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Séance 138

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Recenser ces objets utilitaires connus de tous, si proches de notre quotidien que l’on a perdu aujourd’hui le sens de leur présence. Ces objets patinés par le temps, nus comme au premier jour, ici réellement animés. Une évocation chargée de sentiments dans le déploiement, peut-être dialogué, du souvenir.

Objets de grande utilité, Jean-Loup Trassard, Éditions Le Temps qu’il fait, 1995.

Présentation du texte :

Depuis ses débuts Jean-Loup Trassard fait entrer la ruralité dans la littérature. Il dit de lui-même qu’il est un écrivain de l’agriculture. La vision qu’il donne de la civilisation rurale traditionnelle disparaissant irrémédiablement, est à la fois ethnologique et poétique.

Dans Objets de grande utilité l’auteur recense méthodiquement quelques objets domestiques, ustensiles d’intérieur ternis par l’oubli. Ces objets utilitaires sont connus de tous, si proches de notre quotidien que l’on a perdu aujourd’hui le sens de leur présence. Ces objets patinés par le temps, nus comme au premier jour, semblent ici réellement animés. « Même retirés à la fonction utile, les objets en effet ne sont pas des blocs de matière que leurs contours trop nets pourraient clore, mais l’endroit où se rencontrent de successifs touchers. Plus précisément, il reste sur eux des places qui attirent, en recherche sans doute d’autres gestes, une caresse qui n’est pas finie. »

A la fin de chacun des textes du livre une photographie noir et blanc de l’auteur. Un pré, un sentier. Pas question d’illustrer ce qui précède, plutôt une ouverture imaginaire.

Extrait :

« Tandis que les fermières lavaient presque toujours elles-mêmes, au douet aménagé sur un ruisseau, la plupart des commerçants du bourg faisaient laver au lavoir communal, en contrebas de la route, par une journalière. Ce lavoir est assez vaste, carré, avec un toit de tôle courant sur un périmètre et laissant un vide au milieu : la pluie ainsi peut tomber au centre du bassin, le soleil en réchauffer l’eau. Une fois par semaine on le vidait pour le remplir d’eau claire pendant la nuit au moyen d’une source proche. Les laveuses titrées de la commune retrouvaient là des femmes venues rincer leur propre buée, et ces langues ensemble savonnaient la vie de quelques absents.

Tout comme la fermière seule au milieu des joncs (les vaches parfois approchent un mufle baveux des chemises tordues lancées sur le tréteau), chacune des laveuses du bourg était dans son carrosse.

C’est une forte caisse n’ayant que trois côtés et un fond (les mesures en sont variables, mettons 45 cm sur trente et 25 cm de haut). Quatre montants extérieurs forment par leur base dépassante des pattes de 5 cm qui élèvent le carrosse au-dessus de la boue et lui évite une détérioration accélérée. Il faut ajouter que le devant est surmonté d’une petite planche (8 cm de large environ) clouée horizontalement comme une amorce de couvercle, ou plutôt légèrement en pente vers l’avant, et que celle-ci est échancrée en arc de cercle pour que le corps se penchant y puisse avancer. Enfin que les deux planches latérales se terminent vers l’entrée par un arrondi très marqué. Peint à l’extérieur d’un bleu charron qui peu à peu s’efface, le carrosse doit être rempli de foin : on s’y tient à genoux, tout au bord de la planche à frotter du lavoir. »

Objets de grande utilité, Jean-Loup Trassard, Éditions Le Temps qu’il fait, 1995.

Présentation de l’auteur :

Né en 1933, Jean-Loup Trassard a publié plusieurs récits chez Gallimard dont Dormance (2000) et La Déménagerie (2003), la plupart de ses livres de proses ont été publiés dans la série “Textes & Photographies” des éditions Le Temps qu’il fait, dont Trassard est à l’origine : Territoire (1989), Images de la terre russe (1990), Ouailles (1991), Archéologie des feux (1993), Inventaire des outils à main dans une ferme (1981/1995), Objets de grande utilité (1995), La Composition du jardin (2003).

Liens :

Articles sur Jean-Loup Trassard parus dans "Le Matricule des anges"

Le site de son éditeur de Cognac Le temps qu’il fait


LIMINAIRE le 28/03/2024 : un site composé, rédigé et publié par Pierre Ménard avec SPIP depuis 2004. Dépôt légal BNF : ISSN 2267-1153
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