Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.
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Proposition d’écriture :
Au départ, la fascination pour un mot, Aube, pour sa rondeur et douceur, pour ce qu’il a de plein : Aube, d’abord, un point qui s’allume sur la paroi noire, un cercle lumineux dans la nuit, une nébuleuse blanche. Puis, son dispersement, sa fusion dans le jour. A partir de tel manque, imaginer l’intervalle, le passage de la nuit au jour, entre la nuit et le jour. La page vide, blanche, métaphorique est le support, le tableau, le plan où tout apparaît, se forme, se transforme et s’efface, écran mouvant.
Aube, Joseph Julien Guglielmi, éditions P.O.L., 1984.
Présentation du texte :
À la fois fragmentaire et continue jouant sur la durée du poème, sa longueur, tout autant que sur la discontinuité, les écarts et les ruptures nées, entre autres, du surgissement des langues la poésie de Guglielmi se bâtit toute entière sur sa valeur subversive : « vers à vif & acrostiche : / imaginer une feinte / où basculerait la phrase ». Elle privilégie donc, comme en musique, le rythme avant tout, la vitesse de ses accords, parfois violente et sombre dans le vertige de sa chute, parfois ivre de sa jouissance, toujours relancé comme d’une fuite en avant perpétuelle : tentative pour rendre acceptable, peut-être, la finitude. « Ce qui se joue, ici, dans la diversité, ce qui bée, qui jouit du privilège des orifices (donc, ce qui s’échappe), n’est rien d’autre que la mise en acte de la perte du sujet laquelle, métaphoriquement, travaille à mort la métaphysique du livre ».
Cette citation, extraite du recueil d’essais de Joseph Guglielmi intitulé Le Dégagement multiple, pourrait être reprise en exergue de l’ensemble de l’œuvre poétique propre au poète. Œuvre qui, depuis Aube (1968) jusqu’à Origine de la mer (1993), s’écrit, se récrit, s’expand, dans la diversité des livres et des langues, pour converger en un seul chant d’amour et de mort : le mouvement d’une parole hantée par sa fin mais qui ne cesse de redire son désir de vie.
Extrait :
« Je marche
où la lueur recule...
(la fable se défait du temps...
la nuit comme l’aube disperse
le dessin à peine entrevu
que tient « l’intervalle multiple »)
Je ne vois rien
en ce feu extérieur
mais la pluie
lisse et nue
mais le feu sans rencontre ?
un moment le cercle s’éteint
renversement de l’aube inachevable
Toute approche est ici une mort qu’on répète
mais d’où le jour se vide
ne parle qu’un peu plus
de nuit ; le monde qu’en est-il
sinon
la flexion de l’image ?
tout se joue dans l’absence de voir
Je marche
où il n’est rien, dans l’aube
je dis dans l’aube
parce que c’est vide
et blanc dans l’incertitude des lignes
Un regard fonde le discours
et son revers inentamable
le long de ce larmier
dehors
avec la peur »
Auteur :
Né à Marseille de parents italiens (Ligurie), longtemps instituteur, vit et travaille à Paris et à Ivry-sur-Seine. Poète et traducteur, essayiste et diariste, il pratique couramment des lectures publiques de sa poésie et des animations dans le domaine scolaire. Voyages au Japon et aux USA. Nombreux livres avec des artistes : Arman, Groborne, Slacik, Deck, Charpin, Bouderbala, Poivret, Bonnelalbay...
Il a publié de nombreux ouvrages aux éditions P.O.L. : Travelogue (2000), Grungy project (1997), K ou le dit du passage (1992), Joe’s bunker (1991), Le Mouvement de la mort (1988), Fins de vers (1986), Aube (1984).
Liens :
Joseph Julien Guglielmi sur le site de son éditeur P.O.L
Biobibliographie de l’auteur sur le site Poezibao
Lecture et bibliographie sur le site du cipM Récital de poésie de Joseph Julien Guglielmi à l’ENBA de Lyon