une œuvre à vivre.

J’ai douté des détails, jamais du don des nues...

Photographie Planche-contact du samedi 26 mai 2012, 17h20, Galerie de l’Ourcq, Parc de La Villette, Paris 19ème


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