Chaque jour, un film d’une minute, chaque lundi, la compilation du journal vidéo de la semaine précédente, et le texte qui s’écrit en creux.
« Une sorte de palimpseste, dans lequel doivent transparaître les traces - ténues mais non déchiffrables - de l’écriture “préalable” »
Jorge Borges, Fictions
Rien n’est simple et les choses nous échappent souvent. Elles sont toujours au centre de mes affections et de mes attentions, elles ont grandi sans que je les perde de vue. Accueillir l’imprévu par inadvertance. Le vent fait trembler le regard sous la lumière timide.
Nous conservons un écart entre nous, c’est sans doute ça qui nous intéresse maintenant. Parer les coups, monter sa garde, esquiver d’un mouvement bref du corps ce qui vient nous saisir à notre insu. Nous captiver aussi. Arrêter le temps pour regarder en soi.
Dans la ville des corps souffrants, bien forcé d’admettre que tout continue, et tout simplement que cela existe. Ce que personne ne veut voir, ce que personne ne voit. Se glisser dans cet interstice. Ni vu, ni connu. Figer, fixer ce qui par définition ne peut pas l’être, tenter de l’arrêter ou du moins le suspendre un temps, même bref, pour le regarder en face, et ainsi s’y refléter à l’infini.
« Nous nous sommes mis à parler cette langue dans laquelle nous n’avions pas vécu, c’est-à-dire une langue dans laquelle nous n’avions pas découvert le monde ni été aimés, dans laquelle nous n’avions pas souffert non plus, et surtout dans laquelle n’étaient pas inscrits les silences de l’enfance. »
Ces images aux couleurs étincelantes, aux trait légers, poétiques, volontiers facétieux, s’inscrivent en périphérie, en marge et dialoguent avec l’image centrale en appelant notre œil à naviguer entre les deux. Ce sont des prédelles comme des notes en bas de page.
Surveillance de tous les instants aux frontières de l’invisible, de l’inconnu, ce qu’on appelle couramment le quotidien. Continuer pourquoi pas, comme je l’ai toujours dit pour passer le temps, enfin le mien car celui des autres c’est un peu plus difficile. L’illusion mesure l’avancement des travaux.
En ces temps disloqués, je ne dispose pas de grand chose, sans colère et sans haine mais toujours avec la même détermination. Écoulement du temps et confusion des lignes de fuite. L’écho anticipé d’un souvenir.