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A Suite Of Poems, par Lars Saabye Christensen, Ketil Bjornstad et Anne Lidrecker

A Suite Of Poems : Un voyage en poésie dans des chambres d’hôtel. Poèmes de Lars Saabye Christensen mis en musique par Ketil Bjornstad et chantés par Anne Lidrecker.

En Scandinavie, Lars Saabye Christensen est un des écrivains contemporains les plus adulé et prolifique. Né à Oslo comme le pianiste Ketil Bjørnstad, les deux artistes se sont connus lors de leur adolescence.

Depuis plusieurs années, au fil de ses voyages, Lars Saabye Christensen envoie des poèmes d’hôtel à son ami Ketil Bjørnstad, l’invitant à les mettre en musique.

Des textes qui évoquent les Notes d’hôtel, de Louis-François Delisse : carnet de voyage d’impressions diffuses, ensemble d’instantanés variés, suite discontinue de kodachromes, loin des clichés, qui joue par association d’images reçues.

Dans l’album Hotel, de Moby, le disque est accompagné d’un essai où le musicien s’exprime sur l’anonymat et la stérilité des chambres d’hôtel, dont toutes les pièces finissent par devenir impersonnelles à la fin, malgré notre présence. Les impressions du pianiste et compositeur norvégien Ketil Bjørnstad pour l’album A Suite of Poems s’accompagnent d’une vision moins négative de ces chambres d’hôtel souvent anonymes et uniformes : « Terje Rydpal (Le guitariste de jazz) m’a appris à défaire la valise immédiatement après mon arrivée dans un nouvel hôtel. Le savon à raser et le lecteur CD portable doivent être visibles et faciles à utiliser. Les livres et les registres doivent être placés sur la table de nuit. En suivant cette méthode, chaque hôtel que j’ai visité est devenu un ami : Un endroit où travailler, écrire, se reposer et faire des projets. Le plus important, c’est que les chambres d’hôtel m’ont appris à être seul. »

Pour ce enregistrements, le pianiste a travaillé de manière très intimiste avec la chanteuse et actrice Anneli Drecker, l’ancienne chanteuse du groupe pop Bel Canto.

Kempinski, Berlin

You stick that flat key into the door
like a golden card in a cash machine
but the room is empty, no cash here
only debt : smal dreams left behinf
dreamt by guests who stayed here
yesterday or many years ago
you see their faces in the mirror
a broken gallery
and later, lying on the same bed
in the white, impatient light
of a dead television
you know that you ccan’t change these dreams
into anything but the blue currency
of another restless night
the heavy coins of insomnia : not valid

when you leave
the next morning, you leave your
last memory behind
and the suitcase will carry you

Tu mets cette clé plate dans la porte
comme une carte bleue dans un distributeur de billets
mais la chambre est vide, pas d’argent ici.
seulement la dette : de petits rêves laissés pour compte
rêvés par les invités qui ont séjourné ici
hier ou il y a de nombreuses années
tu vois leurs visages dans le miroir
une galerie brisée
et plus tard, allongé sur le même lit
dans la lumière blanche, impatiente
d’une télévision morte
tu sais que tu ne peux pas changer ces rêves
autrement qu’en monnaie bleue
d’une autre nuit agitée
les grosses pièces de monnaie de l’insomnie : non valide

quand tu pars
le lendemain matin, tu laisses ton
dernier souvenir derrière toi
et la valise te transportera

Duxton, Melbourne

the sky rolls in from the sea
like blue timber
I am almost awake, lost
between dreams and departures
time is not on my side
time is behind me I wear a watch
on both wrists but do not know
where to look when the sun
drives down the wrong lane
and makes shadows fall from my hands
like stange moments
the water runs backwards
even the bible in the drawer
begins with the end
and the bridge, an empty calendar
pinned to a wall of wind

I will buy a postcard
I will write to you tomorrow
meet me tonight
under the eucalyptus tree
which blossoms like an old child
at the end of August avenue

le ciel arrive de la mer
comme du bois bleu
Je suis presque réveillé, perdu
entre rêves et départs
le temps n’est pas de mon côté
le temps est derrière moi, je porte une montre
sur les deux poignets mais je ne sais pas
où regarder quand le soleil
roule sur la mauvaise voie
et fait tomber les ombres de mes mains
comme d’étranges instants
l’eau coule à l’envers
même la bible dans le tiroir
commence par la fin
et le pont, un calendrier vide
épinglé à un mur de vent

Je vais acheter une carte postale
Je t’écrirai demain
retrouvez-moi ce soir
sous l’eucalyptus
qui s’épanouit comme un vieil enfant
à la fin du mois d’août


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