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Au jour le jour #14

XIV

Temps gris. J’apprends la mort du compositeur japonais Ryūichi Sakamoto. C’est comme une panne de son, un arrêt sur image, quelque chose surgit qui était déjà là. Feuilleter doit être un peu comme respirer à fond. Symétries, coïncidences, répétitions, effets de miroirs, écrans. Caroline et Alice terminent la lecture de Rien que les heures.

Lassitude. Confusion. Changement de kiné. Méthode différente pour soigner ma tendinite. L’impression que cela ne s’arrêtera jamais. Beau ciel bleu, vent froid qui tombe en fin de journée. Marcher pour faire le vide. Marcher pour oublier. Reprendre le dessus en pressant le pas pour ne plus penser au chemin qu’on emprunte, risquer de se perdre pour inventer un parcours inédit.

Ce moment où, dans la réunion, tu manques de présence d’esprit pour venir à la rescousse d’une collègue qui ne parvient pas à exprimer son idée et la partager avec les autres. Sentiment de solitude. Gêne passagère. Regrets. Certaines tâches répétitives au travail sont parfois apaisantes. Les variations possibles sont innombrables. Sur le point d’éclater.

Une femme âgée portant un masque m’interpelle par mon prénom à la bibliothèque. Elle me remercie très chaleureusement pour le conseil de lecture que j’ai mentionné sur le livre d’Apeirogon, de Colum McCann. Choses qui font chaud au cœur. Cette lumière du jour est le secret du lieu où cela arrive. Nina atterrit à Berlin pour un stage de quinze jours chez l’artiste Elif Saydam. Sans carte bleue ni l’hébergement prévu au départ. L’aventure c’est l’aventure.

Je repousse les derniers préparatifs pour le workshop que j’anime avec d’autres intervenants à l’IUT de Troyes, à l’invitation de Marine Riguet la semaine prochaine, pour poursuivre les corrections sur mon texte. C’est l’image du tamis qui s’impose. L’intérieur avec l’extérieur devenant une partie de moi.

Dans l’atelier ce moment où le groupe prend son autonomie. Des liens se créent, entre tension et complicité, le temps de la séance. Conversation, échange de bons plans. Le bot poétique de Sandro Krasna, créé pour la publication de mon livre Mémoire vive chez Abrüpt, a cessé de fonctionner, depuis le changement de l’API de Twitter qui n’accepte plus les robots. Il fonctionne toujours sur Mastodon.

Bibliothèque fermée pour le week-end Pascal. Je poursuis les corrections sur mon texte. Les images de Nina à Berlin, sous un ciel bleu uniforme font écho à la couleur du ciel parisien. Traversée du Parc de Belleville avec Alice et Caroline. Le duvet des feuilles. Le vert envahit tous les espaces. C’est une nouvelle année qui commence pour moi. Crêperie Rond sur les hauteurs de Belleville. Le serveur plaisante avec nous. L’odeur d’amidon sur mes doigts après avoir épluché les pommes de terre pour le repas du soir.

Au jour le jour : bloc-notes quotidien

Florence, le 6 avril 2017

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