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Séance 234

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Écrire un texte polyphonique où tous les personnages s’expriment à la première personne, en une suite de brefs chapitres, passant ainsi d’une voix à une autre. Un monde se tisse, se compose et se décompose. Ausculter ces corps. Retranscrire, à fleur de peau, les vibrations de leur souffle, les battements de leurs cœurs.

Pâle sang bleu, Alizé Meurisse, Editions Allia, 2007.

Présentation du texte :

Au début son écriture surprend et agace presque, mais elle finit par emporter et séduire : montée serrée, zappée, mixée, elle savoure les mots, le sens y glisse sans cesse d’une métaphore à l’autre, le « je » sans cesse s’y transporte sans crier gare d’un personnage à l’autre (et ils sont multiples) ... jusqu’à habiter un écureuil bleu pas si stupide (p. 105).

Son Pâle sang bleu se situe entre roman policier et récit initiatique et raconte les tranches de vies (saignantes) de trois adolescents livrés à eux-mêmes dans un Paris hostile.

Extrait :

« J’ai toujours adoré les débuts, ça a quelque chose de magique. Mais je déteste les fins, comment peut-on aimer la fin ? C’est toujours triste et beau comme de vieilles lettres calligraphiées qui essayent de rester immobiles sur l’écran brillant mais qui ne peuvent pas s’empêcher de trembloter, irrépressibles sanglots. Il était une fois... et j’étais jeune à l’époque... et je ne lisais jamais un livre jusqu’au bout. Je voletais d’un début à l’autre, abeille qui récolte du pollen et danse d’une fleur à l’autre comme on fait l’amour. J’étais la danse et je dansais et je riais et je tombais et je dansais encore et encore à tout jamais.

J’aime pas les fins même si on peut dire que c’est la clef de voûte de l’histoire, la clef du sens. Peut-être que j’aime pas les sens ni les significations et tous ces machins-là, la vie n’a pas de sens de toute façon, si ? Nan, elle en n’a pas. Elle en a pas j’vous dis ! Y a bien que les petites amoureuses qui continuent à chasser les signes, telles des lépidoptérophiles, ces vieillards à barbe qui chassent les papillons dans le sud de la France. Bien sûr que c’est normal quand on est amoureux de chercher un sens à tout ce sur quoi nos yeux mettent la main, c’est après qu’on s’en mord les doigts, et ça fait mal... aussi mal qu’une morsure de cygne. Quand t’es amoureux, tu traques les signes encore plus méticuleusement que le plus zélé des étudiants en littérature cramponné à son surligneur fluo, et tu les trouves et tu les ramasses encore plus vite que M. Mauve ramassait ses biftons le jour où il est sorti du taxi avec 20000 francs en petites coupures dans les mains et que le vent les a éparpillés comme des feuilles mortes. Et comme M. Mauve, tu t’en fous pas mal de comment les gens y t’regardent alors que tu te précipites pour les récupérer et que tu les froisses dans tes mains avec tes jointures blanches tellement tu les serres fort parce que tu voudrais pas en perdre un seul.

C’est à la fin qu’on donne le verdict. C’est quand on a toute l’histoire qu’on peut mesurer les changements. C’est la manière dont les gens changent qui est intéressante. Je pense que quoiqu’il nous arrive dans notre vie, les échantillons de ce qu’on a été à différents moments de notre vie sont conservés quelque part en nous, dans des petites fioles alignées sur les étagères d’un petit placard spécial, au cas où on aurait besoin de mesurer combien on a changé... ou juste pour se faire du mal... on sait jamais quand ça peut être utile. Ça peut toujours servir. »

Pâle sang bleu, Alizé Meurisse, Editions Allia, 2007.

Présentation de l’auteur :

Alizé Meurisse est née à Fontenay-aux-Roses en 1986. Alizée Meurisse est photographe officiel des Babyshambles pour un de leur album. Sa vie est partagée entre Paris et Londres. Elle peint, photographie et écrit. Pâle sang bleu est son premier roman.

Liens :

Critique du livre sur le site Fluctuat

Un premier extrait sur le site Blog Lignes de fuite

Un deuxième extrait sur le site Blog Lignes de fuite

Interview de l’auteur sur le site d’Arte


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