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Voyage à Naples (6ème jour)

Située sur la Piazza del Gesù Nuovo en face de l’église de Jésus, Santa Chiara est composée d’une basilique (la plus grande église gothique de Naples) et d’un monastère double qui ont été construits entre 1310 et 1340 sur l’emplacement de thermes romains. C’est dans cet endroit que se trouve la tombe gothique du roi Robert et que le corps de son épouse Sancia a été déposé. Ils y ont été rejoints au début du XIXe siècle par les rois de Naples et de Sicile, qui en ont fait leur lieu de sépulture pour eux et la famille royale.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le bombardement des Alliés du 4 août 1943 provoqua un incendie qui dura près de deux jours et détruisit presque entièrement l’église. L’ensemble a été restauré à partir d’octobre 1944 et les travaux furent terminés en 1953.

Les arches sobres du cloître du XIVème siècle encadrent le jardin remanié en 1742 par Domenico Antonio Vaccaro, avec ses piliers et ses arcs gothiques. Le jardin est divisé en quartiers grâce à deux allées se croisant en angle droit. Les piliers octogonaux les bordant ont été recouverts de carreaux de majolique décorés de scènes champêtres et polychromes dues aux céramistes Donato et Giuseppe Massa. Dans l’intervalle ont été placés des bancs recouverts de carreaux de même style.

Les scènes des carreaux de faïence représentent les petits riens de la vie quotidienne, des travaux agricoles, des moments de détente ou de fête, personnages ou lieux exotiques,toutes remplies de détails saisis sur le vif, de mouvement, parfois d’humour, sous la forme de véritables petits tableaux.

Sur chaque côté des murs du cloître, des fresques datées du XVIIème siècle représentent des saints, des allégories et des scènes de l’Ancien testament.



L’édifice de la Chapelle Sansevero est de taille modeste, constitué d’une nef unique de forme rectangulaire. Huit chapelles, quatre de chaque côté, y sont adjointes. Le plafond est décoré d’une fresque, La gloire du paradis, réalisée par Francesco Maria Russo en 1749. A droite, un passage donne accès à une crypte. Le sol est recouvert d’une mosaïque en noir et blanc symbolisant un labyrinthe. La porte d’entrée est surmontée d’une petite tribune d’où partait un passage vers le palais de Sansevero.
La chapelle et sa crypte renferment près d’une trentaine d’œuvres d’art, parmi lesquelles :

La Pudeur, réalisée par Antonio Corradini en 1750.

« La Pudeur, d’Antonio Corradini, écrit Marc Lenot dans son blog, elle aussi voilée, est bien impudique sous ce léger tissu qui ne cache rien de ses courbes voluptueuses : c’est une représentation de la mère du Prince, morte peu après sa naissance et qu’il ne connut donc jamais. La pierre tombale brisée sur laquelle elle s’appuie chante ses mérites. Mais quelle étrange idée que de représenter sa propre mère, quasi inconnue, sous ces traits érotiques, pour symboliser la pudeur : c’est bien plus la sagesse initiatique qui semble être ici en jeu. »

Ainsi que Le Christ voilé réalisé en 1753 par Giuseppe Sanmartino.

« Le voile, écrit Hactor Bianciotti dans Pas si lent de l’amour (Gallimard, 1995). Le voile de marbre. Le voile de marbre que l’on eût dit mouillé. Le voile de marbre plié, déplié, se résorbant dans les creux d’un corps captif, d’une subtilité de gaze sur la saillie des veines, si intimes, des membres ou du front ; sur les ressauts du visage vaguement tourné, des genoux fléchis, des pieds à jamais sans sol qui semblent vouloir le tendre, l’étirer, provoquer son glissement, s’en défaire. »

La crypte contient également les machines anatomiques, telles que les a surnommées Raimondo di Sangro lui-même, deux corps humains, un homme et une femme, totalement désincarnés, dont seuls les os et le système cardio-vasculaire sont presque intégralement conservés, mettant ainsi en évidence leur système sanguin entier (artères, veines et capillaires) tels des tables anatomiques.

La famille Sansevero, qui est l’actuelle propriétaire de la Chapelle, s’est longtemps montrée réticente à l’examen des corps. La seule source d’information a donc longtemps consisté en d’anciennes observations réalisées dans les années cinquante. Bien que leurs conclusions n’aient pas été diffusées et les résultats connus que partiellement, ces observations affirmaient que le système sanguin entier, à l’analyse, s’est révélé métallisé, c’est à dire imprégné et a gardé un sixième des métaux déposés...

Deux hypothèses prévalaient alors, toutes deux impliquant que le couple avait été vivant ou récemment décédé au moment où l’expérience avait été tentée par le docteur Giuseppe Salerno :

Un empoisonnement progressif : les deux personnes auraient, jour après jour, ingéré ou inhalé une substance chimique. L’absence d’estomac renforce cette idée chez certains chercheurs, estimant que c’est une façon de dissimuler le produit utilisé, et donc le crime.

Une injection d’un produit chimique, probablement à base de Mercure ou d’un produit d’embaumement, qui aurait durci ou métallisé le sang (ou l’appareil sanguin lui-même), ce qui expliquerait que sa diffusion jusque dans les vaisseaux capillaires ait été aussi parfaite. Toutefois, la seringue ne sera officiellement inventée qu’en 1841 par le chirurgien orthopédiste français Charles Gabriel Pravaz, les médecins ne disposaient jusqu’alors que de clystères plus grossiers.

En 2008, des scientifiques de l’Institut d’Archéologie de l’University College de Londres (UCL) ont conclu, après analyse de fragments du réseau, que ce dernier était en fait composé de fibres de soie et de petits câbles métalliques, enrobés de cire de couleur, nécessitant quoi qu’il en soit une dextérité hors norme associée à des connaissances anatomiques très pointues pour l’époque.


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