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Ateliers d’écriture à Sciences Po Paris #7

Une série de douze ateliers d’écriture durant le premier semestre 2011/2012 des étudiants en deuxième année de Sciences Po, ayant pour but de procéder à l’écriture collective d’un récit numérique géolocalisé à partir des images de Google Street View sur Google Documents et sur le blog Le tour du jour en 80 mondes.

Google Street View est un révélateur de notre expérience du monde et de notre rapport au temps et en particulier, de la paradoxale tension entre notre indiffère,ce quotidienne aux choses qui nous entoure et notre incessante recherche de connexion et d’interaction. C’est l’occasion de porter sur Google et le monde qu’il dessine, un nécessaire regard critique, une analyse de la représentation du monde que nous proposent Google Maps, Google earth et Google Street View.

Les photographies

Œuvres photographiques complètes. Cette liste, établie initialement le 17 avril 1996 et complétée le 31 décembre 2003, peut parfaitement remplacer les photographies réelles, aussi bien pour des questions de commodité pratique — encombrement, poids — que pour des préférences de lecture.

Depuis plus de vingt ans, Laurent Septier, artiste, prend en effet des photographies en noir et blanc, en format 6 x 6, et particulièrement en Chine.

À des fins de classement des ses images, il a été amené à en faire une liste comprenant une numérotation accompagnée d’une brève description pour mémoire. Pour qu’elle soit plus homogène et simplement pratique, il a limité chaque description à une seule ligne de texte : il avait ainsi une liste constituée de l’année de prise de vue, d’un numéro, d’une ligne par photographie, le tout étant rangé par chapitres correspondant aux titres qu’il donnait alors à des séries de 30 à 40 photographies.

Textes et images des participants 2012 :

Quantité négligeable

Photographies avortées

Ce qu’il n’est pas

On ne nous dit pas tout

Virtualité

L’attente est longue

Zoom arrière

Balade le long des lignes jaunes

Impression soleil couchant

Enseignes - Signalétique - Décors adhésifs

Textes et images des participants 2011 à retrouver entre photos fantômes et Balade numérique

« Au fur et à mesure des années, précise l’artiste, je me suis aperçu qu’il m’arrivait de lire cette liste pour elle-même et que je m’amusais, à partir du texte, à essayer de retrouver de mémoire tel ou tel détail d’une image.

J’ai fini par enlever les chapitres, les dates et les numéros : reste, dans l’ordre initial, l’ensemble de ces descriptions qui forme comme une litanie. »

Toute photographie est forcément pour l’artiste, par son processus et son dispositif mêmes, un document, mais ce n’est pas cela, l’important. L’important, pour Laurent Septier est de reposer le problème du photographiable, car c’est un problème sans cesse renouvelé. Ses images y sont une réponse tout autant qu’une nouvelle question.

Œuvres photographiques complètes, Laurent Septier, contrat maint, 2010.

Extrait :

Tracé lumineux d’un projecteur au-dessus d’une foule, la nuit. Porte d’entrée de l’Hôtel Bristol (vers la Gare du Nord, Paris), de nuit. Jeune fille blonde aux cheveux longs bouclés et seins pointus, de profil. La même jeune fille, ¾ face, tenant une assiette, les yeux baissés. Deux portes entr’ouvertes symétriquement, axe décalé vers la gauche. Grille d’entrée de jardin entre deux poteaux carrés en ciment. Arbres flous derrière un grillage flou, le tout vu de la route. Grande porte d’entrée ouvragée d’un parc public parisien. Vue d’un jardin public : cahute ombragée et premier plan de rochers. Homme accoudé, avec col et poignets blancs. Jeune femme marchant entre des rochers. Femme et deux enfants avec robe à fleurs, de dos et petite fille criant, de face. Jeune mariée à l’air étonnée et femme à lunettes noires sur fond de grilles.

Œuvres photographiques complètes, Laurent Septier, contrat maint, 2010.

Extrait :

Vélos et tricycle devant une porte en demi-lune. Tas de sable et échafaudage en bambou. Fenêtre dans un mur de briques ; on y aperçoit un coiffeur au travail. Petite île avec portail blanc et personnages se photographiant. Tas de briques à l’ombre. Spectacle de nuit dans un bâtiment de plein air. Bordure de plage avec colline au fond et personnage marchant. Palmier et cahutes éclairées, la nuit. Table floue au premier plan. Bord de mer avec nombreux rochers dans l’eau, colline au fond. Petite île avec bateau échoué, vue de loin. Chemin parmi les palmiers, personnage en vélo au loin. Oies pataugeant dans une flaque d’eau, sous les palmiers. Vagues sur le bord de la plage. Poissons séchant au soleil, sur les rails d’une gare. Tables, calendrier avec portrait de femme au mur. Reflet sur une table. Rizière et paysage de campagne. Table et chaise dans une pièce sombre ; fenêtre à barreaux derrière. Sous-bois avec une petite construction de pierre, en ruines. Mitrailleuse dans une vitrine doublée de soie damassée. Arrière de voiture derrière une cloison, devant une fenêtre à carreaux. Texte en caractères et photos dont une de Mao, dans un panneau vitré. Parc public ombragé : chemin et escalier menant à un pavillon. Stèle en caractères sur fond noir, sous verre, incrustée dans un mur. Toits à petites tuiles, pris en hauteur. Personnages au milieu. Escalier en bois menant à un palier très éclairé ; porte ouvragée au fond. Allée inondée menant à un bâtiment ; motocycliste se retournant. Rond-point avec de nombreux poteaux. Cyclistes roulant. Pont en dos d’âne vu latéralement ; chaise à porteur sur le chemin. Escalier au soleil menant à une stèle ombragée, devant un écran.

Œuvres photographiques complètes, Laurent Septier, contrat maint, 2010.

Proposition de travail :

Se promener sur Google Street View dans le quartier de Sciences Po, ses rues, ses ruelles et bien observer, pendant l’heure qu’on y consacre à prendre des photographies (sans appareil photo), tout ce qu’on y voit de banals ou d’insolite, ce que l’on ressent à cette promenade virtuelle, ce à quoi l’on pense et où l’on se situe dans cette ville qu’on découvre, par rapport à celle qu’on connaît, qu’on traverse chaque jour pour venir travailler, qu’on arpente au quotidien.

Les photographies que l’on prend de son parcours dans la ville numérique sur Google Street View , des captures d’écran en fait, les sauvegarder pour les diffuser sur La Tour du jour en 80 mondes, au rythme de ses découvertes, tout au long de l’atelier.

À l’issue de ce travail, établir une liste de toutes photographies que l’on a pas prises lors de sa déambulation et les décrire en limitant sa description à une seule ligne de texte, pour les garder dans la boîte noire de notre mémoire. L’ensemble de ces descriptions doit former une espèce de litanie spéculaire.


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