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Les lignes de désir : un été pour écrire

Troisième semaine de l’atelier d’écriture proposé par François Bon pendant 10 semaine dont vous trouverez sur tiers livre les propositions d’écriture développées, avec exemple basé sur un texte d’auteur. Pour cette semaine, c’est à partir du Processe de Christophe Tarkos.

Je vais tenter de profiter de cet été et de ces ateliers pour travailler sur mes Lignes de désir. Voici mon troisième texte :

Il a imaginé un monde clos, hermétique, qui fonctionne avec ses lois, un monde rose bonbon où le mal n’arrive pas. Il doit y avoir moyen d’en jouer sans exclure tout le monde ; c’est ce que j’essaye de faire. C’est quand même drôle ou finalement il ne voulait rien dire. Ce qui est peut-être le fond de l’affaire. C’est très fragile, il n’y a rien d’écrit. Quand un orateur prend la parole à la fin d’un banquet, il y a toujours quelqu’un pour crier : plus fort. Et une petite voix pour dire plus drôle. Désorganiser, aussi joyeusement que possible, le lieu qui accueille son épanouissement et jouer les cartes de la mobilité et de la surprise permanente. Un monde intermédiaire sur une voix qui cherche un corps pour survivre. Il faut disloquer les visages et les corps. On entend en bande son les bombardements et les cris. Ce qui ne suffit pas à faire adhérer à cette histoire. Tout en contrastes, en nuances, en paradoxes, comme on pourrait faussement le résumer. Le mouvement, encore et toujours.

En plein désert, un camp accueille des soldats d’élite du monde entier. Le club de football argentin de River Plate a ouvert une université sous les gradins de son stade, le Monumental. Financé par les États-Unis, ce site forme à l’antiterrorisme. Chine : 500 000 personnes évacuées en prévision du typhon Soulik. Avec, en point d’orgue, des Jeux olympiques militaires où s’affrontent 18 pays. Des combats près de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, ont fait 130 morts, dont 120 rebelles et 10 soldats. Une adolescente de 15 ans a été tuée par un requin lundi à la Réunion alors qu’elle se baignait à moins de 5 mètres du rivage, dans la baie de Saint-Paul. L’ex-président argentin Carlos Menem condamné à 7 ans de prison pour trafic d’armes. Au moins 29 personnes ont été tuées dans des bombardements d’une extrême violence, dimanche 14 juillet, dans la province d’Idleb, une région du nord-ouest de la Syrie tenue en grande partie par les rebelles. Le typhon Soulik a apporté dimanche des pluies torrentielles mais a faibli après avoir fait deux morts à Taïwan. Les discussions entre les deux Corée ont échoué pour la troisième fois à propos de la réouverture du site industriel de Kaesong, devenu la pierre de touche de l’apaisement des tensions sur la péninsule. Collision ferroviaire mortelle en Argentine entre un train de voyageurs et un train à l’arrêt survenue à environ 30 kilomètres à l’ouest de Buenos Aires a fait trois morts et plusieurs dizaines de blessés. Le nombre d’actes de piraterie maritime a baissé dans le monde sur les six premiers mois de 2013 tandis que le nombre d’enlèvements en mer a bondi dans le golfe de Guinée. Troisième nuit de suite de violences à Belfast. Plus de 55 000 Congolais réfugiés en Ouganda fuient les attaques de rebelles ougandais dans l’est de la République démocratique du Congo. Des opposants au projet de loi ont été évacués par les forces de l’ordre de l’enceinte du Sénat, vendredi soir. Le Texas adopte un texte restrictif sur l’avortement. Les protestants de l’ordre d’Orange et le gouvernement d’Irlande du Nord ont tous deux lancé un appel au calme, après les violences du week-end.

Le chef de la météo nippone a dû faire des excuses publiques après avoir annoncé prématurément l’ouverture de la saison des cerisiers en fleurs, rituel printanier célébré chaque année par les Japonais. Pour désamorcer la colère des protestataires qui réclament la chute du régime, avec un seul mot d’ordre à l’adresse du Président : « Va-t’en ! » L’ampleur du mouvement. La bataille des chiffres. Dans la longue file d’attente de la morgue. Certains vont lancer le mouvement, d’autres vont nous rejoindre plus tard. Chaque détail s’ajoute aux autres, la distance procède d’une lecture lente et patiente, et à la fin l’image apparaît dans le tapis, pour reprendre la formule d’Henry James. Pas tout à fait le genre de la maison, mais on pourrait rêver qu’un autre monde accompagne ce film. Un cinéma qui ne serait plus celui de la contemplation mais celui de la vitesse, de l’action et du mouvement. Tout ce chaos comme une effusion que le journal condense en quatre colonnes d’effroi ou d’indignation.

L’accident ferroviaire de Brétigny a fait six morts et 30 blessés dont huit graves, selon un bilan provisoire donné à minuit à la presse par Jean-Marc Ayrault, qui s’est rendu sur les lieux de la catastrophe. « Aujourd’hui, il est impossible de donner une information » sur les causes de cet accident, a-t-il dit à la presse, rappelant que trois enquêtes étaient en cours et que les autorités informeraient la population dans « la plus grande transparence. » Le dernier accident ferroviaire de grande ampleur en France avait eu lien le 27 juin 1988. Au milieu de cette foule, beaucoup de personnes perdues, ne sachant pas où elles se trouvent. On ne verra plus le Cabinet des Bains de l’Hôtel Lambert, à Paris, qui a été totalement détruit lors de l’incendie qui l’a ravagé dans la nuit du 9 au 10 juillet. Accusé du meurtre de Trayvon Martin, un adolescent afro-américain de 17 ans tué en février 2012 alors qu’il rentrait chez lui, George Zimmerman a prôné la légitime défense, et le jury de la cour de Sanford, en Floride, lui a donné raison samedi soir, déclenchant des réactions de colère à travers le pays. Dépouiller les victimes et notamment les premiers cadavres. Aujourd’hui, il est impossible de donner une information. Ce n’est pas un objectif, c’est un engagement : je serai jugé là-dessus. Deux jours après le déraillement du train Paris-Limoges, qui a fait six morts dans la gare de Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne, les opérations se poursuivent pour dégager les wagons des voies à l’aide d’une gigantesque grue. Le tout était fermé d’une grille de fer forgé doré autour de laquelle s’enroulaient des branches de jasmin fleuri. L’accident est pour l’heure inexpliqué. Nous connaissons les motifs de l’accident, nous n’en connaissons pas les causes. La reprise, elle est là. Pendant plusieurs heures, on a vu un gros halo rouge au-dessus de l’île Saint-Louis. Le feu s’est propagé assez vite, puisque le bâtiment est vide et en pleine rénovation, et l’intervention est compliquée, puisque l’on a une fragilisation de la structure. Le rachat, en juillet 2007, par des Qataris avait déclenché une polémique, et une bataille judiciaire s’était engagée avant un accord préparé sous la médiation du ministère de la culture et de la Mairie de Paris. L’affaire est sensible. En Floride, la loi protège de façon extensive ceux qui font usage de la force s’ils craignent pour leur vie, ce qui inclut l’usage d’une arme même si la victime est désarmée, comme c’était le cas le soir de la soirée pluvieuse du 26 février 2012, quand George Zimmerman, 29 ans, a tué Trayvon Martin, qui avait alors 17 ans. Where are the proofs ? La thèse de l’incident matériel privilégié. Six morts, 14 blessés toujours hospitalisés. Beaucoup de bruit et un début de polémique autour d’actes de délinquance présumés et des caillassages. La reprise est-elle vraiment là ? Après avoir soulevé, samedi en début de soirée, la plus abîmée des quatre voitures qui se sont couchées sur les voies, les secouristes n’ont pas découvert d’autres victimes. On est dans une phase de rebond technique, de reconstitution de stocks des entreprises. Mais ce n’est pas durable. Stand Your Ground (défendez votre territoire). Les forces de l’ordre craignaient le pire. Les faits se résument à quelques tensions autour des lieux. Les médias annonçaient des émeutes raciales comme à Los Angeles en 1992, lorsque quatre policiers avaient été innocentés alors qu’une vidéo les montrait en train de rouer de coups le jeune Rodney King. Rien de tel n’est arrivé. L’acquittement de George Zimmerman, le vigile "amateur" poursuivi pour le meurtre, le 26 février 2012, du jeune Trayvon Martin en Floride, n’a pas donné lieu au débordement annoncé. Tout de suite après l’accident, selon des témoins, une trentaine de jeunes venus des environs auraient tenté de voler des effets des victimes, sacs, portables ou autres. Ils auraient également caillassé les pompiers qui intervenaient, avant d’être évacués hors du périmètre par les CRS. Les échauffourées se seraient poursuivies encore quelques temps, avant de s’apaiser. Le climat était singulier vendredi soir autour de la gare de Brétigny. Un groupe de personnes bloquées en ville exprime son mécontentement. Le ton monte lorsque plusieurs gardes mobiles les refoulent énergiquement au fond de la rue. Quelques insultes fusent, et un jeune homme lance un projectile en direction des policiers. Ces derniers sortent les flashballs prêts à riposter. Mais ils n’en ont au final pas eu besoin, puisque les quelques personnes énervées se sont tout de suite écartées des lieux. Le plafond supporte une fausse voûte de plâtre directement portée par la charpente de la toiture, ce qui explique qu’elle ait été entièrement détruite par l’incendie. La structure feinte par le décor peint était celle d’une voussure de pierre, ornée de moulurations et de sculptures en bas-reliefs, ouvrant sur le ciel. Préciser le détail du compromis est révélateur. Il regardait passer les trains. Je les aiguille. Aujourd’hui, on fonctionne au combien ça coûte ? alors qu’il faudrait d’abord rêver, rien dans cette société ne se serait créé s’il n’y avait pas eu de rêves, et les sociétés qui ne font pas la part belle aux artistes sont fichues. Nous devons continuer la création de l’univers : il faut inculquer ça aux gens. La SNCF a décidé de mettre en place une « desserte de dépannage par des itinéraires alternatifs. » Cette affaire montée en épingle montre à quel point des informations peu fiables relayées par quelques commentateurs peuvent suffire à passer sous silence l’entraide dont ont fait preuve plusieurs Brétignolais, présents sur les lieux ou habitant à proximité, pour venir en aide aux personnes blessées et choquées. Le principe, c’est le travail. C’est une volonté, c’est une stratégie, c’est une cohérence. Le Cheikh Abdullah bin Khalifa Al Thani, propriétaire du bâtiment classé, s’est dit déterminé à continuer sa restauration, après un incendie qui a touché ce joyau parisien. C’est une catastrophe car nous nous sommes battus pour que les fresques de la galerie Hercule soient conservées dans le projet de rénovation, et là, tout est parti en fumée ou bien noyé sous les eaux. Il y a un tour de passe-passe. Le négationnisme officiel des attitudes scandaleuses de voyous charognards relayés par les biens-pensants montre le délabrement républicain. Il est trop tôt pour savoir si quelques fragments du plafond peint pourront être récupérés dans les décombres et restaurés. Un spectacle effroyable. Ne rien minimiser. Ne rien taire. Mais ne rien exagérer non plus (pas de scène de pillage, dixit des secouristes). Nos équipiers n’ont rencontré aucun problème avec des badauds. Il n’y a pas eu d’agressions, nous avons travaillé de façon tout à fait normale. On était dans les étoiles, là c’est plus qu’un retour sur Terre.

Michèle Alliot-Marie à la télévision Japonaise en 2011

Corps figés, lumières blafardes, diction lente. Ils sont assis à table l’un en face de l’autre, c’est un fou rire à l’envers, et à peu près le seul moment de tendresse du film. S’installer dans un temps mort, quasi inerte, pour observer les faits avec précision, à l’horizontale, comme si le monde se livrait sans ciel, sans dieu, ni terre. Do it yourself. À partir de ce simple fragment, on crée l’histoire qui se découpe en plusieurs séquences. L’idée c’est que tout est plié en trois heures. Se montrer créatif ensemble et en tirer une certaine joie. L’idée c’est que l’énergie accumulée par un certain nombre de personnes est suffisante pour satisfaire ce nombre de personnes. Quelque chose comme le souvenir de ce qui pourrait être perdu. Et puis le processus a fini par mettre tout le monde dans une bonne attitude. La contagion ne sera pas uniforme. Le voyage est en soi, il commence quand on s’arrête. Les espaces de liberté pourraient progressivement s’élargir. Il y a là matière à réflexion.


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