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Assemblage (texte et vidéo) de Pierre Ménard

La forme détournée de l’abécédaire est un genre voué à la célébration de l’acte créateur (le livre des livres). Cette année j’ai décidé d’aborder l’abécédaire par la vidéo. Deux fois par mois, je diffuserai sur mon site, un montage d’extraits de films (à partir d’une sélection d’une centaine de mes films préférés : fiction, documentaire, art vidéo) assemblés autour d’un thème. Ces films d’une quinzaine de minutes seront accompagnés sur le site par l’écriture d’un texte de fiction.

Ce projet est un dispositif à double entrée : un livre et un film. Le film est un livre. Le livre est un film. Ce livre dit qu’il est à voir, ce film montre qu’il est à lire.

M comme Mémoire : la vidéo



L’Effet papillon

Une théorie prétend que si l’on pouvait retourner dans le passé et changer quelques détails de notre vie, tout ce qui en découle serait modifié. On appelle cela l’effet papillon.


Elle passe à son bureau, on lui indique que quelqu’un a laissé un paquet pour elle, cela la surprend, il s’agit d’une liasse de lettres manuscrites, méticuleusement pliées en trois, elle s’assoit sur la banquette derrière elle, lit la première lettre, celle où son ancien compagnon lui annonce qu’il arrive le lendemain à Paris, émue, surprise, ses mains tremblotent sensiblement à la lecture de ces lettres, à l’annonce de son retour.

« Le cinéma est une machine à remonter le temps. Le battement d’images c’est aussi le douloureux battement des ailes du papillon qui sait qu’on vient de l’épingler et qu’il ne volera pas : un surplace désespéré, prisonnier à jamais d’un monde que l’on rêve, par son mouvement, de quitter. » [1]

Il arrive à pied dans la rue de la chambre d’hôtes où il va résider en attendant de la retrouver, tire une valise à roulettes derrière lui et traîne les pieds, j’ai trouvé une chambre d’hôtes près de chez toi, lui écrit-il, c’est vraiment tout près de chez toi, peut-être à cinq minutes à pied, il y entre, et pose sa valise dans sa chambre.

Changer le passé pour influer sur le présent. Un détail échappé du temps et qu’il pourrait contempler à l’extérieur du temps. La seule éternité qu’il nous reste.

Le soir, il sort, allume une cigarette, se met à marcher dans la ville entre chien et loup, pour rejoindre le café situé tout près de l’appartement de son ancienne compagne, Tout va mieux, le nom te plaisait, tu te souviens ? il pénètre à l’intérieur, la porte se ferme automatiquement derrière lui en même temps qu’il salut la serveuse au comptoir d’un bref mouvement de la tête, il s’assoit à une table, la jeune femme cesse immédiatement de consulter son ordinateur, se lève pour venir à sa rencontre, lui sourit en se frottant mécaniquement les mains, elle porte une longue robe noir en coton, ses talons résonnent sur le carrelage du café désert à cette heure, il lui explique qu’il est à la recherche d’une personne, une femme, précise-t-il, je vois, lui répond-elle simplement en hochant la tête, si vous voulez encore du café, dîtes-le moi, la seconde tasse est offerte.

Revenir dans un endroit dans lequel on est déjà venu, où l’on a vécu, entendre les voix du passé se superposer aux sons de l’environnement dans lequel on se trouve actuellement. Revenir dans un souvenir déjà effacé.

En sortant de son bureau, la jeune femme émue, troublée par les lettres dont elle vient de commencer quelques instants plus tôt la lecture, trébuche dans l’escalier, mais se rattrape in extremis à la balustrade, l’ensemble des lettres qu’elle tenait à la main tombent par terre, un étage plus bas sur le sol en marbre, froid, elle demeure un instant accrochée à la rampe métallique, s’y agrippant de toutes ses forces, tentant de recouvrer tant bien que mal ses esprits, puis ramasse les lettres éparses, tombées en désordre sur les marches de l’escalier, parant au plus pressé et les disposant au hasard en pile les unes sur les autres.

Vous vous rappelez où vous étiez ? Oui bien sûr je m’en souviens. J’ai dû avoir un étourdissement.

À Sumer pour parler du passé on employait le mot après et pour l’avenir le mot avant.

Le temps s’enroule à nouveau, l’instant repasse. Ici, avec vous. Cette fois il est près d’elle, il lui parle. Elle l’accueille sans étonnement. Il y a longtemps. ils sont sans souvenir. Où ? Quand ? Dîtes-moi. Sans projet.

Je suis passée au café avant de rentrer chez moi, je dois être forte, pense-t-elle en s’asseyant près de la vitre, côté rue, puis elle commande un thé glacé et se met à lire les lettres.

Nous vivons dans l’oubli de nos métamorphoses, mais cet écho qui roule tout le long du jour, cet écho hors du temps, d’angoisse ou de caresses, sommes-nous prêt de notre conscience. Il y a des mots que je ne comprends pas.

La serveuse du café a laissé un message et l’invite à diner parce qu’il lui a permis de retrouver son chien quelques jours plus tôt, elle insiste en souriant, il n’a rien à faire, ne parvient pas à trouver d’arguments pour refuser, si bien qu’ils vont dîner ensemble au restaurant où ils évoquent leur vie en mangeant et en buvant beaucoup.

La mémoire est pour l’un ce que l’histoire est pour l’autre, une impossibilité. Les légendes naissent du besoin de déchiffrer l’indéchiffrable. Les mémoires doivent se contenter de leur délire, de leur dérive.

En se promenant en ville dans un dédale de minuscules ruelles, il retrouve par hasard le chien du café.

Le neveu de sa logeuse lui fait visiter la ville et notamment le quartier de la Gare de l’Est, il a dit que c’était un quartier très à la mode, mais je n’ai pas compris pourquoi, sur leur chemin ils rencontrent un japonais qui gère un café avec sa femme, la bière n’a pas été livrée, parfois ça arrive avoue-t-il désolé, à la nuit tombée, ils sont toujours en train de boire ensemble du vin dans de grands verres, l’homme s’est marié à une française, il faut vivre là où se trouve l’amour, pas vrai ? lui fait remarquer le patron du bar, oui, admet-il, vous avez tout à fait raison, mais c’est difficile, ce que ne comprend pas le neveu, son vis-à-vis hausse la voix et lui répond, parce que je suis stupide ! il s’emporte, il a trop bu, je suis expert pour retrouver un chien dans la rue, je vais peut-être avoir une récompense, je peux trouver un chien très facilement, mais c’est tout ce dont je suis capable, le neveu explique alors à leur hôte qui ne comprend pas la situation qu’il est à la recherche de quelqu’un, ici, silence gêné autour de la table, il se lamente, peut-être qu’elle est déjà mariée désormais ?

Chacun de nous aimait un livre dont il voulait garder le souvenir. Et nous nous sommes réunis. Une minorité d’indésirables, criant dans le désert. Mais le temps viendra où nous réciterons ce que nous savons et on réimprimera des livres. Jusqu’au jour où il faudra tout recommencer.

Le petit mot est toujours sur la porte, ce qui signifie qu’elle n’est pas rentrée, c’est un moyen très pratique pour savoir si elle est là ou pas, mais peut-être ne vit-elle même plus ici ?

L’homme revient à la maison d’hôtes en traînant les pieds comme à son habitude, je n’avais presque plus envie d’aller chez elle, j’étais vraiment fatigué, le petit mot n’avait pas bougé, il s’allonge sur son lit, place sa main sur son front, je voulais disparaître pour toujours.

Les images qui défilent dans notre tête au rythme d’un battement régulier semblable à celui de notre cœur. Mesure répétée proche de l’appel à manifester, du mot d’ordre. Image par image qui clignote, qui bat la mesure avec ses flashs répétés.

lI laisse traîner sa main au fil de l’eau d’une rivière translucide, je suis déjà venu ici avec elle, se rappelle-t-il.

Un instant arrêté grillé comme l’image d’un film bloqué devant la fournaise du projecteur. La folie protège comme la fièvre.

Vous ne savez vraiment pas ce que c’est ? Ça me rappelle quelque chose ! Mais je ne vois pas quoi.

La nuit, l’homme se réveille en plein sommeil, quel drôle de rêve.

Je me suis endormi. Dans mon sommeil, j’étais hanté d’images et de rêves qui me parurent très réels et humiliants. Je ne peux pas nier que, dans ces visions oniriques, les images avaient quelque chose de pénétrant. Elles s’incrustaient dans ma conscience avec une insistance presque insupportable.

Il faut à la fois restaurer le passé et rendre possible le futur, marier la souffrance avec la culpabilité. Assis sur son lit, il pleure. Les mains tordues de doute et de remords. Des images dont il se souvient qui le hantent, mais lui apparaissent extérieures à lui, comme provenant d’un autre lui-même. Il se voit la battre. Son visage en sang, son rouge à lèvres étalée au-delà de sa bouche, la lèvre éclatée par le coup de poing. Des éléments du décor de la pièce. Gros plans qui demeurent intacts dans son souvenir. Il pleure d’avoir pu faire ça, de ce souvenir qui l’entête, et de l’incertitude de qui il est au moment où il se souvient de cette violence, abattu en pleurs sur son lit.

Dans la cour de la maison d’hôte le neveu de la propriétaire accoste une jeune femme assise les jambes tendues devant elle, elle écoute de la musique et elle écrit dans un cahier posé sur ses genoux, il lui demande ce qu’elle écoute, la jeune femme est perturbée par sa demande qu’elle trouve intrusive, elle arrache un peu sèchement un des fils de ses écouteurs pendant à son oreille et lui répond évasivement quelque chose, mais il insiste, vous êtes arrivée hier, non ? elle répond oui, vous logez ici, lui demande-t-elle vivement, on peut dire ça lui répond-il en riant un peu gêné en fourrant ses mains au fond de ses poches, elle le fixe avec un regard noir, vous voyagez seule ? insiste-t-il, on peut dire ça, répond-elle non sans ironie, elle tourne la tête pour tenter de se remettre à écrire en essayant de l’ignorer, vous n’êtes pas très bavarde, lui fait-il remarquer, c’est vous qui êtes un peu lourd, vous me connaissez ? lui demande-elle en haussant la voix, elle se lève d’un bon, tape sur sa poitrine avec la pointe de son stylo, en rythme avec les mots qu’elle prononce, tu es jolie mais trop fière lui dit-il embarrassé en passant sa main dans ses cheveux, c’est en est trop, elle se redresse, jette son stylo, énervée, et lui demande pourquoi vous me tutoyez ? j’ai pas le droit ? quelle jeune insolente ! pourquoi vous me dérangez ? Le ton monte, s’aiguise, laissez-moi tranquille, c’est dingue, je voulais juste parler, pourquoi me crier dessus ? je ne vous ai pas demandé de me parler, c’est impossible de discuter ! taisez-vous, alors ! crie-t-elle soudain hors d’elle, le jeune homme resté silencieux depuis le début de la scène, en retrait, appelle le neveu pour faire cesser l’incartade entre les deux, je voulais juste être sympa, on ne traite pas les gens comme ça ! le jeune homme le tire par le bras pour l’éloigner de la jeune femme, pour qui elle se prend ? elle est cinglée ! la jeune femme se met à pleurer sans pouvoir s’arrêter et s’enferme dans sa chambre, en larmes, un peu plus tard son père vient la chercher, il lui demande tu as quelqu’un à qui dire au revoir ? elle répond non je ne connais personne ici, et ils s’en vont, quelques minutes plus tard un homme aux cheveux gris mais jeune, portant des lunettes rondes, sort des toilettes et s’étonne de ne plus voir la jeune femme, il demande à l’homme qui est resté sur place où elle est, ce dernier répond qu’il ne sait pas, mais vous étiez ici, vous ne l’avez pas vue partir ? elle est partie avec un homme âgé, lui répond-il finalement, je pense que c’est son père, l’homme comprend que l’homme est venu la chercher en son absence, il s’assoit un court instant à côté de lui, allume une cigarette, vous ne la rattrapez pas ? s’inquiète le jeune homme, non pas maintenant, lui répond l’homme aux cheveux gris avant de sortir.

La mémoire est pour l’un ce que l’histoire est pour l’autre, une impossibilité. Les légendes naissent du besoin de déchiffrer l’indéchiffrable. Les mémoires doivent se contenter de leur délire, de leur dérive.

« Le montage est ce mouvement similaire à l’opération de la pensée humaine (qui effectue aussi une espèce de montage) qui assemble et connecte, délivre des virtualités, mais à condition d’en oublier d’autres. »

« Les images reviennent, mais ce n’est jamais la même part d’eux qui demeure obscure, jamais la même part qui échappe au souvenir pour entamer ce dur et douloureux travail de l’oubli qui, seul, constitue le souvenir sur lequel la pensée existe. Le montage est un outil de l’oubli, parce qu’on ne se souvient que de ce qui a d’abord été oublié (le reste n’est que trace, intravaillée, brute, insignifiante). » [2]

Le neveu et son ami sortent boire un verre, il pleut ce jour-là, ils marchent dans la rue à l’abri sous leurs parapluies, la route est ruisselante, elle brille, il a dit qu’il voulait me remonter le moral, ils fument et discutent ensemble, tu voudrais vivre ici, si tu la retrouvais ? lui demande le neveu, peut-être, mais je ne peux pas espérer une chose que je ne peux pas avoir, c’est juste que c’est une meilleure personne que moi, elle se contente toujours de peu, elle est douce, très douce, je ne suis pas triste, j’espère qu’elle va bien, où qu’elle soit, c’est tout, tu dois la retrouver insiste le neveu, peu importe si je la vois ou non, je sais que je suis là, que je la cherche et que je pense à elle, ils rentrent tous les deux bras dessus bras dessous, éméchés, la pluie a cessé avec la nuit, ils ont fermé leur parapluie, ils sourient, ivres ils marchent en titubant très légèrement, hilaires, c’était une super soirée, il salut le neveu, entre dans sa chambre et trouve un mot écrit sur un petit bout de papier, il faut qu’on parle, j’ai pensé à vous toute la journée, je serai au café après 22h30, si vous voulez me voir comme quelqu’un qui serait plus qu’une amie, venez, je serai seule.

Vous ne dîtes rien ? Parce que je vous la rappelle ?

Il rejoint le café de nuit, elle l’attend assise à la table près de la baie vitrée, ils échangent quelques mots à voix basse avant de s’embrasser.

Le souvenir est le seul paradis dont nous pouvons être chassés. Ce n’est pas toujours vrai. Plus généralement le souvenir est le seul enfer auquel nous sommes condamnés en toute innocence.

Au lit, l’un à côté de l’autre sous les draps blancs, dans la lumière artificielle de la pièce, orangée, tu es tout ce dont j’ai besoin, lui dit-elle entre deux baisers, c’est très difficile de trouver un homme comme toi, je veux t’aimer, lui avoue-t’il en la regardant droit dans les yeux, vraiment, je me sens tout chose, tu m’aimes ? lui demande-t-elle avant de lui répéter encore une fois en souriant sa question à laquelle finit par lui répondre qu’il l’aime, il rentre ensuite chez lui, qu’est-ce que j’ai fait ? se demande-t’il en passant nerveusement sa main dans ses cheveux, je vais rentrer chez moi et elle restera ici, mais qu’est-ce que j’ai fait ? quel imbécile !

Leur temps se construit simplement autour d’eux avec pour seul repère le goût du moment qu’ils vivent et les signes sur les murs. Je me vois dans un corridor orné, jadis, de miroirs dont il ne reste que des fragments. Et au bout de ce corridor, ce sont les ténèbres.

Je suis allé à ton bureau, personne n’avait de numéro où te joindre, mais quelqu’un a dit que tu rentrerais peut-être en septembre, il laisse alors un post-it sur sa porte pour lui dire où il loge, viens me voir si tu peux, ou laisse-moi un message.

Chaque fois que je pense à quelque chose ou que je parle de quelque choses, j’ai l’impression de le voir aussitôt imprimée.

Je t’ai attendue dans le restaurant devant chez toi, tu n’es jamais arrivée, où es-tu ?

Elle l’appelle son spectre, un jour elle semble avoir peur. Un jour elle se penche sur lui. Lui ne sait jamais s’il se dirige vers elle, s’il est dirigé, s’il invente, ou s’il rêve. Des images comment à sourdre, comme des aveux.

Un jour il se met à suivre une jeune femme dans la rue, la jeune femme qui s’était disputée quelques jours plus tôt avec le neveu de la propriétaire.

Un visage de femme.

Il retourne vérifier si son amie est revenue dans son appartement, long couloir désert, elle n’est pas là, il est déçu, je ne veux plus revenir ici désormais, j’ai la nausée, avoue-t-il, elle ne sait même pas que je suis là, il ressort désemparé.

Quelquefois il retrouve un jour de bonheur mais différent. Un visage. Un visage de bonheur mais différent. Des ruines. Une fille qui pourrait être celle qu’il cherche, il la croise sur la jetée.

Il retourne chez la serveuse, tu as eu du mal à trouver ? non, ça été, j’ai bien mémorisé le chemin, puis ils s’étreignent tendrement, elle lui prépare un café, il la regarde s’activer en cuisine en se disant qu’il doit éclaircir au plus tôt les choses avec elle, lui décrire la situation telle qu’elle est, être honnête, assis sur le canapé il baisse furtivement la tête, regarde rêveusement le livre qu’il garde sur lui depuis plusieurs jours, je ne lui ferai jamais de mal, mais il couche cependant à nouveau avec elle, il lui conseille après avoir fait l’amour avec elle, si tu rencontres quelqu’un de bien, profite de ta vie, elle comprend ce qu’il veut dire, elle sourit en pensant aux bons moments passés avec lui.

Nudité de la vérité. Les voix se mêlent.

La jeune femme sort du café pour aller fumer une cigarette sur la terrasse, la lettre a été postée il y a une semaine, elle s’assoit sur une chaise métallique, croise les jambes et aspire la fumée de sa cigarette rêveusement, le regard lointain, la serveuse du café revient, elle a été faire des courses, elles se connaissent et discutent ensemble un court moment, la serveuse sait que la jeune femme avait un problème de santé et a dû suivre une cure à la montagne, je vais mieux maintenant, la rassure-t-elle, puis elle se rassoit, tire plusieurs fois sur sa cigarette.

Elle est assise, les yeux dans le vague. À ses côtés la jeune femme évoque ses souvenirs. La femme l’écoute attentive en l’observant à la dérobée. La jeune femme lui parle autant qu’elle se parle à elle-même.

Elle décide finalement de retrouver son ancien compagnon à l’adresse qu’il lui a indiquée sur son mot, mais il n’est pas là, sorti, a laissé son livre sur son lit, elle entre dans la chambre et s’y installe pour l’attendre, c’est à ce moment-là qu’il revient du restaurant où la propriétaire et son neveu viennent de l’inviter pour fêter son départ et son imminent retour chez lui, il ouvre la porte de sa chambre, lsa compagne se tient dans l’encadrement, ils se font face, tu es là s’étonne-t-il, oui je suis là lui répond en écho la femme réjouie, elle lu fait signe d’entrer, il la rejoint et ferme la porte derrière lui.

Je pense à un monde où chaque mémoire pourrait créer sa propre légende. Je suis dans ta tête, je suis en toi. Je suis toi.

Ils repartent ensemble, elle a dit que tout allait bien, désormais, elle est guérie.

Rien ne distingue les souvenirs des autres moments, ce n’est que plus tard qu’ils se font reconnaître à leurs cicatrices.

[1Amnésies : Fictions du cinéma d’après Jean-Luc Godard, Jacques Aumont, P.O.L., 1999.

[2Amnésies : Fictions du cinéma d’après Jean-Luc Godard, Jacques Aumont, P.O.L., 1999.


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