| Accueil
Séance 120

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Avec une écriture alerte et ironique déjouer les poncifs, revisiter la tradition, multiplier les clins d’œil et faire tanguer les repères historiques, sociologiques et linguistiques. Par cette esthétique du tremblé, poser un regard neuf sur l’univers contemporain. Interroger la place de l’homme dans un territoire marqué par les figures du vide et du vertige. Explorer la représentation d’une géographie déterritorialisée qui renvoie au vide, à la fragmentation et au passage.

L’occupation des sols, Jean Echenoz, Minuit, 1992.

Présentation du texte :

D’une mère morte dans un incendie, il ne reste qu’une image qui défie provisoirement le temps : une réclame publicitaire (peinte sur un mur) pour laquelle elle avait accepté de poser.

« C’est une tragédie antique, écrit François Bon dans le texte qu’il consacre à l’oeuvre de Jean Échenoz, Souvenirs du temps : un père et un fils s’activent, sur la paroi rognée d’un mur d’immeuble neuf, à rejoindre la paroi ancienne (et pourtant à peine plus vieille de deux décennies dans l’histoire benjaminienne de la ville) pour retrouver l’image de la morte, l’amour dédoublé et superposé puisque le même visage est celui, sans plus jamais de variation d’âge, de la mère et de l’amante, la mère amante pub (les usages cyniques de la marchandise réapparaissant aussi avec le visage) c’est en vingt-cinq pages et ça s’appelle L’Occupation des sols, distribué gratuitement par les libraires de L’œil de la Lettre en 1985 je crois et surgissait devant nous un genre de classique du monde actuel sans même que l’auteur en fût rétribué. Dans cette question des enjeux les plus profonds de l’art contemporain depuis la mutation Duchamp, et qui sous-tend l’ensemble du travail d’Échenoz (sans quoi il ne serait que dépli flaubertien des cinétiques et signes du monde, sans quoi il ne serait que cartographie réinventée à la Conrad de la ville que nous arpentons cependant déjà dans notre quotidien régulé, sans quoi il ne serait que ce mime assumé du roman d’aventure, du roman policier, du roman de voyage etc.), l’assomption des vidéos de Beuys dès Cherokee (la rencontre avec le chacal dans la pièce vide comme cette pièce avec le fauteuil dans un lieu construit comme insituable), l’enjeu le voilà : regardez les images industrielles de Bernd et Hilla Becher (aujourd’hui mondialement honorés, ce n’était pas le cas, loin de là, au temps de Cherokee), l’objet industriel d’emblée une affirmation esthétique, une proposition décidée comme extension de l’art dans le réel par une convocation stricte et codée d’éléments de ce réel. »

Extrait :

« La palissade se dégraderait à terme : parfait support d’affiches et d’inscriptions contradictoires, elle s’était vite rompue à l’usure des choses, intégrée au laisser-aller. Rassérénés, les chiens venaient compisser les planches déjà gorgées de colle et d’encre, promptement corrompues : disjointes, ce que l’on devinait entre elles faisait détourner le regard. Son parfum levé par-dessus la charogne, Sylvie Fabre luttait cependant contre son effacement personnel, bravant l’érosion éolienne de toute la force de ses deux dimensions. Paul vit parfois d’un œil inquiet la pierre de taille chasser le bleu, surgir nue, craquant une maille du vêtement maternel ; quoique tout cela restât très progressif. »

L’occupation des sols, Jean Echenoz, Minuit, 1992, p.12.

Présentation de l’auteur :

Jean Echenoz, est né à Orange en 1947. Il a d’abord poursuivi ses études dans les villes de Rodez, Digne-les-Bains, Lyon, Aix-en-Provence, Marseille et Paris, où il s’est installé en 1970. Il a publié son premier livre en 1979. Il a publié de nombreux romans et reçu une dizaine de prix littéraires, dont le prix Médicis 1983 pour Cherokee et le prix Goncourt 1999 pour Je m’en vais. Son dernier roman Ravel, Minuit, 2006. Ravel, Minuit, 2006. Courir, Minuit, 2008. Des éclairs, Minuit, 2010.

Liens :

Dossier très complet consacré à Jean Echenoz sur Remuet.net

Documentation critique sur les œuvres de Jean Echenoz sur le site auteurs.contemporain.info


Christine Jérusalem / Géographies de Jean Echenoz

Site de la revue La Femelle du requin qui consacre un dossier à Jean Echenoz


LIMINAIRE le 29/03/2024 : un site composé, rédigé et publié par Pierre Ménard avec SPIP depuis 2004. Dépôt légal BNF : ISSN 2267-1153
Flux RSS Liminaire - Pierre Ménard sur Publie.net - Administration - contact / @ / liminaire.fr - Facebook - Twitter - Instagram - Youtube