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Séance 195

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Concevoir un journal intime sous la forme d’un bestiaire composé d’une succession de courts récits chacun racontant un épisode de notre existence.

Faune, Gaëlle Obiégly, L’arpenteur, Gallimard, 2005.

Présentation du texte :

« Faune a plutôt été écrit par associations. Mais quand même, une chronologie subsiste dans le sens effectivement d’une avancée narrative. Cependant, cette avancée ne se fait pas au fil des pages. C’est-à-dire que la page 15 raconte peut-être une expérience antérieure à la page 1. La forme fragmentaire est là pour casser la chronologie. Je n’aime pas la narration linéaire qui induit un début et une fin. Ici, on peut commencer à n’importe quelle page. Il n’y a pas d’intrigue, ou bien si, il y en a une, souterraine, qui ne tient pas aux numéros de pages. »

« Les souvenirs qui remontent à la petite enfance sont des souvenirs, des expériences qui m’ont intriguée et qui m’intriguent encore. Il me semble que Faune contient quantité de débuts d’histoires. Quand, au tout début de son écriture, je parle de Faune dans mon journal, je dis que c’est une succession d’histoires amorcées qui n’auront pas lieu de manière romanesque, mais qui auraient pu avoir lieu, qui pourraient être une succession de "ça a commencé comme ça". Et pourquoi je m’en souviens si bien ? C’est qu’elles ont un sens et que ce sont des pistes. Peut-être qu’un fragment de Faune, un animal, pourra devenir un long récit. Presque tous ces textes ont une suite. Il peut donc y avoir des variantes. »

« Faune, de Gaëlle Obiégly est un chef-d’oeuvre à mes yeux, écrit Valérie Nimal. Une oeuvre qui, page à page, m’émerveille par sa beauté et sa cruauté. Roman ou recueil, peu importe. L’ensemble renferme un bestiaire d’animaux curieux et rares. Des empreintes apparaissent sur le sol du vestiaire de l’enfance. Mademoiselle Obiégly suit les bêtes à la trace. Elle parle de la baleine qu’elle a dans son ventre et des animaux qui l’entouraient, avant. Quand elle évoque le père, on pleure. Quand elle raconte la mère, on reste le souffle coupé. L’alcool, le milieu ouvrier, elle effleure ces sujets-là, plaque les figures mortes dans son herbier. La Grèce de sa grand-mère, le blanc de la pureté, le pensionnat pour enfant de riches qu’elle n’a pas été... On veut tout savoir d’elle. Faune est le livre que j’ai préféré cet été. Quand on me demande quel genre de livres me plaît je réponds « les livres écrits pour moi », lit-on page 68. C’est exactement le sentiment que j’ai eu à la lecture de ce livre. Même, j’aurais aimé l’écrire. »

Extraits :

Les chiens

Les chiens qui hurlent à la mort, je crois qu’ils annoncent la disparition de mon père ou celle d’un homme comme lui. C’est-à-dire seul, fragile, taciturne. Il ne se passe pas une semaine sans que j’entende un chien hurler à la mort. La mère de mon père, ça lui fout la chair de poule. Est-ce qu’elle pense à la même chose que moi ? »

Faune, Gaëlle Obiégly, L’arpenteur, Gallimard, 2005, p. 36.

Chimère

En 1981 à l’élection du nouveau président de la République voyant ma mère joyeuse embrasser mon père je crois qu’on va être heureux.

Faune, Gaëlle Obiégly, L’arpenteur, Gallimard, 2005, p. 37.

Ours polaire

À ma naissance, on m’a offert un ours en peluche blanc. Il s’appelle Gaston, comme son donateur. Je n’aime pas ce jouet que je n’ai pas nommé. Dans son ventre, il y a une bille. Ça fait un bruit agaçant que j’entends encore aujourd’hui. Il a mystérieusement disparu, je ne sais même pas quand. Je crois qu’en me séparant d’un objet, je me sépare de plus que ça.

De ma chambre d’enfant, je ne garderai rien. Seulement la sensation et l’empreinte des jours d’alors.

Faune, Gaëlle Obiégly, L’arpenteur, Gallimard, 2005, p.116.

Présentation de l’auteur :

Gaëlle Obiégly est née le 21 août 1971. Elle a grandi en Beauce et a vécu quelques années à New York. Elle est écrivain et critique pour la littérature étrangère. Faune est son quatrième livre.

Liens :

Extraits de Faune sur le site de la Fondation de La Poste

Portrait de Gaëlle Obliégly sur le site de la Fondation de La Poste

Interview de Gaëlle Obliégly sur le site de la Fondation de La Poste

Portrait de Gaëlle Obliégly sur Zurban


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