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Se tenir éveillé pour voir

Ces courts poèmes offerts sous forme de petits livres reliés à Caroline pour son anniversaire le 1er janvier ont été découpés façon cut-up dans les pages d’un vieil exemplaire du livre de William Faulkner (traduction de Maurice Coindreau) : Le bruit et la fureur.

1.

tout autour du monde
sur l’imprécis du sable
n’est-ce pas n’est-ce pas
ça ne regarde personne

2.

dans la lumière du feu
fatigué de regarder
les mains dans les poches
je me suis tu.

3.

à l’aube,
pas de bruit,
Tu peux encore le voir
un instant.

4.

façades brisées
terrain vague,
dans le bas de la rue.
« Viens petite ».

5.

plus loin dans le noir
de la langue
le visage renversé
non non

6.

désirs secrets
une flamme tourbillonnante
entendre des murmures
le battement du sang

7.

avec un bruit léger,
tassé et furieux
marcher,
devant la maison

8.

dans le couloir
un trousseau de clés
les yeux sur la serrure
vêtements, souliers, une valise.

9

quelle heure est-il
dans les ténèbres
et par delà ma tête
un peu de folie

10.

mon histoire.
tout le monde
sur la nuque,
une place libre

11.

entendre son cœur
une chose horrible
un long grincement
c’est mon couteau

12.

au lieu de rester
peur de le faire peur
tomber
à tâtons par terre

13.

le champion du monde
clignait de l’œil
heureux le jour
inventé ou non.

14.

soleil en éclairs espacés
laissé à discrétion
ses cheveux blonds,
noblesse oblige

15.

du côté de l’ombre,
sur une chaise inclinée
les yeux noirs,
Tu en veux un autre ?

16.

est-ce que tu l’aimes
le cœur battant
ma main jusqu’à sa gorge
lambeau d’étoffe

17.

Rien qu’en imaginant
dans la fraîcheur de la nuit
cette odeur poignante et morte
chèvrefeuille

18.

se tenir éveillé pour voir
pendant quelques instants
muets à notre approche
la pente les grillons

19.

le bouquet d’arbres
tu le veux
touche-le avec ta main
parmi les saules

20.

dans les rues
un prince qui s’ennuie
cette heure de la nuit
rien de surprenant

21.

tu es trop sérieux
le mal s’accomplir
laisse-le donc
c’est drôle

22.

en ville,
entendre le murmure
luttant pour oublier
la note suivante

23.

sur votre table
lire mes lettres
les bras croisés,
attendre

24.

ici quelque part
les yeux grands ouverts
attends une minute
ici tout près


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