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Le monde réel et un point de vue sur lui

Avancer dans le noir. Le bleu, le rouge, le jaune. Pour la plupart d’entre eux c’est un travail en bordure. Il suffit d’avancer. Le noir se détache du noir. Le chemin s’arrête dans le regard.

La couleur participe pleinement à construire la ville, car elle permet en effet de travailler à réaliser de la diversité, de la singularité, mais aussi des rapprochements et des ressemblances. Le point qui figure la marge. Les couleurs sont enfermées. Sans mémoire de l’emplacement. L’inertie des choses épuise l’émotion.

Tracer au sol des lignes colorées, ce serait se servir de la géométrie et des couleurs pour célébrer le bien-être. Et redéfinir ainsi, de façon ludique, la tradition du Land Art. Inscrire cette démarche dans l’espace public, sur des architectures et dans la ville, qui deviennent de cette manière les supports des interventions, s’intégrant parfaitement aux espaces urbains et ruraux. Mêler deux choses dans les œuvres : le monde réel et un point de vue sur lui.

La couleur insiste, même si je ferme les yeux et les oreilles. Quand nous sommes supposés toucher les œuvres, nous asseoir dessus ou dormir à l’intérieur, cela devient plus facile de participer. C’est donc une stratégie du premier pas. Oui, ce qu’on peut appeler un autre temps, une autre vie, chaque époque dévorant la précédente, si bien que ce n’est pas le temps qui nous tue mais nous qui, incarnant le temps, ne cessons de nous dévorer nous-même, à chaque instant.

Il faudrait composer subtilement avec les normes et les codes établis. On ajouterait des excroissances aux bâtiments comme des escaliers impraticables ou des structures gonflables envahissantes, occupant des espaces inexploités comme les arches d’un pont et les toits sur lesquels on pourrait installer des hôtels pour y dormir à la belle étoile, ou peindre des routes entières. Autant d’œuvres marquantes qui créeraient de nouveaux paysages et proposeraient des points de vues inédits sur nos villes.

On n’y tend pas, on le découvre en soi. L’harmonie des sons, l’éclat des couleurs, la plasticité des formes. Dans les villes où l’utilisation des couleurs est normée, c’est faire exploser tous les codes et proposer une extension colorée, poétique et utopique de l’espace public. Mais cela se passe également dans la nature, sur les feuilles des arbres, des taches de couleurs vives, des formes bariolées dessinées sur les étendues d’herbes, dans nos parcs ou nos jardins.

Avec les jeux de la couleur, des formes et de la lumière, la ville prend un sens supplémentaire, qui ajoute une autre dimension à la seule présence matérielle de sa structure, de ses formes. Il suffit qu’un rayon de soleil frappe mes yeux de sa beauté et qu’il éclaire mon esprit et fortifie mon cœur, pour que je devienne unique et sans égal par ma sagesse et ma vaillance.

En anglais il y a une expression pour dire faire la fête : Paint the Town in Red. Peindre la ville en rouge. Lutter contre la monotonie, la grisaille de nos villes, en disposant une série de formes géométriques peintes avec des couleurs vives directement sur l’asphalte des rues ou des routes.

Série photographique sur Street Painting #4, l’œuvre de Lang & Baumann, Place Martin Nadaud, Paris 20e




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