| Accueil
Voyage à Naples (1er jour)

Le taxi roule à grande vitesse sur les boucles de l’autoroute qui traverse la banlieue napolitaine et relie l’aéroport au centre ville avec une rapidité extraordinaire et un léger surcoût. Le véhicule se laisse rouler le long du serpentant Corso Vittorio Emanuele, tout en virage et boucles élégantes, puis descendant doucement vers Mergellina parvient en chaloupant jusqu’à la Via Michelangelo Schipa où nous logeons cette semaine à Naples.

Toujours un peu difficile lorsqu’on arrive en ville en plein après-midi, après un vol d’avion, de partir arpenter une ville que l’on ne connaît pas. Mais en même temps, impossible de rester enfermé. L’envie de se confronter au plus vite à la ville, d’y marcher, d’en mesurer l’espace, les jeux de lumière, sentir les odeurs, observer les murs décrépis et tagués, les voix des passants et les bribes des conversations qui nous parviennent au passage des scooters vibrionnants.

La première image et l’impression persistante d’une ville s’inscrit en nous, dès nos premiers pas, premiers regards, comme un plan secret et rien ne pourra plus l’effacer. Prévoir peu de chose, mais quelques lignes de force d’un séjour autour de lieux incontournables, et l’envie de prendre son temps et d’entrer dans l’histoire de cette ville et de sa région.

Monter en Funiculaire sur la colline du Vomero qui surplombe Naples, pour appréhender la ville, en hauteur, en prendre le pouls et engager avec elle une conversation complice.

En longeant les immenses parois en tuf napolitain jaune du château Sant’Elmo, imposant bâtiment aux parois anguleuses, nous croisons l’échoppe improvisée d’un maraîcher qui a recyclé son vieux pick-up bleu qui ne doit plus rouler depuis fort longtemps. Nous lui achetons deux barquettes de fraises à la chair ferme et gouteuse qu’il nous propose gentiment de laver avec son jet d’eau fraîche, à même le sac plastique dans lequel il nous les a placées après nous les avoir vendues, transformant ainsi les fruits en d’étranges poissons rouges.

En raison de son importance stratégique, le château a toujours été une possession très convoité, sur ses hauteurs, on peut admirer toute la ville, la baie, et les routes qui mènent sur les collines entourant la ville.

En contrebas du château médiéval, la Chartreuse San Martino (Certosa di San Martino), un monastère de chartreux offrant une position panoramique à la limite de la colline de Vomero, qui abrite aujourd’hui le Musée national de San Martino, et qui offre un intéressant panorama de l’art et de l’histoire de Naples entre les 17e et 19e siècles.

La placette devant l’entrée du cloître, Via Tito Angelini, est le rendez-vous des amoureux. En cette fin d’après-midi, la balustrade les attire. Quelques garçons jouent au ballon sous le regard amusé de leurs amies assises sur un banc.

Derrière la balustrade ajourée, Naples dans l’entrelacs de ses immeubles anciens et modernes, dessine un tableau en aplat ponctué par les dômes des églises, les toits de cuivres ou recouverts de tuiles mordorées, et les ocres, les rouilles et les bistres de leurs pans de murs.

Nous décidons de descendre la Via Pedamentina San Martino en contrebas du château.

Les escaliers de Naples sont d’anciens parcours piéton qui joignent les collines avec le centre ou la côte. Il s’agit le plus souvent, comme ce chemin sinueux que nous empruntons, de l’enfouissement de torrents ou d’anciennes sources. L’eau se fait sonore sous nos pieds, et quelques percées ovales dans les lourdes pierres des marches laissent entrevoir le cours d’eau en souriant.

Les escaliers de la Pedamentina comprennent plus de 414 marches, réunissant la Chartreuse de Saint Martino au centre historique de la ville. Cette ruelle sinueuse fut commencée au 15ème siècle par les architectes Tino di Campiono et Francesco de Vito. Aujourd’hui, ce parcours représente un important témoignage historique et urbanistique, mais également un magnifique point de vue sur le paysage de la ville de Naples et de son golfe, puisqu’il zigzague entre les maisons et les jardins à flanc de colline, rejoignant en contrebas le Corso Vittorio Emanuele, par lequel nous sommes arrivés quelques heures plus tôt en taxi.

La boucle se referme, même si les distances ne sont jamais tout à fait les mêmes au retour qu’à l’aller d’un chemin que l’on découvre, surtout le premier jour où ne sommes pas encore habitués aux distances et à la taille de la ville.




LIMINAIRE le 24/04/2024 : un site composé, rédigé et publié par Pierre Ménard avec SPIP depuis 2004. Dépôt légal BNF : ISSN 2267-1153
Flux RSS Liminaire - Pierre Ménard sur Publie.net - Administration - contact / @ / liminaire.fr - Facebook - Twitter - Instagram - Youtube