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Séance 323

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

À partir de blocs de prose rigoureusement cadrés, utilisant les mots les plus courants, inventer une syntaxe précipitée à la ponctuation allégée. Écrire des poèmes court-circuités et des réminiscences cinématographiques (fragments de dialogue, descriptions stylisées, situations découpées) sans chercher à faire sens mais en imposant un rythme élancé, empruntant au cinéma et au rock une vitesse narrative interrompue, qui cumule énergie et désir. Voix, mêlées et juxtaposées, parlant du désir de parler et de s’incarner dans le visible

comment ça je dis pas dors, Caroline Dubois, P.O.L., 2009.

Présentation du texte :

Un « je » et ses masques, écrit Anne Malaprade sur le site Poezibao : entre autres Ada, de La Leçon de piano, et Madame Muir, dont le visage a été incarné par la fascinante Gene Tierney dans L’Aventure de Madame Muir, interviennent dans le cadre du texte et dessinent quelques silhouettes ultra féminines dont les voix, mêlées et juxtaposées, parlent du désir de parler et de s’incarner dans le visible, jusque dans le dessin du verbe. La voix chantée de Marianne Faithfull interprétant The Ballad of Lucy Jordan constitue une autre basse continue, tandis que les références musicales finales sont contenues dans l’affirmation réitérée « c’est punk ». Or ce « je » féminin n’hésite pas à aller voir du côté des hommes : ces derniers, fantômes (Rex Harrison) ou cow-boys (Machin alias John Wayne), traversent le texte sans raccord et permettent de saisir « le pur instant détour de qualité qui n’arrête pas d’être sur le point de venir ». Lorsque le moi « vrille » et « vacille » surviennent des personnages et des mélodies qui accomplissent l’entrée dans la « légende » — ce qui doit être lu —, et qui placent la vie sous tension accrue. » « Et peu importe que vous soyez voire sans ombre pense le genre humain puisque avec vous j’ai les mêmes bruits du monde extérieur et dans l’oreille et tout ce que j’ai à dire et le timing. » Persuadée qu’il suffit de les énoncer pour que les choses existent, elle décide, le temps d’une parenthèse, de s’inventer une vie sous haute tension en supprimant tous les temps morts pour ne garder que les bascules. Dans sa réserve d’images fictives, elle va chercher les figures légendaires, quelques fragments de discours amoureux, sans oublier les deux ou trois apprentissages nécessaires et suffisants pour lui permettre de hanter plus tard parce que sinon comment ne pas mourir. Quelques petits blocs de prose volontaire pour planter le décor, faire débarquer les hommes et travailler la prise d’élan sauf qu’à trop miser sur le performatif elle se retrouve complètement lessivée avant même que les choses commencent à la fin de l’histoire et dans les bras de papa.

Extrait :

« Il entre par la fenêtre. Mais non vraiment c’est la réalité

vivante il entre par la fenêtre il m’a gagné d’abord

le sommeil puis la réveillée tout entière et rôde

maintenant des jours entiers dans mes pensées.

Et dès qu’il est quatre heures et jusqu’au soir revient me

faire passer de redouter qu’il vienne à vienne mon

revenant me hanter me faire écrire sous sa dictée grâce

à sa fois d’avance sur moi dans le genre humain.

Que je puisse être pour un vent subtil un point d’ancrage

dans le réel est une chose étonnante mais j’ai croisé son

champ d’action délivré son mystère et par mes voies

impénétrables suis passée de son côté du mur.

Et rien ne cloche. Depuis nous sommes tombés d’accord

lui de me prendre à l’essai d’inscrire en moi souvenirs

même en rêve moi d’être sa darling et partager la vie de

ce corps lumineux. »

Auteur :

Caroline Dubois est une poétesse française, née en 1960 à Paris où elle habite et travaille. Elle a également publié dans des anthologies et différentes revues, notamment Territoires, Noir sur Blanc, If, Action poétique, Vacarme, Raddle Moon. Elle a publié de nombreux ouvrages de poésie : comment ça je dis pas dors, P.O.L., 2009. C’est toi le business, P.O.L., 2005. Le rouge c’est chaud, Vacarme, 2004. Niente, Vacarme, 2004. Malécot, Éditions contrat maint, 2003. Summer is ready when you are (avec Françoise Quardon et Jean-Pierre Rehm), Joca Seria, 2002. Pose-moi une question difficile, 2002. Arrête maintenant, éditions l’Attente, 2001. Je veux être physique, Farrago, 2000. La réalité en face/la quoi ? (avec Anne Portugal), Al Dante, 1999.

Liens :

Critique du texte de Caroline Dubois sur le site Poezibao

Un extrait du texte sur le site Pagus-Pagina

Présentation de l’ouvrage sur le site de son éditeur P.O.L.

C’est toi le business, extrait du livre de Caroline Dubois dans la revue Rouge Déclic


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