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Séance 222

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Composer une suite poétique rigoureusement organisée (11 parties composées chacune de x poèmes de x2 vers de x mots allant de 1 jusqu’à 11 (1 poème de 1 vers de 1 mot, puis 2 poèmes de 4 vers de 2 mots, puis 3 poèmes de 9 vers de 3 mots, puis 4 poèmes de 16 vers de 4 mots, puis 5 poèmes de 25 vers de 5 mots, etc.) pour évoquer, prosaïquement et avec un humour décapant, le quotidien d’une banlieue.

Plouk town, Ian Monk, Editions Cambourakis, 2007.

Présentation du texte :

Suite poétique rigoureusement organisée, Plouk Town contient bien d’autres contraintes formelles, qui contribuent à donner au texte son rythme, son souffle. Mais Plouk Town n’est en aucun cas réductible à une suite d’exercices de style. Il s’agit au contraire de réaffirmer la possibilité pour la poésie de parler de tout et d’assumer une dimension narrative, tout en se tenant à une stricte construction formelle.

Hervé Le Tellier :

« Un poème comme Plouk Town tu peux pas l’écrire tu vois si tu crois que dans la Vraie Poésie avec des majuscules il n’y a pas de "salope" et de "ton cul" et de "sécu" même si dans la vraie vie sans majuscules il y en a de ces trucs mais en fait si tu te trompes il y en a dans la vraie poésie sans majuscules et même des "je t’aime" et des "marlboro » et des "merde" et tu ferais bien de te lancer dans Plouk Town comme on se jette dans le vide, parce que Plouk Town tu vois et bien Plouk Town c’est la preuve par Monk. »

Harry Mathews :

« C’est une œuvre irrésistible : un vocabulaire qui ramasse tout, une plénitude formelle qui nous secoue sans arrêt, une vision de la douce France frémissante d’une rage qui si terrible qu’elle soit, est finalement la rage de vivre. »

Extrait :

« il est sept heures le mardi sept

octobre deux mille trois parking de champion au soir les caddies s’étirent longuement sur le bitume atteignent presque les bagnoles de l’autre côté du passage central à gauche une mère de famille charge le coffre de sa voiture avec du lait des petits suisses des bananes sa
fille la regarde faire en tenant le caddie en embrassant tendrement une poupée à droite un clochard pisse longuement contre le mur de l’ancienne pharmacie maintenant en ruines là juste derrière les bennes de recyclage de verre donc de bouteilles en grande partie la vapeur se lève se mélange avec les nuages au dessus du collège Boris Vian rénové qui ressemble à un Titanic post soixante huit échoué là parmi ces banquises de bitume ponctuées de crottes d’ours polaires il ferme sa braguette et il va rejoindre là les copains qui gueulent eh ben toi tu viens ou quoi il y va puis s’ouvre une canette juste devant lui une femme marche vite vers le supermarché de pas décidé visage rouge une poussette devant elle qui contient un petit caniche grisâtre elle se ralentit un peu passe devant le vendeur de Macadam Express qui lui dit bonjour elle hoche la tête les pigeons arrivent en quantité industrielle devant les bennes où on a déposé une quantité industrielle de bouts de baguettes moisissant dans les flaques d’eau de pétrole de bière de vin d’urine ils becquètent les bouts de pain s’envolent à droite à gauche secoués et lancés par leurs becs puis tout le monde se casse devant la bagnole qui arrive vite très vite en prenant le parking comme raccourci tout le monde sauf un qui se fait choper vlan pas le temps de se cacher pour mourir lui et tout son temps pour être petit à petit écrasé aplati dans le bitume ses copains sont perchés sur le mur de l’ex pharmacie plus qu’une barrière entre le terrain vague crottes et les pères de famille qui se garent »

Plouk town, Ian Monk, Editions Cambourakis, 2007, pp. 33-34.

Présentation de l’auteur :

Ian Monk est né en 1960 près de Londres et vit depuis 1984 en France, à Lille, dans le quartier de Fives, où il écrit, traduit en anglais et anime des ateliers d’écriture. Il est membre de l’Oulipo depuis 1998.

Liens :

Présentation du livre de Ian Monk sur le site de son éditeur Cambourakis

Portrait de Ian Monk sur le site de l’Oulipo

Présentation de Ian Monk sur l’encyclopédie en ligne Wikipédia

Ian Monk sur le site de Fatrazie


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