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Séance 320

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Tracer le portrait original d’un proche récemment disparu, sous forme d’abécédaire, « en vingt-six angles et au centre absent », centre vide, énigmatique, déchirant, vingt-six petites stèles, à partir des lettres de l’alphabet et des textes qu’on garde chez soi, bribes de mots à romancer, notes ou souvenirs dont on met à jour des fragments, enchâssés dans son propre texte, à l’image du monde morcelé. Une enquête intime, une déclaration d’amour, un hommage, un tombeau.




Personne, Gwenaëlle Aubry, Mercure de France, 2009.

Présentation du texte :

Personne est le portrait, en vingt-six angles et au centre absent, en vingt-six autres et au moi échappé, d’un mélancolique. Lettre après lettre, ce roman-abécédaire recompose la figure d’un disparu qui, de son vivant déjà, était étranger au monde et à lui-même. De « A » comme « Antonin Artaud » à « Z » comme « Zelig » en passant par « B » comme « Bond (James Bond) » ou « S » comme « SDF », défilent les doubles qu’il abritait, les rôles dans lesquels il se projetait. Personne, comme le nom de l’absence, personne comme l’identité d’un homme qui, pour n’avoir jamais fait bloc avec lui-même, a laissé place à tous les autres en lui, personne comme le masque, aussi, persona, que portent les vivants quand ils prêtent voix aux morts et la littérature quand elle prend le visage de la folie.

François-Xavier Aubry s’est enfoncé dans la solitude et la douleur. L’abécédaire de sa fille, Gwenaëlle Aubry, est une tentative pour suivre l’histoire de son père, savoir à quel moment cette histoire s’est brisée, et quel lien, assurément ancien, a manqué à cet homme brillant au point de lui faire tenir à distance une réussite intellectuelle et sociale incontestable et de le rendre étranger à lui-même et aux autres.

Gwenaëlle Aubry nous livre quelques-unes des pages qu’il a laissées et qui l’accompagnent dans son effort pour donner une unité à un moi perdu, puisque depuis longtemps il était perdu pour lui-même et pour le monde. Dans l’accumulation des vieilles photos, des souvenirs de vacances, des clichés le montrant enfant, des bribes de récits de son enfance à elle aussi, puzzle sans modèle précis à reconstituer, elle ne souhaite pas établir une logique, mais cerner la complexité d’un être séparé de lui-même.

Extrait :

« Quand je disais "mon père", cette année-là, les mots tenaient bons, je ne sais pas comment le dire autrement, j’avais l’impression de parler la même langue que les autres, d’habiter un monde commun (alors que d’ordinaire, prononçant ces deux mots, je voyais s’ouvrir un écart infranchissable entre ce qu’ils devaient évoquer chez les autres et la représentation qu’ils devaient se forger à partir de l’image que je m’épuisais à projeter, la plus lisse, la plus innocente, la plus transparente possible, dans l’espoir, précisément, de couvrir cet écart, cet écart infranchissable entre les mots des autres et mon langage privé : "mon père", c’est-à-dire mon délire, ma détresse, mon dément, mon différent, mon deuil, mon disparu). »

« Je ne sais pas quand je me suis dit pour la première fois "mon père est fou", quand j’ai adopté ce mot de folie, ce mot emphatique, vague, inquiétant et légèrement exaltant, qui ne nommait rien, en fait, rien d’autre que mon angoisse, cette terreur infantile, cette panique où je basculais avec lui et que toute ma vie d’adulte s’employait à recouvrir, un appel de lui et tout cela, le jardin, le soir d’été, la mer proche, volait en éclats, me laissant seule avec lui dans ce monde morcelé et muet qui était peut-être le réel même. »

Auteur :

Gwenaëlle Aubry est née en 1971. Philosophe et romancière, elle est l’auteur, entre autres, de Le diable détacheur (Actes Sud, 1999), L’isolée (Stock, 2002), L’isolement (Stock, 2003), et Notre vie s’use en transfigurations (Actes Sud, 2007). Gwenaëlle Aubry a obtenu le Prix Femina avec "Personne" publié au Mercure de France en 2009.

Liens :

Site de l’éditeur Mercure e France éditeur du livre de Gwenaëlle Aubry

Présentation du livre en vidéo par son auteur

Lecture d’un extrait de son livre par l’auteur

La part de l’ombre, article sur le livre dans le journal La Croix

Article sur le livre dans le journal Télérama


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