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Voyage à Naples (4ème jour)

Tentative un peu désespérée ce matin de trouver un bateau qui nous mène à Capri depuis l’embarcadère de Mergellina qui se trouve près de l’endroit où nous habitons cette semaine à Naples.

Sur place, le soleil inonde l’embarcadère, mais aucun navire ne partira d’ici en ce lundi de pâques tous les stands sont fermés. Nous reportons notre croisière à plus tard. En remontant l’embarcadère, je vois cette barque qui me rappelle que plusieurs scènes du film Plein soleil de René Clément avec Alain Delon et Maurice Ronet ont été tournée dans le Golfe de Naples et depuis cet embarcadère de Mergellina.

Changeant nos plans, nous reprenons le train à la Gare de Mergellina en direction de Capodimonte, quartier de Naples qui s’étend au nord des murailles de la ville.

Passant devant la porte de San Gennaro qui, après l’extension des murs de la ville au milieu du XVème siécle, a été reconstruite à son emplacement actuel, nous traversons la très passante Via Foria pour rejoindre en face la Via Crocette qui se prolonge en Via dei Vergini, où les restes d’un marché jonchent encore le sol humide.

Le Palazzo dello Spagnollo, de l’architecte Ferdinando Sanfelice, se caractérise surtout par son exceptionnel double escalier interne dit en ad ali di falco « à ailes de faucon » dont le principe était de créer une sorte de lieu de rencontre dans lequel devait se dérouler une atmosphère de vraie convivialité.

L’intérieur et l’extérieur sont richement décorés de stucs de style rococo-baroque, réalisés vers 1740, par Aniello Prezioso, sur une esquisse de Francesco Attanasio. Les portes d’accès aux appartements sont surmontées par des médaillons en stuc encadrant différents portraits de personnages.

Le second et le troisième étage ont été attribués au siège du musée de Totò.

Le dernier étage du bâtiment, la vue depuis l’escalier permet de découvrir les relations entre les terrasses sur les toits des immeubles, des escaliers les reliant entre deux fenêtres à des étages. J’imagine toujours en voyant de tels dédales, des liaisons inédites entre les appartements, des passages secrets, des traversées étonnantes, tout un parcours sinueux entre les maisons, les étages, les quartiers, au-dessus de la ville.

Sur de nombreuses photographies, les parois de l’escalier sont orange, aujourd’hui ce n’est plus le cas, ses murs sont beiges et les bordures peintes en vert.

Nous retrouvons dans la très pauvre Via Santa Maria Antesaecula un oratoire à la Madonne dell’Arco qui semble très populaire à Naples.

Dans l’église Santa Maria della Sanità, le maître autel de l’église a été surélevé pour que rendre visible l’espace qui sert de vestibule à l’entrée des catacombes de San Gaudioso. Le quartier est voué aux sépultures et au culte des morts depuis très longtemps.

Je garde un souvenir très fort de la scène du film Voyage en Italie de Roberto Rossellini, où la touriste qu’incarne Ingrid Bergman se rend dans le cimetière souterrain de la Via Fontanelle, dont les grandes cavités taillées dans la roche de la colline de Materdei servaient déjà d’ossuaires lorsqu’on décida d’y faire reposer les milliers de victimes de l’épidémie de choléra de 1836.

Encore un escalier, et pas des moindres, celui qui mène au Parc de Capodimonte.

Contrairement à ce que nous imaginions, ce n’est pas le Musée Capodimonte qui est fermé en ce lundi de Pâques mais le Parc, l’endroit dans lequel nous souhaitions justement nous reposer un peu de la trépidante Naples.

De très belles peintures dans ce Musée. Une Pietà d’Annibale Carrache inspirée de l’œuvre de Michel-Ange. Danaé, chef-d’œuvre de Titien où le Dieu mythologique Zeus se transforme en pluie d’or pour séduire la fille du roi d’Argos. La crucifixion de Masaccio dont l’intensité émotionnelle des visages et des gestes souligne l’aspect dramatique de la scène. La Flagellation du Christ, de Caravage, où le Christ éclairé est placé au centre, sa lumière se propage sur ses trois bourreaux aux chairs foncées et très faiblement sur la colonne que l’on distingue à peine derrière, en haut, et en bas, sur son embase, le tout dans un huis clos appuyé par son ténébrisme. La Parabole des aveugles, de Pieter Bruegel l’Ancien : La scène, subtil mélange de ridicule et d’effroi, rend l’inexorable de la chute par la subtile gradation de sa représentation. Le Portrait de Luca Pacioli par Jacopo de’ Barbari, dont Alice se souvient l’avoir analysée en cours. Ou bien encore la magnifique et troublante Antea, une peinture à huile sur toile, de Parmigianino.

Une curiosité également, un salon de porcelaine de Maria Amalia, une pièce construite entre 1757 et 1759 pour le Palais royal de Portici, puis démontée et transférée dans ce Musée.

Les murs et le plafond du salon sont tapissés d’environ 3000 morceaux de porcelaine de Capidomonte.

En rentrant à pied jusqu’à chez nous, la perspective d’une ruelle du quartier Spagnolo, depuis la Via Toledo, pleine d’une foule sortie dont ne sait où, soudaine et que l’on voudrait fuir, nous invite à nous perdre et trouver d’autres points de rencontre, comme ceux que l’escalier du Palazzo dello Spagnollo, nous ont fait découvrir ce matin.


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