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Atelier d’écriture en ligne : écriture et photographie #4

Approche :

D’abord les textes :

Ce que l’on voit, ce que l’on perçoit en marchant, dans ce mouvement ambulatoire, cette déambulation parole errante, dire le flot des passants, les mots courant sous le flux des images. Dans le texte de Guillaume Fayard, Sombre les détails, la ville défile sous nos yeux par à-coups, brusques déplacements en fragments décousus, dans ce décor citadin si discontinu, petits bouts par petits bouts, c’est un détail, à partir de là une suite d’émotions, d’échos fugitifs, et de corps fuyants, une partie seulement, déjà un peu plus loin.

Dans Traité du délassement, David Christoffel achète un carnet et s’attache à décrire une situation, un mouvement inscrit dans l’espace et le temps, par exemple en suivant des inconnus dans la rue, à leur insu, en notant leurs déplacements, pour le plaisir de les suivre et non parce qu’ils l’intéressent particulièrement. Cette recherche est suscitée par le désir où le point de vue fixe le jeu, l’aventure et non le simple récit de la filature. Un puzzle à recomposer afin d’en recréer l’unité, traduire l’interrogation de décrire un événement en le suivant à distance, et la cohérence de cet imposant work in progress. Un art de la situation.

Extraits :

« Kilomètres de conversation Rue fraîche Fraîche insensiblement

On entre Ça siffle un peu Beaucoup de Vert d’un parc, mais

Sombre


Semelles de Circonstances Colle Bande passante vite Puces

matière pied levé, arc


Le journal perd, d’articles Parsème Nous allons

rater Maculés, et

Saisies Revenir en drap, et

Assombris, là Lover imparfaitement, encore

et Écouter, ce qui


Coquilles

Inquiète, rapide Toute phrase Image


Alternent, visibles


Trébuche Une rue cadre une Agitation sur Bande, passante

de files de voitures de bruits de passages de »


Sombre les détails , Guillaume Fayard, Le Quartanier, 2005


l’interception de l’appel, ma première, avait des thématiques, s’y remettait, y revenait, s’y plombait : écrasant, en éprouvant la nécessité : les espoirs connus désespérés, excitants cependant, du protocole : un appel à l’heure, peut-être plusieurs. Il a parlé de flux, contrarié le dimanche, organisé pour le contrarié. J’agis donc en journaliste, me demandant si ma station scribouillarde devant la cabine ne fait pas : empêchement de tout-venant, décrochant les appels. P.A. m’est trop peu incon connu juste assez peu connu (=juste assez) »

Traité du délassement , David Christoffel, Éditions revue Hapax, 2007.


Proposition d’écriture :

Dans le mouvement déambulatoire de la marche, décrire ce que l’on voit, ce que l’on perçoit, le flot des passants, la foule des mots courant sous le flux des images, la ville défilant sous nos yeux par à-coups, brusques déplacements en fragments décousus, dans ce décor discontinu, une suite d’émotions, d’échos fugitifs, et de corps fuyants. Et dans cette avancée, ce que l’on sait d’avance, saisis d’office, dans un même temps ce que l’on ressent, pensées et situations parallèles, ce qui me regarde en paysages simultanés.

Photographie de William Weggleston

Proposition travail photographique :

Dans Suite vénitienne, l’artiste française Sophie Calle suit un étranger jusqu’à Venise puis dans les rue de cette ville. Se glissant dans la peau d’un détective privé, elle talonne de près l’inconnu et s’implique de plus en plus affectivement dans l’affaire. Dans La Filature, le jeu s’inverse et c’est l’artiste qui est suivie, cette fois par un véritable détective embauché à sa demande par sa propre mère : il doit la pister dans Paris une journée entière et remettre un rapport circonstancié de son emploi du temps, étayé par des photographies. Dans les deux œuvres on retrouve un inventaire détaillé des faits et gestes de la personne - inventaire dressé, respectivement, par l’artiste et par le détective - ainsi qu’un moment où tout se croise.

Une silhouette entraperçue dans la rue, une personne qu’on croise et qui retient notre attention, attire notre regard, à partir de cette rencontre fugace qui lance l’action, réaliser une série de photographies sur le thème de la filature. La première et la dernière photo doivent être celles de la personne que vous décidez de suivre dans la rue. Ensuite, prenez en photo tout ce que vous voyez en veillant bien à alterner les plans rapprochés, serrés sur les détails du sol, des devantures, et les plans larges de tout ce que vous croiseriez dans la rue pendant votre filature. N’hésitez pas à prendre beaucoup de photographies : une dizaine au moins.

Il Il y a deux manières d’appréhender le mouvement en photographie, soit se battre contre lui (en essayant de figer l’action), soit l’accompagner. Il existe de nombreuses manières de donner une impression de mouvement dans vos photos :

  • La technique du filé (un bon moyen de véhiculer l’impression de vitesse et de mouvement dans vos photos), pour cela il faut choisir une vitesse d’obturation assez lente.
  • La pose longue (pose qu’on a l’habitude d’utiliser de nuit permet d’étonnants résultats dans la lumière de la journée), en l’associant avec une vitesse d’obturation lente, une ouverture plus petite (f/11 par exemple) et la sensibilité ISO minimum.
  • La technique de l’explozoom permet de donner du mouvement à l’image même si tous les sujets sont immobiles. Pour cela il suffit de zoomer ou dézoomer tout en déclenchant.
  • Pour vous aider dans votre approche créative, quelques œuvres sur ce thème.




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