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Journal versatile #3

Je ne me souvenais plus être déjà venu à Metz, c’était il y a sept ans, au mois d’octobre 2009, j’intervenais à la bibliothèque de Nilvange en Moselle pour présenter Publie.net et animer des ateliers d’écriture numérique pour lesquels nous avions créés un blog spécifique sur Tumblr.

En rentrant de cette intervention, je devais faire une halte à Metz pour rentrer sur Paris et j’avais un battement d’une heure ou deux, je savais que la cathédrale méritait le détour du coup je m’y étais rendu à pied, mais j’avais mal évalué le temps pour traverser la ville et revenir à temps prendre mon train, si bien que je l’avais loupé et j’avais été obligé de prendre le suivant, ce qui m’avait fait rentrer très tard chez moi.

Je retrouve ces quelques lignes du journal de l’époque :

En l’absence de tout repère familier, je suis déplacé vers l’exactitude dans le déplacement lui-même. Il existe des choses plissées il faut vivre avec il faut. Retranchement d’une langue qui se soustrait à certaines paroles et absorbe l’horreur sans la supprimer. Cela qui commence à la trace et qui va à l’effacement. Un vide peuplé d’ombres enchevêtrées à des monologues intérieurs. L’effacement lui-même.

Avant de partir à Metz j’ai demandé conseils à Daniel Bourrion qui est de la région, il m’a répondu et a relayé ma question à ses amis Jean-Christophe Diedrich et Olivier Toussaint, qui à eux trois ont publié en 2000 aux éditions Serpenoise, Pose(s) cafés à Metz, qui comme son titre l’indique est un livre sur les cafés messins. Ils m’ont répondu prestement en me prodiguant de très bons conseils. J’avais suivi avec grand intérêt l’été dernier comme il y a deux ans leur périple à travers les États-Unis (On the Route) et l’Australie.

Leurs précieux conseils ont agréablement agrémentés notre court séjour sur Metz et Nancy. Je me permets de citer un court extrait que m’a transmis Jean-Christophe Diedrich sur le prochain livre sur lequel il travaille avec son compère Olivier Toussaint qui n’est autre qu’un guide sur Metz qui devrait sortir dans un peu plus d’un an :

« 10 vérités à savoir sur Metz quand on n’est pas de Metz

Y’a que des militaires et des casernes

Quand Metz est devenue officiellement française au XVIIème siècle, elle est devenue une ville frontière intégrant de fait le système défensif de la monarchie française. Dès lors, Metz défend la France, place forte et donc ville de garnison qui accueillait en moyenne 8 à 10 000 soldats dans ses murs. Jusqu’à la fin des années 1990, prédominait les uniformes kakis dans les rues mais depuis la fin du service militaire et la fermeture de quelques casernes et bases aériennes, le bidasse se fait très rare dans les rues de la ville. On peut le dire avec ou sans nostalgie Metz n’est plus une grande garnison même si les traces de cette présence militaire demeure architecturalement. »

Voici quelques photographies de notre séjour à Metz et à Nancy :



À Metz nous avons visité le Centre Pompidou avec entre autre une magnifique exposition : Un musée imaginé. Et si l’art disparaissait ?

2052. L’art est menacé d’interdiction et l’ombre d’une disparition totale plane... Plus de quatre-vingts œuvres-clés ont pu être sauvegardées au sein d’un musée transnational à l’existence précaire : face au désastre imminent, chacun doit trouver le moyen de préserver pour les générations futures les notions emblématiques véhiculées par l’art, à travers sa mémoire et sa propre expérience. Ce contexte imaginaire constitue le point de départ de cette « exposition d’anticipation » inédite.

Une fiction autour d’œuvres emblématiques de l’art moderne. Des sculptures, peintures, installations, photographies et films de Marcel Duchamp, Lucio Fontana, Dan Graham, Chris Marker, Sigmar Polke, ou encore Cindy Sherman sont réunies et confrontées à l’hypothèse de leur disparition le temps de l’exposition dans une sorte de méta-musée imaginaire. Plus de 90 œuvres présentées dans des sections posant les questions essentielles véhiculées par l’art moderne et contemporain (la transfiguration du banal, le temps-l’espace, l’énigme, etc.). Il revient aux spectateurs d’assurer leur survie par leur mémoire et leur expérience, pour les transmettre aux générations futures et se transformer, à l’instar de la nouvelle de Bradbury, en hommes-livres (ici en hommes-œuvres). Pour en garder la trace, des enregistrements sonores, des photographies, pictogrammes et performances imaginés par des artistes sont placés tout au long du parcours et proposent des solutions mnémotechniques.

Une exposition originale et inédite qui incite le spectateur à ne pas être simplement passif devant les œuvres, mais à les intégrer pour mieux pouvoir les restituer.

Je vois un signe dans la présence de deux œuvres qui me sont chères et qui étaient étrangement installées de part et d’autre d’un même mur, dans deux espaces de l’espace d’exposition : le film de Chris Marker, La Jetée et la photographie de Jeff Wall, Odradek. Deux œuvres que j’ai pour ma part retenues si je devais les mémoriser pour les transmettre et les partager avec les générations futures. Ce que j’ai d’ailleurs commencé à faire sur place en en parlant avec mes filles.

À Nancy nous avons été visiter l’exposition du Musée des Beaux-arts, sur la splendide Place Stanislas, consacrée à Émile Friant.

Émile Friant commence sa formation à l’École des Beaux-Arts de Nancy et expose dès l’âge de quinze ans au Salon local. Il poursuit ses études à Paris dans l’atelier du peintre Alexandre Cabanel et devient à vingt ans second prix de Rome.
Peintre naturaliste, Émile Friant réalise essentiellement des portraits et des scènes de la vie quotidienne. Ses toiles puisent leur caractère instantané dans le procédé photographique. Après le succès de l’Exposition universelle de 1889, qui le couronne d’une médaille d’or pour son impressionnant tableau La Toussaint, le peintre reçoit de nombreuses commandes de portraits de personnalités nancéiennes et américaines.

« J’ai toujours senti dans certains tableaux de Friant, écrit Philippe Claudel dans son roman Au revoir Monsieur Friant, paru en 2016 aux éditions Stock, dans ceux des jeunes années, une sorte de défi au monde, de hurlement, comme s’il avait livré en peu d’espace une part de lui que les autres ne soupçonnaient qu’à grand-peine. Comme s’il avait voulu jeter à la gueule de tous des paquets de chair. »

Les collections du Musée des Beaux-Arts de Nancy sont tout à fait remarquables. Même les œuvres contemporaines retiennent l’attention du visiteur. Parmi elles notamment l’installation Infinity mirror Rom, Fireflies on the water, de Yayoi Kusama.



On retrouve les motifs peuplant de façon obsessionnelle l’œuvre de l’artiste japonaise : les myriades de pois colorés, des miroirs qui se répètent et se répondent à l’infini.

On ne peut pas partir, on traîne tant de choses qu’on croit voir derrière soi. Il faut aller chercher ce dont on a besoin pour faire, chercher auprès de ceux qui savent. Associations de fragments où par le biais de menus multiples il est possible d’emprunter des parcours différents. Entre marge et présence. Il existe des résonances communes, des correspondances entre ceux qui vivent dans le même univers. [1]

[1ASLEEP FROM DAY, Samedi 31 octobre 2009


LIMINAIRE le 29/03/2024 : un site composé, rédigé et publié par Pierre Ménard avec SPIP depuis 2004. Dépôt légal BNF : ISSN 2267-1153
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